ALL STAR WRESTLING #109
28/02/1981
Vince McMahon est notre unique hôte et annonce que Pat Patterson ira le rejoindre en cours d’émission. Il nous accueille donc dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie et nous présente la carte de ce programme All Star Wrestling. Comme souvent désormais, nous partons d’abord du côté du Agricultural Hall d’Allentown pour un récent passage de Championship Wrestling.
– Joe McHugh est au microphone et annonce que le prochain segment sera le Cobra Clutch Challenge du Sergent Slaughter. C’est ce soir à l’énergique « Quickdraw » Ricky McGraw de se mesurer au défi du sergent, lui qui jouit d’une immense popularité auprès du public d’Allentown. Tout l’inverse donc, de l’instructeur militaire de Parris Island. Escorté au ring par The Grand Wizard of Wrestling, Sgt. Slaughter est reçu par une pluie de huées et de sifflets, alors qu’une banderole « Gomer Pyle » se déploie dans le public. Ricky s’assoit sur la chaise prévue à cet effet et se laisse alors porter le Cobra Clutch. Celui-ci donne tout, résiste et même à genoux, continue de se battre, encouragé par une foule qui ne rêve que d’une chose, que Slaughter se fasse humilier et paye pour son attitude. La scène est folle et malgré toute sa résilience, McGraw s’évanouit alors que l’arbitre Dick Woehrle fait sonner la cloche. C’est terminé pour Ricky McGraw. En repassant à côté de la table des commentateurs, Slaughter beugle et réitère son invitation en défiant Pat Patterson à se sortir de son Cobra Clutch.
MATCH 1 : BLACK DEMON VS PEDRO MORALES (05:42)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : SQUASH SANS RÉELE SUBSTANCE
De retour au Fieldhouse d’Hamburg et Gary Cappetta s’occupe des présentations. Sur le ring se tient alors l’individu qu’on surnomme Black Demon. Vêtu d’une grenouillère plutôt ridicule et d’un masque de Luchador, ce catcheur originaire de Porto Rico est aussi connu en tant que Don Serrano sur le circuit portoricain et mexicain. Son adversaire le connaît parfaitement et pour cause. Il s’agit de Pedro Morales, compatriote Latino et actuel Champion Intercontinental depuis sa victoire face à Ken Patera au Madison Square Garden.
Les premiers échanges, majoritairement au sol, sont plutôt scolaires et rien de bien excitant n’en ressort. Morales s’accroche à l’épaule du Demon et maintient son emprise avec une certaine hargne. Depuis son retour en cours d’année 1980, Morales est sans cesse relégué à ce genre de matches qui se ressemblent tous. Le Demon est d’une inefficacité relative mais sait toutefois afficher un mordant qu’on ne lui connaissait pas, ce qui semble plaire à Pedro et son amour du catch à l’ancienne. Celui-ci sait répondre avec de gros coups de poing qui sèchent le Black Demon. Portant une clé de tête à Morales, ce dernier est soulevé puis écrasé en brise-dos, porté à la manière du grand Billy Robinson. Le Champion Intercontinental l’emporte ensuite en lui faisant jeter l’éponge avec son Boston Crab.
– Vince McMahon est en ringside et accueille ce soir l’une des dernières signatures de la World Wrestling Federation. Visiblement managé par l’infâme Grand Wizard of Wrestling, on le surnomme « The Magnificent » Don Muraco. Transpirant l’arrogance, celui-ci affiche haut et fort son dégoût pour cette région des États-Unis. Utilisant son bagage culturel, Muraco admet être venu sur ce territoire pour défier le Champion Backlund. Don Muraco nous offre ici une belle première petite promo et semble regorger d’intensité, ce qui s’annonce plutôt positif pour la suite des choses.
MATCH 2 : « THE MAGNIFICENT » DON MURACO W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS ANGELO GOMEZ (03:41)
VAINQUEUR : DON MURACO
PRISE DE FINITION : THUMB TO THE THROAT
APPRÉCIATION : MURACO FIT FORTE IMPRESSION
Originaire de Sunset Beach sur l’île d’Hawaï, Don Muraco se tient désormais sur le ring d’Hamburg et s’apprête à combattre dans son premier match sur cette antenne. Opposé à Angelo Gomez, Muraco possède déjà une solide expérience entre les cordes. « The Magnificent One » a en effet appris le catch sur les rings des territoires de l’Ouest et de l’AWA de Vergne Gagne au début des années 70. Faisant ensuite sensation en Floride, Muraco fut l’un des premiers à retourner la célèbre Figure Four Leglock de Jack Brisco. Fraîchement signé sur ce territoire, Don Muraco pourrait tout à fait être le prochain grand nom de la promotion.
Disposant d’une silhouette élancée, Muraco possède toutefois une carrure plutôt robuste. Son catch est aussi fluide que méthodique et introduit au public d’Hamburg certaines prises qu’on ne voyait pas ici. On note à cet égard son Russian Leg Sweep ou encore son Rolling Neck Snap, prise qui sera ensuite popularisée par Curt Hennig à la fin de la décennie. Son challenger du soir ne lui oppose aucune forme de résistance, il s’agit d’une démonstration pour Muraco. Il l’emporte ici en enfonçant son pouce dans la gorge de son adversaire, un acte aussi détestable qu’illégal. Muraco ira rencontrer un franc succès en très peu de temps, remportant notamment l’or Intercontinental en milieu d’année 1981. Associé à Mr. Fuji au milieu des années 80, Muraco devient l’une des figures de Tuesday Night Titans, s’illustrant dans des segments aujourd’hui cultes. Toutefois, c’est de sa rivalité face à Jimmy Snuka que nous gardons un souvenir impérissable. L’affrontant lors d’un match en cage au Madison Square Garden en 1983, nous n’effacerons jamais cette indélébile image du Superfly Splash de Snuka, gravée dans les esprits de tous les fans de catch de cette période.
MATCH 3 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ & THE HANGMAN (13:02)
VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL
PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP
INDICATEUR : ***
« Unpredictable » Johnny Rodz est sur le ring et porte un t-shirt rouge flashy. D’habitude associé à son compère José Estrada, Rodz s’associe pour la première fois ce soir à l’un des poulains de « Classy » Freddie Blassie. Il s’agit de The Hangman, bourreau des rings supposément invaincu dans plusieurs tournois en Europe. Leurs adversaires sont les actuels Champions Tag Team que sont Tony Garea et Rick Martel, qui font leur entrée sous un tonnerre d’acclamations. Ceux-ci sont très populaires et au contraire de Tito Santana et Ivan Putski, nos Champions apparaissent presque toutes les semaines sur ce programme.
Garea commence face à Rodz, un loubard qu’il connaît parfaitement pour l’avoir déjà affronté à plusieurs reprises. D’entrée ce jeu, ce dernier joue la carte de la triche à fond et isole Tony de son partenaire. Jouant avec les nerfs de l’officiel et de Martel, les heels usent et abusent de sales tactiques pour que l’arbitre Gilberto Roman ne notifie pas les tags du québécois. Ce dernier entre enfin après une longue période d’errance pour Garea et fait le ménage. Martel est chaud comme la braise et projette The Hangman dans les quatre coins du ring. Sur une projection, le bourreau s’éclate l’épaule en fonçant tête première dans le poteau, une façon de prendre l’impact qu’on connaît aujourd’hui mais rarissime pour l’époque. On note encore une fois la précision et l’efficacité du catch de Johnny Rodz, omniprésent sur cette rencontre. Celui-ci est sans cesse en mouvement et apporte son lot d’énergie à ce petit match. Match qui dépasse quand même la barre des 10 minutes, bien que le temps réglementaire soit ici d’un quart d’heure comme c’est le cas lors de tous les matches en tag. Rodz et Martel s’échangent de furieux coups de poing et ce dernier prend l’avantage, envoyant tout ce qu’il peut pour coucher Johnny. Rodz titube et s’écroule alors face première contre le tapis du ring. The Hangman est dégagé en contrebas et alors que Garea maintenait l’ordre de son côté, Rodz et Martel enchaînent les séquences devant un public conquis. C’est si rare qu’on doive le préciser mais le public d’Hamburg est plutôt chaud et s’en donne à cœur joie, sans doute ravi que ce match puisse aller plus loin que l’habituel squash. Une projection dans les cordes de Rodz est alors contrée par Martel qui l’enroule dans un magnifique Sunset Flip qui suffit pour le compte de trois. Les Champions Tag Team s’offrent ici une superbe victoire, nous gratifiant surtout d’un très bon match en tag, ce qui est tellement rare pour ne pas être souligné.
MATCH 4 : STAN HANSEN W/FREDDIE BLASSIE VS STEVE KING (03:24)
VAINQUEUR : STAN HANSEN
PRISE DE FINITION : LARIAT
APPRÉCIATION : SQUASH BRUTAL ET CONCIS
On termine cette soirée avec un autre protégé de ce sacré « Classy » Freddie Blassie. Originaire de Borger au Texas, ce cowboy des rings est de retour sur le sol américain après une période passée à terroriser les rings nippons. Stan Hansen a tout du hors-la-loi de Western et se mesure ce soir à Steve King qui, soyons honnêtes, n’a pas la moindre chance.
Et même si King ne gagne jamais dans ce genre de matches, ce jeune garçon se donne toujours les moyens de réussir, comme en témoigne ce début de rencontre. Toutefois, Hansen est une brute épaisse et déboulonne purement et simplement ce pauvre gars. Le cowboy est d’une brutalité rare et l’écrase de tout son poids avec une descente du genou atroce. Un sale coup de coude précède sa fameuse Lariat, dont Steve King n’aurait jamais pu se dégager.
Après nous être éloignés du côté du Texas et de la World Class Championship Wrestling de Dallas, nous sommes donc de retour sur la côte Est en Pennsylvanie. Proposant pour la toute première fois une carte à six matches la semaine dernière, ce All Star Wrestling nous sortit cette fois-ci un programme à quatre combats. Stan Hansen continue son petit bout de route en écrasant des jobbers. J’espère qu’un séjour au long terme est prévu pour Hansen, qui possède tout pour s’afficher comme le trouble-fête par excellence de ce territoire. Pedro Morales n’évolue pas et reste encore et toujours cantonné aux mêmes types de matches. Malgré sa ceinture de Champion Intercontinental, Morales ne semble pas rattaché à un quelconque programme. Attention toutefois à l’arrivée de ce nouveau venu en la personne de Don Muraco, qui pourrait très rapidement se positionner comme un sérieux challenger. Débutant lors de cette émission, Muraco fit forte impression avec son arsenal rodé et son aisance au microphone. Son Cobra Clutch Challenge prenant de l’ampleur, Sgt. Slaughter eut fort à faire avec l’énergique Ricky McGraw. Malgré tous ses efforts, Slaughter eut le dernier mot et nous offrit un segment mémorable. La suite des choses s’annonce d’ores et déjà électrique car les tensions avec Pat Patterson semblent indiquer que ce dernier pourrait relever le défi du sergent. Toutefois, nous portons cette semaine notre attention sur ce Tag match entre nos Champions Tag Team et ce duo composé de Johnny Rodz et de The Hangman. Passant la barre des 10 minutes, ce qui est suffisamment rare, je le répète, pour être souligné de la sorte, ces quatre gars nous aurons offert un superbe match de catch, tout autant prenant que compétitif. Après tout, c’est la raison pour laquelle nous sommes ici, non ?
Nathan Maingneur