CHAMPIONSHIP WRESTLING #44
03/01/1981

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Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes habituels et nous retrouvent dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie pour le premier Championship Wrestling de l’année 1981. Au programme de notre soirée : le grand retour de S.D Jones, la présence du Sgt. Slaughter, de Pedro Morales et plus encore.
Le légendaire Joe McHugh et son timbre de voix inimitable s’enquiert des introductions et nous rappelle que l’heure de catch qui nous sera proposée ce soir est placée sous la juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée aux abords du ring par quelques-uns de ses officiels. Dr. George Zahorian siège toujours en ringside en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront ce soir sont messieurs Mario Savoldi, Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : SGT. SLAUGHTER W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS JIM DUGGAN (06:31)
VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER
PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH
APPRÉCIATION : SUPERBE PERFORMANCE DU SGT. SLAUGHTER
Il n’a pas encore grand chose de ce qui fera de lui l’un des catcheurs les plus apprécié de l’âge d’or du catch nord-américain mais le tout jeune Jim Duggan – âgé de tout juste 27 ans – affiche déjà une plutôt belle carrure. Les sifflets du public se font rapidement entendre lorsqu’entre son antagoniste, accompagné en direction du ring par l’abject Grand Wizard of Wrestling. Archétype même de l’instructeur militaire à grande gueule, le Sgt. Slaughter reçoit un accueil hostile de la foule d’Allentown.
Et ce n’est pas cette altercation fameuse, entre le sergent et un membre du public – cigare au bec et ma foi plutôt showman – qui nous fera dire le contraire. Filmée en gros plan, cette belle échauffourée aura eu le don d’installer une sacrée ambiance. Soit tout ce dont avait besoin le babyface de la rencontre pour briller face au heel détesté. Et ça ne manque pas : lorsque Duggan réponds au sergent avec une grosse manchette, la foule toute entière l’acclame et le soutient. Toutefois, Slaughter frappe comme un sourd et corrige allègrement ce pauvre Duggan, ce qui calme un peu l’atmosphère. Slaughter enchaîne avec une série de marteaux-pilons et l’emporte à la suite de son terrible Cobra Clutch, une prise d’étranglement à peine légale dont personne n’a encore réussi à se sortir.
MATCH 2 : S.D « SPECIAL DELIVERY » JONES VS JOSÉ ESTRADA (06:38)
VAINQUEUR : S.D JONES
PRISE DE FINITION : BRISE-NUQUE
INDICATEUR : ** ¼
Originaire d’Antigua-et-Barbuda dans les Caraïbes, le jeune Conrad Efraim s’est fait repérer dans les salles de musculation par un certain Johnny Rodz. Initié à l’art du catch par le grand Killer Kowalski, Roosevelt Jones a commencé sa carrière aux côtés de Rufus R. Jones du côté des Carolines puis en Tag Team avec Porkchop Cash sur les rings de la Californie. Celui qui s’est par la suite fait connaître sous le nom de S.D Jones n’est pas inconnu des rings de la World Wrestling Federation puisqu’il y fit ses premiers pas en 1974. Ce soir de retour après un bref passage du côté des Jim Crockett Promotions, Jones est reçu par les acclamations de la foule et rencontrait un habitué de ces programmes en la personne de José Estrada.
Dans une forme physique impressionnante, Jones brille face au virevoltant Estrada, le parfait adversaire pour une solide remise en jambes. Les deux hommes ratent une tentative de planchette japonaise mais S.D prends le dessus avec une série de Armdrags qui contraignent Estrada à reprendre son souffle en dehors du ring. Roublard, Estrada s’affirme avec de sales coups de poing et les doigts dans les yeux. Le rythme dans la peau, Jones s’autorise un petit pas de danse et revient en martelant Estrada dans l’un des coins, enchaînant avec un joli saut chassé. Le combat est disputé et les échanges sont fluides, Estrada mettant parfaitement en valeur le catch de Jones. Et la rencontre se termine à la suite d’un contre d’une projection dans les cordes, retournée en un superbe brise-nuque qui suffit pour le compte de trois.
MATCH 3 : « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ VS CHARLIE BROWN (03:05)
VAINQUEUR : JOHNNY RODZ
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : EXCELLENT SQUASH DE JOHNNY RODZ
Légendaire taulier de la Gleason’s Gym de Brooklyn, celui qu’on surnomme « The Unpredictable » en raison de son tempérament orageux se tient sur notre ring et quel plaisir de l’y retrouver. Figure indéboulonnable du catch de ces années là, Johnny Rodz est l’un des catcheurs les plus actifs de cette période. Il fait partie de ce qu’on appelait des « workhorses » c’est à dire des lutteurs qui enchaînaient les matches à une cadence parfois infernale. Il se mesurait ce soir à Charlie Brown, perpétuel jobber de ces émissions.
Comme son nom l’indique, Johnny Rodz est imprévisible et agresse frontalement son adversaire avec un sale coup de poing dans les dents. Dès lors, Johnny déroule un catch méthodique et fait claquer des frappes puissantes et redoutables. Brown reprend du poil de la bête l’espace d’un instant mais Johnny lui enfonce ses doigts dans les yeux et poursuit en l’étranglant vicieusement dans les cordes en enfonçant sa botte dans sa glotte. Il le sèche ensuite avec un méchant coup de coude dans la mâchoire et enchaîne avec une magnifique souplesse arrière. Une descente du coude finit le boulot et offre une victoire – pour une fois et bien méritée – à notre bon vieux Johnny Rodz.
MATCH 4 : KILLER KHAN W/FREDDIE BLASSIE VS STEVE KING (05:19)
VAINQUEUR : KILLER KHAN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : COMME D’HABITUDE AVEC KILLER KHAN
C’est l’une des terreurs de l’année dernière. Sous la houlette de « Classy » Freddie Blassie, Killer Khan a réalisé des débuts fracassants. Toutefois, malgré tout le momentum acquis tout au long de l’année 1980, Khan n’a pas su faire le poids récemment face à Bob Backlund au Madison Square Garden et erre désormais comme perdu dans le désert de Gobi. Annoncé en provenance des steppes reculées de la Mongolie, Khan se faisait ce soir les dents sur Steve King, le Saint-Patrons des jobbers, toujours là pour se prendre une belle déculottée.
Bestial, Khan fonds sur son adversaire et l’agresse de façon sauvage, presque animale. Ce pauvre Steve King ne fait évidemment pas le poids et s’écroule sous la puissance des frappes du japonais. Vicieux, Khan semble aimer faire souffrir son souffre-douleur, toujours à la limite du supportable. King tente désespérément de lui renvoyer de maigres coups d’avant-bras mais Khan ne sent rien du tout. Il l’emporte en un peu plus de cinq minutes grâce à sa double Judo Chop suivie d’une grosse descente du genou en pleine face.
– Au sortir de la victoire de son poulain, Freddie Blassie est interviewé aux abords du ring par Pat Patterson. Au micro du québécois, Blassie invente toute une mythologie sur les supposées joutes de Khan en Mongolie. En arrière-plan, Khan affiche de terrifiantes grimaces, l’écume coulant de sa bouche ouverte. Vantard et vaniteux, Blassie insulte tout le monde et affirme qu’il dépense en trois jours ce que n’importe quel paysan assis dans le public gagne en une année !
MATCH 5 : PEDRO MORALES VS FRANK SAVAGE (05:01)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : TOUJOURS LA MÊME RECETTE AVEC PEDRO MORALES
Tout premier Triple Crown Champion de l’histoire, Pedro Morales est accueilli comme il se doit par le public d’Allentown. Et comme le précise Joe McHugh au micro, il a tout récemment remporté le titre de Champion Intercontinental en terrassant Ken Patera au Madison Square Garden le 8 décembre 1980. Toujours vaillant et prêt à en découdre, le portoricain le plus célèbre de l’histoire du catch professionnel se frottait ce soir à Frank Savage, un grand gaillard qui n’a toutefois aucun lien de parenté avec un certain Macho Man.
Avenant et engageant, Pedro Morales s’impose avec un catch old-school et brut de décoffrage. Et lorsque le portoricain se chauffe, Savage prends la tangente et se réfugie en dehors du ring. Agacé par les manières de son adversaire pétochard, Morales monte en pression – d’autant plus que Savage se contente de techniques trouillardes et craintives. Finalement, Pedro l’attrape par le collet, charge son poing et lui décroche la mâchoire avec une droite du tonnerre avant d’en finir avec son Boston Crab.
MATCH 6 : « THE INCREDIBLE » HULK HOGAN W/FREDDIE BLASSIE VS GEORGE ROSELLO (02:31)
VAINQUEUR : HULK HOGAN
PRISE DE FINITION : THE AXE BOMBER
APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DE LA PART D’HOGAN
De retour sur le sol américain après un séjour intensif passé sur les rings nippons, le grand Hulk Hogan et son manager « Classy » Freddie Blassie concluent ce programme. Recouvert par une ample cape colorée, Hogan présente un physique de colosse et arbore toujours une coudière en cuir noir à l’instar de Stan Hansen, l’un des protégés de la Blassie Army. Hogan s’échauffait ce soir à George Rosello, un jobber aussi frêle que chétif.
Monstre de puissance, Hogan s’impose sans difficultés avec de gros coups qui claquent. Aux commentaires, Vince et Patterson remarquent que les biceps d’Hogan sont plus épais que les cuisses de ce pauvre Rosello. Hogan part pour une souplesse arrière mais il le laisse lourdement retomber d’un air dédaigneux. Atomisé par un énorme coup de coude dans la mâchoire, Rosello se fait décapiter par la Lariat d’un Hogan toujours aussi dominant.
Après une fin d’année 1980 en dents de scie et des programmations un peu erratiques, la World Wrestling Federation revient en force avec une excellente édition de Championship Wrestling, toutefois pas exempt de défauts. S.D Jones est de retour, Hulk Hogan domine toujours autant, Sgt. Slaughter se mesure à Jim Duggan et plus encore !
– Malgré les promesses d’un nouveau Hulk Hogan de retour d’un séjour intensif sur les rings nippons, nous n’avons pas observé une grande différence dans le catch du protégé de Freddie Blassie. Si cela n’enlève rien à sa présence écrasante, il nous tarde maintenant d’en voir plus. Assurément, Hogan a tout pour être le nouveau prétendant à la ceinture de Champion du monde de Bob Backlund. Espérons qu’un grand rôle hollywoodien ne dévie pas sa trajectoire en vue d’en faire une icône culturelle et générationnelle majeure de la pop culture occidentale. Ces quelques lignes sont humblement et respectueusement dédiées à la mémoire d’Hulk Hogan qui nous a quittés le 24 juillet 2025.
– Fièrement annoncé en guise de conclusion du dernier épisode, le retour de S.D Jones dans notre émission a été plus que concluant et nous a offert le meilleur match de la soirée. Ce soir aux prises avec José Estrada – un choix d’adversaire plus que judicieux afin d’embellir la performance de notre cher S.D Jones – celui que l’on surnomme « Special Delivery » est dans une forme physique impressionnante. Voyons ce que la promotion lui réserve pour cette année 1981.
– Le Sgt. Slaughter déchaîne les passions et c’est peu dire ! Ce n’est pas un hasard si ce personnage irascible provoque autant la colère du public. Il incarne en effet l’image d’un instructeur militaire véreux, tortionnaire sur les bords. Pris pour cible par de nouveaux chants le comparant à Gomer Pyle – un personnage de feuilleton télévisé représentant un bidasse un peu gentillet et naïf – (ce qui n’est pas au goût du sergent) Slaughter est en rogne et en veut à la terre entière. En témoigne ce fameux accrochage avec une figure bien connue de nos programmes, une altercation houleuse – mais contrôlée – qui symbolise à merveille ce fabuleux sport-spectacle qu’est le catch professionnel.
Nathan Maingneur