CHAMPIONSHIP WRESTLING #46

CHAMPIONSHIP WRESTLING #46

17/01/1981

Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes habituels et nous accueillent encore une fois dans l’enceinte du Agricultural Hall d’Allentown en Pennsylvanie pour cette nouvelle édition de Championship Wrestling. Au programme de notre soirée – et comme la semaine dernière, nous verrons nos Champions Tag Team ainsi que leurs challengers que sont les Moondogs, mais également Sgt. Slaughter, Stan Hansen et plus encore.

Joe McHugh s’occupe des introductions et nous rappelle que l’heure de catch qui nous est proposée ce soir sera placée sous l’étroite juridiction de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée en ringside par quelque-uns de ses officiels. Dr. George Zahorian siège en compagnie de Mike Mittman, notre gardien de la cloche. Les arbitres qui officieront ce soir sont messieurs Mario Savoldi, Gilberto Roman, Danny Davis et Dick Woehrle.


MATCH 1 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS « THE UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ & JOSÉ ESTRADA (06:35)

VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL

PRISE DE FINITION : SPRINGBOARD SUNSET FLIP

INDICATEUR : ** ½


Voici deux des compétiteurs les plus féroces de la promotion. Originaire de Brooklyn dans l’État de New York, Johnny Rodz est un briscard des rings invétéré qui a même ouvert sa propre école de catch dans la légendaire Gleason’s Gym située sous le pont de Brooklyn. Son partenaire est son comparse de longue date mais aussi l’un de ses élèves en la personne de José Estrada, l’un des catcheurs les plus affutés de ce territoire. Leurs adversaires reçoivent une superbe réaction d’une foule qui les adore. Il s’agit de Tony Garea et de Rick Martel, nos fiers Champions Tag Team qui s’empressent de signer quelques autographes.

Garea et Rodz commencent en se tirant joyeusement la bourre. Johnny frappe le premier avec un sale coup de poing dont Tony ne s’attendait pas. Groggy, le néo-zélandais essuie les plâtres et subit le catch incisif de Rodz et Estrada. Les heels usent et abusent de tricheries en tous genres et isolent Garea de son partenaire qui trépigne d’impatience. Lorsqu’entre enfin le québécois, l’effet de fraîcheur se fait ressentir mais sera de courte durée car lui aussi se mange de plein fouet l’association de Rodz et Estrada. Mais Martel est un battant et serre les dents. Garea entre à nouveau et couche Estrada avec un saut chassé aérien. Les Champions l’emporteront grâce à un magnifique Springboard Sunset Flip de Martel, une manœuvre aussi visuelle que risquée. Mauvais perdants, Estrada et Rodz ont du mal à avaler la pilule et s’en prennent de nouveau à eux. Mais Tony Garea et Rick Martel les bouteront rapidement en dehors du ring – direction les vestiaires !


MATCH 2 : PEDRO MORALES VS « BIG » RON SHAW (04:31)

VAINQUEUR : PEDRO MORALES

PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB

APPRÉCIATION : SQUASH QUELCONQUE DE PEDRO MORALES


Après nos Champions Tag Team, voici le Champion Intercontinental ! C’est toujours un plaisir non-dissimulé de voir les différents titulaires des titres de la promotion dans ces émissions. N’est-ce pas monsieur Backlund ! Accueilli par les acclamations du public, Pedro Morales demeure l’un des lutteurs les plus populaires de cette période. Natif de l’île de Culebra dans l’archipel de Porto-Rico, l’ex-Champion du monde s’échauffait ce soir contre « Big » Ron Shaw, grand gaillard originaire de Philadelphie.

Comme d’habitude – c’est toujours la même formule avec Morales – Pedro s’impose avec un catch authentique et brut de décoffrage. Lorsque Shaw reprends ses esprits en dehors du ring, Pedro le menace – comme d’habitude – de lui sauter dessus depuis la troisième corde. Je crois bien que Pedro n’a plus bondi de où que ce soit depuis un moment. Agacé par la nonchalance et le manque d’engagement de son adversaire – comme lors de tous ses matches – Morales y va avec de grosses frappes qui claquent ainsi qu’avec un énorme brise-dos exécuté façon Billy Robinson. Pedro l’emporte ensuite en un peu moins de cinq minutes avec son Boston Crab qui plie les vertèbres du grand Shaw.


MATCH 3 : SGT. SLAUGHTER W/THE GRAND WIZARD OF WRESTLING VS ANGELO GOMEZ (04:01)

VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER

PRISE DE FINITION : COBRA CLUTCH

APPRÉCIATION : SOLIDE PERFORMANCE DU SGT. SLAUGHTER


Inspiration directe de G.I Joe et sans doute aussi de Stanley Kubrick pour son légendaire Full Metal Jacket, sorti en salles en 1987, le Sgt. Slaughter sera une figure marquante de la pop-culture occidentale américaine. Mais en ce début d’année, le sergent est toujours l’un des compétiteurs les plus haïs du moment. Emmené en direction du ring par le Grand Wizard of Wrestling, Sgt. Slaughter s’avance en direction du ring sous les sifflets de la foule et se mesurait ce soir à l’un des jobbers les plus aguerris de cette promotion : Angelo Gomez.

Toujours reçu par une réaction plus qu’hostile de la part du public ainsi que par des chants qui le comparent à Gomer Pyle – un personnage de feuilleton populaire un peu simplet – Slaughter s’impose avec des coups de poing d’une brutalité rare. Pas grand-chose à dire de plus, c’est un passage à tabac en bonne et due forme et Gomez n’a même pas la force de répondre. Écrasé sur le ring à plusieurs reprises par de gros enfourchements, Angelo Gomez morfle. Slaughter le relève alors méthodiquement et l’étouffe avec son Cobra Clutch, sa prise de soumission fétiche dont personne ne s’est encore sorti. Slaughter refuse de lâcher la prise alors qu’un jeune Danny Davis essaie de lui faire relâcher son étreinte – sans grand succès.


MATCH 4 : S.D « SPECIAL DELIVERY » JONES VS FRANK SAVAGE (02:48)

VAINQUEUR : S.D JONES

PRISE DE FINITION : NECKBREAKER

APPRÉCIATION : MATCH UN PEU ÉTRANGE ET DÉCONNECTÉ


Originaire d’Antigua-et-Barbuda dans les Antilles, Conrad Efraim n’était pas destiné à entrer dans le monde du catch. Alors qu’il travaillait comme opérateur téléphonique, le jeune Efraim sculptait son corps et fut repéré par Johnny Rodz et son œil aguerri. Sous la direction de Killer Kowalski, il apprit les rudiments du catch et prit le nom de Roosevelt Jones du côté de la Géorgie. Renommé S.D Jones, Efraim effectua son premier match à la World Wide Wrestling Federation en 1974. Officiellement de retour en ce début d’année, Jones s’échauffait ce soir face à Frank Savage.

Un premier échange un peu brouillon voit Jones s’imposer avec un tour de hanches. Savage l’emmène au sol mais « Special Delivery » Jones le contre en planchette japonaise. Les contacts sont un peu étranges et c’est moins fluide que d’habitude. Jones l’emporte néanmoins en moins de trois minutes avec un joli brise-nuque. La conclusion est un peu abrupte et nous avons même pu lire un sentiment de frustration sur le visage de S.D Jones. Sans doute que quelque chose n’est pas déroulé comme prévu.


MATCH 5 : STAN « THE LARIAT » HANSEN W/FREDDIE BLASSIE VS DOMINIC DENUCCI (01:56)

VAINQUEUR : STAN HANSEN

PRISE DE FINITION : COUNT OUT

APPRÉCIATION : QUEL INCROYABLE BORDEL !


C’est l’attraction principale de notre programme. Figure appréciée et respectée de tous, Dominic DeNucci est un ancien. Vétéran des rings et briscard invétéré, l’italien a tout vu et tout vécu. Originaire de Venise en Italie, Dominic DeNucci s’est – à l’instar de l’un de ses compatriotes en la personne de Bruno Sammartino – installé à Pittsburgh en Pennsylvanie et fit carrière dans le catch. Figure vénérable du catch de la côte Est des États-Unis, Dominic DeNucci est entré dans une sorte de semi-retraite depuis quelques temps déjà. Mais ce soir, DeNucci risque de passer à la retraite pure et simple puisqu’il rencontre Stan Hansen, hors-la-loi de Borger au Texas qui entre dans l’arène comme une tornade.

Et alors que Dominic plaisantait avec le valet du ring, Hansen n’attendit pas le son de la cloche pour l’agresser. Violemment pris à partie, DeNucci est passé à tabac et s’écroule littéralement sous la puissance des frappes du texan. Et au bout de quelques secondes à peine, Dominic se mange une Lariat, mais glisse en contrebas. Blassie en profite pour grimper sur le bord du ring et glisse quelque chose à Hansen qu’il fourre rapidement dans son brassard. Agrippant son adversaire démuni, Stan Hansen lui pilonne le crâne et l’ouvre au niveau du front. Déboussolé – le sang ruisselant de son cuir chevelu – Dominic est sous le choc. Incapable de remonter sur le ring, DeNucci reçoit l’aide de S.D Jones, de Jim Duggan et du Dr. George Zahorian pour regagner les vestiaires. Verbalement pris à partie par une foule chauffée à blanc, Hansen en rajoute une couche et passe à rien de déclencher une émeute. 


MATCH 6 : THE MOONDOGS W/« CPT. » LOU ALBANO VS JIM DUGGAN & STEVE KING (05:11)

VAINQUEURS : THE MOONDOGS

PRISE DE FINITION : SPLASH

APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DES MOONDOGS


Exactement comme la semaine dernière, nous commencions avec les Champions Tag Team pour un peu plus tard retrouver leurs challengers que sont les Moondogs. Ceux-ci s’avancent en direction du ring avec leurs os à mœlle répugnants et sous la direction d’un « Capitaine » Lou Albano désireux d’accrocher un onzième titre de Champion par équipe à son impressionnant palmarès. Contre eux, une formation dressée pour l’occasion entre Steve King et un certain Jim Duggan qui n’a rien du patriote rigolard qu’on connaîtra par la suite.

Sans surprises, Steve King ne fait pas le poids face au catch incisif – sans mauvais jeu de mots – des Moondogs. Lorsqu’entre Jim Duggan, la donne change légèrement mais les clébards du capitaine sont à l’affut. Griffant et mordant le dos et le visage de ce pauvre Duggan, les molosses maîtrisent leur sujet. Saint-Patron des jobbers, King s’embarque pour un modeste retour en force mais les Moondogs enchaînent et King ne se relèvera pas d’un énorme Splash porté par l’autre King – celui d’Albano.


MATCH 7 : KILLER KHAN W/FREDDIE BLASSIE VS CHARLIE BROWN (02:58)

VAINQUEUR : KILLER KHAN

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

APPRÉCIATION : SQUASH CLASSIQUE DE KHAN


On conclut ce programme avec la présence d’une autre menace des rings. Lui aussi fait partie de l’écurie de « Classy » Freddie Blassie qui dispose vraiment de sacrés spécimen. Ramené en Amérique lors d’un voyage de Blassie en Orient, Killer Khan a été trouvé dans les steppes reculées de la Mongolie. Du moins, c’est ce qu’on nous raconte. Et à cette époque, on y croit. Toujours invaincu à la télévision, Khan rencontrait ce soir Charlie Brown, jobber originaire de Dawson en Géorgie.

Prédateur, Khan se jette sur ce pauvre Brown et ne lui laisse pas une seule seconde pour respirer. Asphyxié par la brutalité du catch du Mongol, Brown s’écroule et n’offre aucune résistance à son violent adversaire. Toujours en poussant des cris stridents et effrayants, Khan l’emporte en moins de trois minutes à la suite de son énorme descente du genou.


Une solide édition de Championship Wrestling, qui se voit plus dense et intense que d’habitude. Stan Hansen se paie le vétéran Dominic DeNucci. Nos Champions Tag Team ainsi que leurs challengers sont de la partie ! Pedro Morales, Sgt. Slaughter et plus encore.

– Ce n’est pas tous les jours qu’on a du bon catch dans ce programme alors soulignons-le. Bien que ce ne soit pas non plus du grand catch, ce match à quatre qui opposait Tony Garea et Rick Martel au tandem composé de Johnny Rodz et de José Estrada, m’a rappelé pourquoi j’aime autant ce catch territorial, un catch régional de gymnase, précurseur d’une entreprise qui obtiendra le monopole de la discipline dans les années à venir.

– Soyons honnête, ces émissions ne sont pas toujours passionnantes et très souvent ce sont les mêmes affiches qui nous sont proposés. Comptez sur Stan Hansen pour donner un gros coup de pied dans la fourmilière ! Ce soir face à un Dominic DeNucci semi-retraité, le hors-la-loi de Borger au Texas a décidé de foutre le bordel – et comment ! Ouvrant le front de DeNucci en moins de deux minutes et le laissant en état de choc – lui qui a tout vu et tout vécu – Hansen a frappé fort. Ce visuel du sang s’écoulant du front de DeNucci est incroyable. Et qui sait ? En s’en prenant à l’italien, est-ce que Stan Hansen n’enverrait pas un message à Bruno Sammartino, pour peut-être finir le boulot ?

Nathan Maingneur

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