ALL STAR WRESTLING #119
09/05/1981
Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes et commenteront ce All Star Wrestling encore et toujours enregistré dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. Ils nous présentent ensuite la carte de cette heure de catch nord-américain et nous annoncent l’exceptionnelle présence de Dusty Rhodes et de Bruno Sammartino.
Pas de présentations puisqu’on repart immédiatement en arrière, à une lointaine période où « The Living Legend of Wrestling » Bruno Sammartino était encore Champion de la World Wide Wrestling Federation.
MATCH 1 : BRUNO SAMMARTINO W/ARNOLD SKAALAND VS OTTO VAN HELLER (06:51)
VAINQUEUR : BRUNO SAMMARTINO
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
INDICATEUR : **
Aucune information sur la fiche technique de ce combat n’est renseignée. Il s’agit sans doute d’un extrait issu d’un All Star Wrestling en date de 1974. À cette période, Bruno Sammartino était le catch professionnel et inversement. L’italien était alors redevenu Champion de la World Wide Wrestling Federation face à Pedro Morales, possesseur de l’or suprême de 1971 à 1973. Son antagoniste porte une cape brodée de la croix de fer, une insigne militaire prussienne qui fut reprise par Hitler comme décoration et outil de propagande lors de la Seconde Guerre mondiale. Otto Van Heller était l’un de ces ignobles personnages s’inscrivant dans la lignée de Kurt Von Hess, Karl Von Steiger ou encore Waldo Von Erich et le Baron Von Raschke.
Au son de la cloche, Von Heller agresse Sammartino, alors de dos, le martelant de coups portés à l’aide de sa matraque. L’acte est détestable et précède un étranglement porté avec l’aide des cordes. Toutefois, Bruno revient et lui assène de gros coups de genou et de lourdes projections dans le coin. Puisant dans son répertoire de sale type, Otto utilise alors toute sorte de stratagèmes pour tricher et prendre l’avantage, au nez et à la barbe de l’officiel Dick Woehrle. Von Heller utilise même l’une de ses bretelles pour l’étrangler, ce qui est totalement interdit. Bruno se redonne du poil de la bête et l’envoie s’envoler en surpassement puis en tour de hanches. L’italien lui botte les fesses et enchaîne avec de sacrés coups de poing dans l’abdomen. La rencontre est disputée et se termine après que Sammartino ait contré une projection en un Powerslam, parfaitement exécuté. Ce combat fut une agréable découverte, d’autant plus que ce match semble être plutôt rare et méconnu. Et de surcroît, c’est toujours surréaliste d’assister à une rouste de Bruno Sammartino sur un soi-disant allemand, surtout lorsqu’on connaît le passé de la légende italienne.
MATCH 2 : MIL MASCARAS VS BLACK DEMON (03:05)
VAINQUEUR : MIL MASCARAS
PRISE DE FINITION : FLYING BODY PRESS
APPRÉCIATION : BON PETIT SQUASH POUR MASCARAS
Originaire de San Luis Potosí, Mil Mascaras est de passage sur la côte Est des États-Unis en ce milieu d’année 1981. Vêtu d’une longue cape, Mascaras porte un masque sous son masque, sa légendaire marque de fabrique. Il s’agit ici d’un extrait d’une plus récente édition de Championship Wrestling puisqu’on retrouve l’inégalable Joe McHugh. Aussi élégant qu’impressionnant, Mascaras rencontre ce soir un autre catcheur masqué en la personne du Black Demon. L’affiche est plutôt atypique et détonne de ce qui est d’habitude proposé lors de ces émissions.
Sur le ring, Mascaras est d’une fluidité impeccable et n’a aucune difficulté à emmener et garder son antagoniste au sol. Il s’agit ici d’une pure démonstration de technique, vantée et louée aux commentaires par McMahon et Patterson. Le Demon n’est pas en reste et a l’occasion de se tester face à cette légende vivante de la Lucha Libre. Bien qu’on ne retrouve pas l’habituel arsenal aérien du mexicain, celui-ci nous gratifie toutefois d’un joli Flying Body Press pour l’emporter au compte de trois.
– A priori, nous sommes donc de retour au Fieldhouse d’Hamburg pour cette édition d’All Star Wrestling. Vince McMahon reçoit alors « The Magnificent » Muraco, accompagné de son diablotin de Grand Wizard of Wrestling. Interrogé à propos de son surnom, Don Muraco répond avec arrogance et prétend être l’incarnation humaine du magnifique. Il harangue alors le public en glorifiant ses terres, celles de Sunset Beach à Hawaï. Muraco affirme être le futur de la profession et ordonne plus de compétition. En d’autres mots, Don Muraco défie la crème de la crème de la World Wrestling Federation.
MATCH 3 : « THE AMERICAN DREAM » DUSTY RHODES VS « MOOSE » MONROE (04:48)
VAINQUEUR : DUSTY RHODES
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
INDICATEUR : DUSTY RHODES TRANSPIRE LE CATCH
Troisième match de la soirée et troisième grand nom pour ce All Star Wrestling. « The American Dream » Dusty Rhodes, qui nous avait offert une promo du feu de dieu lors du dernier épisode en date, combat à nouveau ce soir sur cette antenne. Vêtu d’un sombre kimono noir, Dusty se mesure à un revenant, en la personne de Frank « Moose » Monroe, corpulent gaillard originaire des steppes canadiennes. Et en effet, on ne l’a plus aperçu ici depuis quelques temps, sa dernière apparition remontant au milieu de l’année 1980.
Le face à face est plutôt costaud et « Moose » commet plusieurs erreurs impardonnables face à l’expérience de Rhodes. Très lent et poussif dans ses mouvements, c’est tout le contraire de la folle et énergique gestuelle du « American Dream ». Acculé par quelques droites, celui-ci rétorque avec une série de jabs et d’uppercuts qui feraient rougir Joe Frazier. Dusty se retrouve un temps cadenassé dans une prise de l’ours mais s’en sort facilement grâce à l’un de ses Bionic Elbow. Dusty Rhodes enchaîne avec un coup de coude et l’emporte ensuite grâce à sa fameuse descente du coude.
MATCH 4 : « FIERY » RICKY MCGRAW VS CHRIS CANNON (05:04)
VAINQUEUR : RICKY MCGRAW
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : VICTOIRE ENCOURAGEANTE POUR MCGRAW
C’est toujours agréable de retrouver l’énergique « Fiery » Ricky McGraw lors de ces programmes. Le garçon de Charlotte en Caroline du Nord est assurément populaire, en témoigne cette horde de spectateurs désireuse d’obtenir un autographe. McGraw se frotte ce soir à un défi de taille et c’est peu dire. Chris Cannon (anciennement Canyon) affiche plus de 190kg au compteur et est annoncé de Houston au Texas. Ce jeune King Kong Bundy combat seulement depuis quelques mois sur ce territoire et a ce soir l’occasion d’imposer sa marque.
Il s’agit véritablement d’une rencontre « David contre Goliath » comme on en voit peu à cette période. Ce concept sera largement repris et popularisé au cours des années 80 et encore de nos jours. Malgré son manque d’expérience, Cannon peut compter sur sa force brute qui lui permet de repousser Ricky dans les cordes. Celui-ci est bien plus agile et rétorque avec une série de sauts chassés. Tout récemment revenu d’un séjour passé sur les rings de la NJPW, McGraw est physiquement affuté et a notamment combattu lors de tags incluant Antonio Inoki, Tatsumi Fujinami, Stan Hansen ou encore le Dynamite Kid, l’une des sensations du moment. Toutefois, McGraw se tue le dos en essayant de soulever l’imposant Cannon, sans que ce dernier ne décolle d’un pouce. Il en profite alors pour l’envoyer au sol en Fireman’s Carry. Malgré sa corpulence, Cannon est encore un peu trop lent et rate une descente de la cuisse. Cela permet à McGraw de puiser tout au fond de ses forces pour lui asséner un gigantesque enfourchement. Une descente du coude plus tard et Ricky McGraw peut s’arroger une petite victoire réconfortante et revivifiante, surtout lorsqu’on pense à son récent parcours sur ce territoire.
MATCH 5 : S.D JONES & DOMINIC DENUCCI VS JOHNNY RODZ & PETE MITCHELL (05:03)
VAINQUEURS : S.D JONES & DOMINIC DENUCCI
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : C’EST TRISTE POUR JOHNNY RODZ
« Unpredictable » Johnny Rodz est sur le ring et le moins qu’on puisse dire, c’est que le futur Super Medico ne semble pas passer une bonne année. Toujours aucune victoire au compteur jusqu’ici sur cette antenne, Rodz est ce soir à nouveau relégué avec un jobber du nom de Pete Mitchell. Ils se mesurent à un tandem de briscards aussi filous que rodés en la personne de S.D Jones et de Dominic DeNucci, très populaires auprès des foules de Pennsylvanie.
Les échanges entre Johnny et Dominic nous mettent dans l’ambiance et nous offrent quelques belles séquences de catch à l’ancienne. DeNucci est malicieux et sait très bien s’accorder avec le catch feu follet de Jones. Place à Mitchell, qui manque cruellement d’expérience pour prétendre à quoi que ce soit. Ce dernier se prend alors les doigts de Jones dans les yeux, au grand dam de l’arbitre Danny Davis qui doit enguirlander le fils chéri de Philadelphie. Lorsque Rodz remonte sur le ring, l’ascendant change de camp et lui permet de retrouver un semblant d’autorité. Toutefois, les babyfaces l’emportent grâce à une manœuvre ingénieuse. Sur les épaules de Dominic, Mitchell se mange un coup de tête de S.D et succombe à une descente du coude de ce dernier. S.D Jones est d’humeur généreuse et le relève, seulement pour lui en mettre un second. Dépité, Johnny Rodz repart au vestiaire la tête baissée, si dommage pour un athlète de son rang.
MATCH 6 : PEDRO MORALES VS « BIG » RON SHAW (02:48)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BOSTON CRAB
APPRÉCIATION : SQUASH SANS GRAND INTÉRÊT
On termine ce programme avec la présence de l’actuel Champion Intercontinental. Pedro Morales détient fièrement ce titre depuis sa victoire face à Ken Patera en décembre 1980. Il s’est de ce fait offert une petite cure de jouvence, défendant sa ceinture face à de gros noms en ce début d’année 1981. Pedro rencontre ce soir « Big » Ron Shaw, un grand gaillard rondouillet qu’il a déjà battu à plusieurs reprises.
Il semble que Ron a appris de ses erreurs passées. En effet, la cloche n’a même pas sonné que Shaw se jette immédiatement sur Morales, le martelant de coups de poing et de pied. Toutefois, Morales est un bâton de dynamite et rétorque avec toute sa fougue. Ron ne se laisse pas démonter pour autant et rétorque avec quelques maigres coups. Mais ce n’est pas suffisant pour calmer le « Puertorican Fire » de Morales qui l’envoie valdinguer en tour de hanches. Il lui décoche ensuite de lourdes droites dans le panier à pain et l’emporte grâce à son Boston Crab.
– En toute fin d’émission, McMahon annonce le programme du prochain épisode et fait référence à une potentielle défense de ceintures entre les Moondogs d’un côté et Tony Garea et Rick Martel de l’autre.
En ajoutant quelques petites raretés à sa programmation, ce All Star Wrestling comporte donc son lot de pépites. Repartant en arrière de plusieurs années, nous avons pu revivre un combat de Bruno Sammartino lorsque l’italien était au sommet du monde. Ce combat face à Otto Van Heller est un témoignage unique de l’aura mythique de l’italien dans de plus petites salles. S.D Jones et Dominic DeNucci forment un bon tandem de briscards mais ne prétendent à rien de plus qu’à de petites victoires ici et là. Sensation de la Lucha Libre exportée aux États-Unis, Mil Mascaras était de passage sur la côte Est et nous gratifiait encore ici de son catch atypique. « Quickdraw » Ricky McGraw était également de retour à l’antenne après un passage sur les rings nippons. Victime d’un parcours en demi-teinte entre 1980 et 1981, espérons que cette victoire soit le point de départ d’un recommencement. Dusty Rhodes était à nouveau à l’affiche et c’est sur cela que nous conclurons cet article. Fort d’une promo exceptionnelle à tous les égards, Rhodes eut encore une fois l’occasion de briller. Sa présence tout comme son aura fut l’un des atouts majeurs de cet épisode. En ce milieu d’année 1981, Dusty Rhodes n’est qu’à ses balbutiements, alors en passe d’accéder au sommet du catch nord-américain dans les années à suivre.
Nathan Maingneur