ALL STAR WRESTLING #140
10/10/1981
Vince McMahon et Pat Patterson sont tous sourires et nous accueillent dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. Patterson est de retour depuis l’agression subie des mains d’Angelo Mosca et a soif de vengeance. Ils nous donnent ensuite la carte du programme mais nous emmènent d’abord du côté du Agricultural Hall d’Allentown pour une rencontre entre Greg Valentine et Curt Hennig.
MATCH 1 : CURT HENNIG VS GREG VALENTINE W/GRAND WIZARD OF WRESTLING (06:11)
VAINQUEUR : GREG VALENTINE
PRISE DE FINITION : FIGURE FOUR LEGLOCK
INDICATEUR : **
Joe McHugh s’occupe des annonces au microphone alors que Curt Hennig est reçu par une belle réaction du public d’Allentown. L’aspect de la salle a quelque peu changé. Une corde avec des fanions colorés sépare une partie du parterre alors que les cordes du ring sont désormais rouge, blanc et bleue, ce sera l’une des marques de fabrique de la World Wrestling Federation pour des années encore. Paré d’une robe de ring en velours mauve, Greg Valentine rejoint le ring sous les huées du public, toujours accompagné de ce sacré Grand Wizard of Wrestling.
Il s’agit d’une rencontre entre deux catcheurs de seconde génération. L’un est le fils de Johnny Valentine tandis que l’autre est le fiston de Larry « The Axe » Hennig. Soutenu à l’unisson par le public d’Hamburg, Hennig profite de sa fougue et surprends un Valentine quelque peu décontenancé. Habitué à une opposition faiblarde, Valentine se retrouve un tant soi peu bousculé par le catch d’Hennig. Toutefois, le naturel revient au galop et Curt flanche sous le poids des coups de Valentine. Celui-ci fait claquer ses manchettes et se débarrasse d’Hennig en le projetant en contrebas. Hennig revient avec des sauts chassés et se sent pousser des ailes. Il est malheureusement calmé par un brise-dos qui permet au natif de Seattle de l’écraser au sol avec une souplesse arrière. Valentine part ensuite pour sa prise de finition, la célèbre prise en quatre, prise dont l’usage lui a d’ailleurs été suggérée par Vince McMahon Sr. en personne. Malgré toute sa bonne volonté, Hennig n’a d’autre option que de jeter l’éponge.
– Bousculé par ce jeune garçon au talent certain, Valentine l’a mauvaise et le hisse dans les airs pour le faire retomber sur la troisième corde. L’entrejambes écrasée sur la corde supérieure, Hennig chute ensuite lourdement sur le sol en béton du Fieldhouse. Plusieurs arbitres accourent alors qu’un brancard de fortune est dépêché pour évacuer ce pauvre garçon. Le sourire de Valentine, contemplant son œuvre, est édifiant.
MATCH 2 : ANGELO « KING KONG » MOSCA W/CPT. LOU ALBANO VS ANGELO GOMEZ (04:26)
VAINQUEUR : ANGELO MOSCA
PRISE DE FINITION : BRISE-ÉPAULE
APPRÉCIATION : TRÈS BON SQUASH DE MOSCA
Agresseur de Pat Patterson lors du précédent épisode, Angelo « King Kong » Mosca est au sommet de son arrogance. Accompagné au ring par le capitaine Lou Albano, Angelo se mesure ce soir à un autre Angelo, en la personne d’Angelo Gomez, dont on ne donne pas cher de la peau face à une pareille brute.
Mosca s’empare immédiatement de l’épaule de ce pauvre gars et le contorsionne dans tous les sens. Il reste alors sur ce bras tout au long du match, invectivant et haranguant sans cesse un Patterson bouillant. « King Kong » fait comme s’il cognait le québécois tant son plaisir à infliger de la douleur est grand. Il s’accroche à son épaule comme s’il voulait repartir avec et ne le lâche pas une seule seconde. Patterson commente en serrant les dents et a apparemment contacté plusieurs promoteurs d’Amérique du Nord pour obtenir le droit d’affronter Mosca. Celui-ci l’emporte ensuite facilement en l’écrasant lourdement avec un brise-épaule pour le compte de trois.
– Accueilli au microphone par Pat Patterson, le légendaire Mil Mascaras nous gratifie ce soir d’un très rare passage au micro. Interrogé sur son rythme de tournée, le Luchador confesse adorer voyager, que ce soit aux États-Unis, en Europe ou au Japon. Patterson l’interroge alors vis-à-vis de son tempérament, ce à quoi Mascaras répond à demi-mot. Pat Patterson l’interroge ensuite sur sa carrière cinématographique, à la suite de quoi Mil Mascaras conclut avec quelques mots en espagnol.
MATCH 3 : PEDRO MORALES VS JERRY JOHNSON (03:27)
VAINQUEUR : PEDRO MORALES
PRISE DE FINITION : BRISE-DOS
APPRÉCIATION : MATCH SANS GRAND INTÉRÊT
Légende du circuit portoricain, on ne présente plus Pedro Morales. Originaire de Culebra dans l’archipel de Porto Rico, Pedro est reçu en grande pompe par le public d’Hamburg. L’ancien Champion du Monde, Intercontinental et Tag Team se frotte ce soir à un certain Jerry Johnson.
Morales catche à l’ancienne et ne tarde pas à emmener son adversaire au sol. Johnson commet l’erreur que font tous les débutants, c’est à dire envoyer de maigres droites et griffer le visage du portoricain, tout ce que déteste Pedro. Celui-ci répond alors avec de gros coups de poing dans le foie. Johnson courbe l’échine alors que Pedro s’en donne à cœur joie, au grand bonheur du public. Morales lui assène ensuite un brise-dos, porté de la même manière que le portait Billy Robinson. Cela suffit pour le compte de trois et pour que Pedro Morales s’arroge une petite victoire, sans réelle signification.
MATCH 4 : TONY ATLAS VS « UNPREDICTABLE » JOHNNY RODZ (03:26)
VAINQUEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : PLANCHETTE JAPONAISE
APPRÉCIATION : BON PETIT MATCH DE TONY ATLAS
On nous rediffuse ensuite un match dont la date nous est inconnue. Il s’agit sans doute d’une retransmission de Championship Wrestling qu’on situe entre 1978 et 1980 puisque Bruno Sammartino était encore à son poste de commentateur. On est au Agricultural Hall d’Allentown et Joe McHugh s’occupait des introductions. Porté par un vent favorable, Tony Atlas se mesurait alors à notre cher « Unpredictable » Johnny Rodz.
Similaires aux rencontres entre Johnny Rodz et Mil Mascaras, ce genre de matches ont plus ou moins la même construction. Johnny est très agressif et cogne fort dans l’arrière du crâne d’Atlas. Disposant d’un physique olympien, Atlas est soutenu par une foule qui réagit à chacune de ses prises. Le combat se termine de manière plutôt abrupte lorsque Atlas enroule alors Rodz en planchette japonaise. Les genoux d’Atlas sur les épaules, Johnny Rodz ne se dégage pas et concédait encore une défaite. Certaines choses ne changent pas.
MATCH 5 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS BARON MIKEL SCICLUNA & JOSÉ ESTRADA (07:41)
VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL
PRISE DE FINITION : O’CONNOR ROLL
INDICATEUR : * ¾
Debout sur le ring, le Baron Scicluna trône en méchant honni. Il est ce soir accompagné de José Estrada, revenu sur ce territoire depuis quelques semaines, après une pause de près de 6 mois. Les heels se mesurent aux Champions Tag Team de la World Wrestling Federation que sont encore et toujours Tony Garea et Rick Martel, reçus en héros par le public du Fieldhouse d’Hamburg.
C’est cette fois-ci Garea qui commence et qui se frotte à Estrada. Celui-ci l’emmène au sol tandis que Tony peine à répondre au catch incisif du portoricain. L’ancien compère de Johnny Rodz est d’une efficacité redoutable et isole complètement Garea d’un Martel chaud comme la braise. Le Baron Scicluna poursuit l’œuvre de sape entreprise par José Estrada et tue le rythme de la rencontre. Après de très longues minutes passées à souffrir au sol, Garea s’en tire et passe enfin le relais à son partenaire québécois. Rick Martel est tout feu tout flamme mais on ne retrouve pas sa fougue habituelle. Les tags s’enchaînent avec fluidité et alors qu’ils dominaient cette rencontre, Estrada et Scicluna tombent des nues face au catch des Champions. C’est Tony Garea qui l’emporte pour son tandem à l’issue d’un magnifique O’Connor Roll, prise créée par le légendaire Pat O’Connor et qui suffit pour le compte de trois.
MATCH 6 : MIL MASCARAS VS « BIG » RON SHAW (03:15)
VAINQUEUR : MIL MASCARAS
PRISE DE FINITION : FLYING BODY PRESS
APPRÉCIATION : ANECDOTIQUE ET PLUTÔT BROUILLON
Originaire de San Luis Potosi, cette silhouette svelte et agile est, aux côtés d’El Santo et de Blue Demon, une légendaire figure de la Lucha Libre. Mil Mascaras a la particularité de porter un masque sous un masque. Il s’oppose ce soir à « Big » Ron Shaw, grand gaillard né à Philadelphie.
Dès les premiers échanges, Shaw essaie de surprendre Mascaras mais cela n’effraie pas le frère de Dos Caras. Mascaras s’impose avec une technique irréprochable et ridiculise tout simplement ce pauvre Ron. Ce dernier ne peut rien faire mais dégage son épaule d’une souplesse arrière. Il s’agit sans doute d’un botch, la prise suffisant en général pour que Mascaras l’emporte. Projeté dans le coin, le Luchador contre et s’envole pour un Flying Body Press qui suffit cette fois-ci pour le compte de trois.
La ligne éditoriale de l’émission ne change pas, c’est du All Star Wrestling dans le texte, avec du bon, comme du moins bon. On note toutefois quelques bonnes choses.
– Éclatant le crâne de Pat Patterson lors d’un récent épisode, Angelo Mosca était de la partie et n’a pas cessé d’haranguer le québécois. En brutalisant un pauvre jobber, Mosca a été on-ne-peut-plus clair dans ses intentions.
– Parlant au micro pour la première fois à ma connaissance, Mil Mascaras nous gratifiait en effet d’un rarissime entretien. Bien que le style de promo « à l’américaine » ne soit pas l’une des forces du mexicain, ce court passage au micro est suffisamment rare pour être souligné.
– Comme à l’accoutumée, Tony Garea et Rick Martel étaient à l’affiche et concourraient face à un tandem de heels. L’opposition, composée du Baron Mikel Scicluna et de José Estrada était belle mais on regrette que le match n’ait pas décollé. L’absence de réel challenge dans la division Tag Team, du moins sur ces émissions, est un point faible pour le programme.
– On nous rediffusait une rencontre passée entre Johnny Rodz et Tony Atlas. Peut-être est-ce le signe d’un potentiel retour d’Atlas sur nos écrans. Ce serait une bonne addition à ces émissions qui manquent parfois de fraîcheur.
– Opposé à Curt Hennig, Greg Valentine a été bousculé et cela n’a pas plu au poulain du Grand Wizard of Wrestling. Une victoire ne suffisant pas à satisfaire son orgueil, Valentine l’a ensuite agressé, forçant Hennig à être évacué sur un brancard. On ne se frotte pas à Greg Valentine. Toutefois, ce jeune Curt Hennig a peut-être bel et bien gagné le respect du natif de Seattle.
Nathan Maingneur