ALL STAR WRESTLING #143
31/10/1981
Vince McMahon et Pat Patterson sont en costumes bleus, ce qui signifie qu’il s’agit d’un épisode du programme All Star Wrestling. Toujours capturé dans l’enceinte du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie, ce programme et son contenu nous sont présentés par nos hôtes.
Gary Cappetta s’occupe des rituelles introductions et précise que la prochaine heure de catch sera supervisée par la Commission Athlétique de Pennsylvanie. Son président, J.J Binds et quelques-uns de ses officiels, siègent en ringside. Dr. Eugene Gottfried remplace George Zahorian et se tient en compagnie de Charlie Daniels. Les arbitres de cette heure de catch seront John Stanley, Freddy Sparta, Victor Quinones et Dick Woehrle.
MATCH 1 : MR. FUJI & MR. SAITO W/CPT. LOU ALBANO VS ANGELO GOMEZ & BARRY HART (05:59)
VAINQUEURS : MR. FUJI & MR. SAITO
PRISE DE FINITION : SAMOAN DROP
APPRÉCIATION : PLUTÔT BON SQUASH DES CHAMPIONS
Sur le ring, un frêle tandem de jobbers patiente sagement. Portant un bandage sur le bout du nez, il s’agit de Barry Hart. Il s’associe à Angelo Gomez, jobber d’origine portoricaine qui catche depuis 1979. Leurs antagonistes effectuent leur entrée et portent fièrement les ceintures de Champions Tag Team. Managés par un Lou Albano en grande forme, Fuji et Saito ont en effet récemment battu Tony Garea et Rick Martel, non sans controverse.
La cloche sonne et d’emblée, Fuji et Saito prennent le contrôle de ce début de rencontre. Faisant irruption au micro des commentaires, Albano ne cache pas sa fierté et s’emporte comme d’habitude, bredouillant un japonais plus qu’approximatif. Sur le ring, Saito et Fuji enchaînent les tags et les souplesses avec une facilité déconcertante. Usé par le poids du temps et par un âge qui est le sien, Fuji semble essoufflé. Tout l’inverse de son partenaire, aussi énergique qu’incisif. Le combat dure et c’est Fuji qui l’emporte pour son tandem en portant un Samoan Drop dont l’exécution suffit pour le compte de trois. Les détenteurs des Tag Team Championships ressortent donc la tête haute de leur premier match en tant que Champions.
MATCH 2 : KILLER KHAN W/FREDDIE BLASSIE VS JERRY JOHNSON (04:17)
VAINQUEUR : KILLER KHAN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DE LA CUISSE
APPRÉCIATION : SQUASH CORRECT DE LA PART DE KHAN
Annoncé en provenance des steppes reculées de Mongolie, Killer Khan est également à l’affiche de ce programme. Ce qui est étonnant, c’est que Khan apparaît ici en milieu de carte, se réservant d’habitude le dernier combat de la soirée. Toujours accompagné au ring par « Classy » Freddie Blassie, Khan est encore en rivalité avec André le Géant, feud dont le point culminant sera ce Mongolian Stretcher Match organisé à l’illustre Spectrum de Philadelphie.
Khan ne perds pas une seconde et se rue sur ce pauvre Jerry Johnson, qui s’apprête à passer un sale quart d’heure. Khan est lourdement sifflé par le public d’Hamburg et des projectiles sont lancés sur le ring. Aux commentaires, McMahon et Patterson abordent le cas de Rick McGraw, qui a souffert d’un cou brisé à la suite d’une souplesse du japonais. Aucune information n’est communiquée à propos d’un éventuel retour sur les rings. Khan casse alors Johnson et le plie avec un vicieux brise-dos. Il grimpe sur la corde du milieu et s’élance pour sa descente du genou fatale. Alors que cela aurait d’habitude suffi, Khan a préféré en finir avec une descente de la cuisse.
MATCH 3 : GREG « THE HAMMER » VALENTINE W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS RON RINGO (05:46)
VAINQUEUR : GREG VALENTINE
PRISE DE FINITION : FIGURE FOUR LEGLOCK
APPRÉCIATION : EXCELLENTE PROMO DE VALENTINE
Ron Ringo, compétiteur d’origine portoricaine un peu gauche, se tient sur le ring. Face à lui ce soir, l’homme qui l’a lourdement passé à tabac lors de leur dernière rencontre. Greg Valentine, accompagné d’Ernie Roth, est vêtu d’un superbe peignoir en velours orné de pierres précieuses. C’est d’ailleurs la première fois que le natif de Seattle est surnommé « the Hammer » en raison de sa réputation. Pour la petite histoire, c’est à cause, ou grâce c’est selon, de la dureté des coups de Valentine qu’est né ce surnom.
Face à cette absence de réel challenge, Greg se la joue technique et emmène Ron Ringo au sol. Il lui plie les jambes et lui porte ensuite de sales coups de genou dans le bas du dos. Valentine prend tout son temps et le démolit méticuleusement. Quelques-uns de ses coups claquent mais Valentine choisit de se concentrer sur son genou. Il lui assène alors une grosse souplesse arrière et en finit cette fois-ci avec sa célèbre Figure Four Leglock, précédée d’un Spinning Toe Hold. Tordu de douleur, Ringo jette l’éponge mais peut se contenter d’une défaite beaucoup moins stiff que lors de son dernier combat.
– Greg Valentine et son manager sont ensuite reçus par Pat Patterson au micro. Interrogé à propos de son surnom de « Manager of Champions », le grand sorcier du catch semble confiant sur le fait que son poulain sera le prochain Champion du monde. Il annonce la date de la prochaine confrontation avec Bob Backlund, qui se tiendra au Madison Square Garden. Il n’est fait aucune mention ni allusion à propos du changement de titre fantôme du 18 octobre 1981. Greg Valentine s’empare du microphone et réalise une promo aussi intense que passionnée. Le fiston de Johnny Valentine compte bien s’emparer, une bonne fois pour toutes, de l’or de Backlund.
MATCH 4 : ANGELO « KING KONG » MOSCA VS JOE COX (04:23)
VAINQUEUR : ANGELO MOSCA
PRISE DE FINITION : BRISE-DOS
APPRÉCIATION : EXCELLENT SQUASH !
Les brutes étaient décidément de sortie ! Bourreau de Pat Patterson lors d’un tout récent épisode, Angelo « King Kong » Mosca est de la partie. Il n’est ce soir pas accompagné du capitaine Lou Albano, sans doute trop occupé avec ses japonais. Mosca rencontre ce soir Joe Cox, jobber plutôt inconnu au bataillon.
À partir du son de la cloche, Cox prends les devants et s’impose avec un saut chassé qui fait mouche. Le garçon fonce tête baissée et cela fonctionne, la foule d’Hamburg faisant du bruit pour ce scénario original. Malgré quelques répliques de Mosca, Cox s’impose mais fait l’erreur de faire du corps à corps avec « King Kong ». Mosca rétorque alors et cogne fort. Méthodiquement, Angelo réimpose sa domination. L’esquive d’un autre saut chassé lui permet alors de se focaliser sur le bas du dos de son antagoniste. L’avantage est désormais revenu à Mosca et cela l’amuse. Les espoirs de Cox sont enterrés lorsqu’il l’emporte avec son brise-dos, en un peu plus de quatre minutes. N’enlevons rien à Joe Cox qui a, pour un temps seulement, bousculé cette montagne de muscles.
MATCH 5 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS DAVEY O’HANNON & « BIG » RON SHAW (05:20)
VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL
PRISE DE FINITION : BACKSLIDE
INDICATEUR : * ¾
C’est la première fois depuis le mois de juin que Tony Garea et Rick Martel apparaissent sans leurs ceintures de Champions Tag Team. Toutefois, ces derniers ne semblent pas découragés et rencontrent toujours autant de plébiscite. Ils se mesurent ce soir à un duo de choc composé de « Big » Ron Shaw et de Davey O’Hannon, originaire de Kansas City dans le Missouri.
Comme à son habitude, O’Hannon donne de sa personne et valdingue d’un bout à l’autre du ring pour amplifier le catch de ses adversaires. Ceux-ci sont affutés comme rarement, notamment Martel que Vince couvre d’éloges aux commentaires. Cependant, Davey et « Big » Ron agissent de manière plutôt discutable et isolent Martel de son partenaire. On connaît ce genre de construction qui aboutit toujours à un hot tag chaud bouillant. Ça ne loupe pas et Tony Garea entre alors, tout feu tout flamme. Martel se joint à lui et s’occupe de Davey tandis que Garea enroule Shaw en petit paquet pour le compte de trois décisif. On dirait que les anciens Champions n’ont pas dit leur dernier mot.
MATCH 6 : « GOLDEN BOY » ADRIAN ADONIS W/FREDDIE BLASSIE VS JEFF CRANEY (02:52)
VAINQUEUR : ADRIAN ADONIS
PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD
APPRÉCIATION : ADONIS IMPRESSIONNE DE SEMAINE EN SEMAINE
Blouson de motard et gants en cuir, c’est presque comme si ce compétiteur était venu en Harley Davidson. « Golden Boy » Adrian Adonis est arrivé de l’AWA en même temps que Jesse « the Body » Ventura. Managé par Freddie Blassie, le natif de Buffalo dans l’État de New York s’oppose ce soir à Jeff Craney.
Adonis est dans la forme de sa carrière et fait état d’un catch impeccable. Un saut chassé décroche la mâchoire de ce pauvre Craney, qui saigne immédiatement de la bouche. Le sang coulant de ses lèvres, le garçon subit le catch incisif d’Adonis, bien encouragé par ce sacré Freddie Blassie. Adonis l’emporte à nouveau avec son Sleeper Hold et s’autorise cette fois-ci encore un petit air de « Goodnight Irene ». Endormi, Craney est ensuite sorti de sa rêverie par une grosse claque dans l’arrière du dos, un peu de la même manière que le faisait Ken Patera.
S’inscrivant dans la lignée du précédent épisode, ce programme témoigne malgré tout de quelques changements qui ont modifié le paysage de la promotion en cette fin d’année 1981.
– À peine sacrés Champions Tag Team, Fuji et Saito étaient de la partie et brutalisaient un tandem de jobbers. Bien que Fuji soit essoufflé par des années de compétition, l’énergie de Saito se suffit à elle-même.
– Les anciens Champions étaient également à l’affiche et n’ont pas montré ne serait-ce qu’un signe de faiblesse. Remontés à bloc, Tony Garea et Rick Martel ont su rebondir à la suite de cette défaite et iront sans doute, tôt ou tard, regagner leurs ceintures.
– Arrivage en provenance de l’AWA de Verne Gagne, Adrian Adonis concluait cet épisode avec style. Le compère de Jesse Ventura dans la East-West Connection sait catcher et l’a encore un fois démontré. Prônant un catch énergique et sans fioritures, le « Golden Boy » est sur une bonne lancée.
– Absent pendant quelques semaines, Killer Khan est revenu en écrasant un pauvre type. Lourdement sifflé et hué par la foule du Fieldhouse, Khan est en effet toujours détesté en raison des actes répréhensibles commis en cette année 1981, que ce soit face à « Fiery » Ricky McGraw ou encore André le Géant.
– L’information majeure relative à ce programme concernait alors Greg Valentine. En effet, c’est en date du 18 octobre 1981 qu’eut lieu un changement de titre fantôme. Lors d’un combat organisé au Madison Square Garden et à l’instar d’Antonio Inoki en 1979, Greg Valentine a été sacré Champion du Monde sur une erreur d’arbitrage. Le changement n’a pas été reconnu par la World Wrestling Federation et la ceinture a été rendue vacante par la Commission Athlétique de l’État de New York. Le match revanche eut lieu un mois plus tard et fera l’objet d’une prochaine review, encore et toujours consacrée à l’histoire de ce superbe sport-spectacle.
Nathan Maingneur