ALL STAR WRESTLING #158
20/02/1982
C’est la dernière. Vince McMahon et Pat Patterson sont nos hôtes et nous accueillent au sein du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie pour cette édition de All Star Wrestling, la dernière que nous analyserons sur ce site. Nos commentateurs préférés nous présentent le programme de la soirée et nous informent de la présence de « Cowboy » Bob Orton Jr. et de Blackjack Mulligan.
Gary Michael Cappetta s’enquiert des introductions sérotinales et précise que cette heure de catch sera supervisée par la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée en ringside par quelques-uns de ses officiels. Dr. John Woods siège en compagnie de Charlie Daniels, notre gardien de la cloche. Les arbitres mandatés pour cette heure de catch seront John Stanley, Danny Davis et Dick Woehrle.
MATCH 1 : « MR. USA » TONY ATLAS VS CHARLIE FULTON (06:10)
VAINQUEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : SPLASH
INDICATEUR : * ¾
Charlie Fulton patiente sagement dans l’un des coins. Originaire de l’Ohio, Fulton est l’un des récents transfuges de la Mid-Atlantic Championship Wrestling à rejoindre ce territoire. Son défi du soir saute de toutes ses forces sur le ring, dans ce qui semble s’apparenter à une blague à l’encontre de Gary Cappetta. Et ce petit blagueur n’est autre que Tony Atlas, athlète au physique taillé dans la roche.
Malgré sa force physique, Atlas possède également de bonnes capacités techniques et le démontre en maintenant Fulton avec un collier de tête. Ce dernier fait preuve d’une solide résistance et donne du fil à retordre au natif de Roanoke en Virginie. Tony apparaît même en difficulté, ce qui ne lui ressemble pas. Lors ce match, on note l’apparition de nouveaux plans caméras, assez similaires à ceux qu’on retrouve lors de programmes plus majeurs. Face aux coups de Fulton, Atlas s’agace et s’offre un second souffle. Atlas enchaîne une série de jabs et plusieurs sauts chassés. Dans la foulée, Atlas l’emporte ensuite avec un Splash et ressort de cette rencontre la tête haute, et sous les acclamations du public.
MATCH 2 : « COWBOY » BOB ORTON W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS STEVE KING (02:31)
VAINQUEUR : BOB ORTON JR.
PRISE DE FINITION : SHOULDER BREAKER
APPRÉCIATION : TRÈS BONS DÉBUTS POUR ORTON
C’est une surprise. Celui qu’on surnommait « Cowboy » Bob Orton Jr. du côté de la Mid-South Wrestling apparaît ce soir pour la première fois sur ce programme. Ancien compère de Paul Orndorff, Orton a récemment concédé sa ceinture de Champion du Mississippi à Mister Olympia et enchaînait défaites sur défaites. Orton Jr. est ce soir présenté au public en compagnie du Grand Wizard of Wrestling, qui semble donc être son manager. Son défi du soir n’est autre que Steve King, Saint-Patron des jobbers.
Orton est un dur à cuire et le démontre en quelques secondes seulement. Ses années à la Mid-South Wrestling lui ont forgé une solide réputation. Et c’est sans difficultés qu’Orton s’impose donc face à Steve King. Il l’écrase avec un sale brise-dos et parade alors, sifflé par le public d’Hamburg. Orton cogne fort et impose sa loi. Il en finit avec un brise-épaule et non avec son célèbre Piledriver, comme c’était parfois le cas lors de ces matches face à Ted DiBiase ou le Junkyard Dog. On peut s’imaginer que les décisions de booking de la Mid-South, souvent peu avantageuses à son égard, ont eu raison de lui et l’ont poussé à quitter le territoire pour signer à la World Wrestling Federation.
MATCH 3 : « POLISH POWER » IVAN PUTSKI VS JOSÉ ESTRADA (04:55)
VAINQUEUR : IVAN PUTSKI
PRISE DE FINITION : POLISH HAMMER
INDICATEUR : * ¾
Le regard sournois, José Estrada toise le public en attendant l’entrée de son antagoniste. Et celui-ci déchaîne les passions depuis son retour en force en ce début d’année ’82. Ce n’est autre que le représentant officiel de la « Polish Power » en la personne d’Ivan Putski. Originaire de Cracovie en Pologne, Putski est alors le seul catcheur à porter les couleurs de la Pologne sur les rings de catch.
Avec sa force, Putski repousse Estrada d’un bout à l’autre du ring. Et lorsque ce dernier le met à genoux avec de sales coups de pied, le polonais rétorque en le martelant de coups de poing en pleine poire. Estrada est envoyé en dehors du ring et Putski divertit le public en faisant bouger ses muscles pectoraux. De retour sur le ring, Estrada se fait à nouveau marteler le crâne à coups de poing et aura sans doute besoin d’un petit cachet d’aspirine. Projetant le portoricain dans les cordes, Putski se projette aussi et couche Estrada avec son célèbre Polish Hammer, qui suffit pour le compte de trois.
– Putski est ensuite reçu par Pat Patterson pour une petite séquence promo. Interrogé sur son histoire personnelle, Putski nous donne des détails quant à son enfance en Pologne dans les années ‘40 et la déportation de ses parents en camps de travail. Putski s’affiche ici comme un véritable Champion du peuple et s’identifie à n’importe quel spectateur du Fieldhouse d’Hamburg. Et comme à son habitude, le polonais conclut en proclamant sa « Polish Power » !
MATCH 4 : BLACKJACK MULLIGAN SR. VS VICTOR MERCADO (04:15)
VAINQUEUR : BLACKJACK MULLIGAN SR.
PRISE DE FINITION : CLAWHOLD
APPRÉCIATION : SUPERBE PRÉSENTATION DE MULLIGAN SR.
Briscard des rings endurci, Blackjack Mulligan Sr. n’est pas étranger aux rings de la World Wrestling Federation. En 1971, Mulligan affrontait en effet Pedro Morales, alors Champion du monde, sur le ring du Madison Square Garden. Et en 1975, c’est avec Blackjack Lanza que Mulligan forme les Blackjacks, qui ont fait leur loi de longues années durant. Du côté des Jim Crockett Promotions, Mulligan s’affichait aux côtés de son fiston, en la personne de Barry Windham au sein d’une rivalité avec le Sgt. Slaughter. Présenté en babyface sur les rings de la Mid-Atlantic, il s’affiche ici en heel en compagnie du redoutable « Classy » Freddie Blassie.
Brut de décoffrage, Mulligan Sr. ne laisse aucune chance à son souffre-douleur, qui n’est autre que le portoricain Victor Mercado. Mulligan en impose de par son gabarit alors que son piètre adversaire passe un plutôt sale quart d’heure. Il lui écrase brutalement la gorge sur la corde supérieure et le projette ensuite en dehors du ring. Fidèle à sa réputation de dur à cuire, Mulligan cogne fort et impose sa loi. Il l’emporte avec une Clawhold, utilisant sa main gantée, symbole des Blackjacks. L’arbitre Danny Davis peine à lui faire relâcher la prise alors que Mulligan s’acharnait sur ce pauvre garçon.
MATCH 5 : MR. FUJI & MR. SAITO W/CPT. LOU ALBANO VS VICTOR RIVERA & BARRY HART (06:03)
VAINQUEURS : MR. FUJI & MR. SAITO
PRISE DE FINITION : SAITO SUPLEX
APPRÉCIATION : TRÈS BON SQUASH DES CHAMPIONS
Champions Tag Team depuis octobre ’81, Fuji et Saito n’ont eu de cesse d’accumuler les victoires, jamais sans une pincée de controverse. Toujours sous l’aile du dément capitaine Lou Albano, les japonais se mesurent ce soir à un tandem de circonstances, composé de Barry Hart, futur Barry Horowitz, et de Victor Rivera, originaire de Porto Rico.
Après le rituel sacré de Fuji, Saito commence face au portoricain et l’emmène au sol avec une prise de judo. Les Champions semblent être en grande forme, plus que d’habitude si on se réfère à leurs précédents combats. Point notable, la force de frappe de ce duo, qui semble entièrement reposer sur Masa Saito. Ce dernier est d’une efficacité déconcertante et démolit, lamine purement et simplement ces pauvres garçons. Hart est couché par une méchante Back Souple de Fuji, qui enchaîne avec sa Senton. Et c’est ensuite Saito qui en termine avec une Saito Suplex tonitruante, faisant ressortir les Champions de ce match la tête haute et en ayant fait forte impression.
– Les Champions sont ensuite reçus au micro de Vince McMahon pour une courte promo. Albano part dans une tirade incompréhensible sous le regard dégoûté de McMahon. Le capitaine glorifie ses poulains et affirment qu’ils sont la plus grande équipe qu’il ait jamais managé. Fuji puis Saito prennent ensuite la parole, sous les sifflets de la foule d’Hamburg.
MATCH 6 : JESSE « THE BODY » VENTURA W/FREDDIE BLASSIE VS PETE MITCHELL (03:07)
VAINQUEUR : JESSE VENTURA
PRISE DE FINITION : BODY BREAKER
APPRÉCIATION : C’EST PLUTÔT CLASSIQUE
L’arrogance personnifiée. Tout est dans l’apparence avec Jesse Ventura. Accompagné au ring par « Classy » Freddie Blassie, celui qu’on surnomme « The Body » en raison de son physique saillant, Ventura clôture ce programme et participe donc au tout dernier combat de la collection All Star Wrestling. Il rencontrait alors Pete Mitchell, jobber de la promotion qui catche depuis 1980.
Comme à son habitude, Ventura prends son temps afin de démolir son souffre-douleur de la soirée. Il s’impose en effet avec un catch simple, mais efficace. Sous le sourire sadique de Blassie, Ventura altère entre de gros coups et quelques poses plastiques. Et comme le plus souvent lors de ces rencontres à sens unique, Jesse Ventura en finit avec son terrible Body Breaker, un brise-dos dont on ne sort pas sans difficultés.
Ça y est, c’en est donc fini pour All Star Wrestling. 158 épisodes, 110 heures d’émission, près de 790 matches, le tout s’étalant sur une période comprise entre 1975 et 1982. Une aventure entamée en fin d’année 2019 et qui se termine aujourd’hui. Que de chemin a été parcouru !
– Au terme du visionnage de l’intégralité de ces programmes, Tony Atlas est de ceux qui m’ont le plus impressionné. Ce soir encore, ce formidable athlète s’est imposé avec style, se positionnant encore et toujours comme un solide prétendant à l’or suprême. Du moins lorsque Bob Backlund ne sera plus champion.
– Le même constat peut-être établi pour le représentant de la « Polish Power » Ivan Putski qui figure parmi mes découvertes préférées relatives à cette période. Et encore ce soir, le polonais a fait forte impression, que ce soit sur le ring face à José Estrada, ou lors d’une promo plutôt sympathique.
– Les défaites et les mauvaises décisions de booking auront eu raison de « Cowboy » Bob Orton. En ce début d’année ’82, Orton a en effet quitté le territoire de la Mid-South pour signer à la World Wrestling Federation. Il s’agit d’une acquisition très importante car c’est sur le ring de Vince McMahon qu’Orton ira s’imposer comme une acteur clé du succès de la promotion au milieu des années ’80.
– Après « Cowboy » Bob Orton, c’est un autre transfuge des territoires qui a effectué une brève apparition ce soir. Cette fois-ci en provenance du territoire de la Mid-Atlantic, c’est un Blackjack Mulligan heel que nous avons eu le plaisir de découvrir.
– Surtout, on relevait ce soir l’apparition de nouveaux plans caméra et de nouvelles prises de vues qui ont contribué à fluidifier et à dynamiser l’action proposée sur le ring. Ce type d’ajout, relatif à la retransmission télévisée de ce sport-spectacle, s’inscrit comme une étape supplémentaire de l’évolution du catch professionnel, qui s’apprête à connaître les plus grands succès de son histoire.
Nathan Maingneur