ALL STAR WRESTLING #151
02/01/1982
L’année 81 a été un cru intéressant, riche en rebondissements et en moments de légende comme la World Wrestling Federation sait en produire. De cette guerre sanglante entre le Sgt. Slaughter et Pat Patterson à ces défenses dantesques de Bob Backlund, en passant par la saga Pedro Morales contre Don Muraco ou encore l’émergence de noms tels que Curt Hennig et Jesse « the Body » Ventura, ’81 nous a offert de grandes et belles heures de catch.
Vince McMahon et Pat Patterson ouvrent cet épisode d’All Star Wrestling et donc l’année ‘82 en nous présentant le programme de cette émission, toujours enregistrée au sein du Fieldhouse d’Hamburg en Pennsylvanie. Et on nous annonce sans plus attendre que Greg Valentine affronte ce soir Pedro Morales pour sa ceinture de Champion Intercontinental !
Gary Michael Cappetta s’occupe des présentations et nous précise que l’heure de catch proposée ici est placée sous le contrôle de la Commission Athlétique de Pennsylvanie, présidée par J.J Binds et représentée en ringside par ses officiels. Dr. Gottfried siège en compagnie de Charlie Daniels, notre gardien de la cloche. Les arbitres mandatés pour cet épisode seront Gilberto Roman et Dick Woehrle.
MATCH 1 : JESSE « THE BODY » VENTURA W/FREDDIE BLASSIE VS LEE WONG (04:46)
VAINQUEUR : JESSE VENTURA
PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CLASSIQUE POUR VENTURA
Personnage haut en couleurs s’inspirant des codes de « Superstar » Billy Graham, Jesse « the Body » Ventura incarne une certaine idée du charisme. Accompagné par « Classy » Freddie Blassie, Ventura est copieusement sifflé par le public d’Hamburg et se mesure ce soir à Lee Wong, originaire de Hong Kong.
Comme d’habitude, Ventura s’impose dès les premières secondes de ce combat à sens unique. Il l’emmène au sol avec une clé de bras et le punit ensuite avec de gros coups de coude dans l’arrière du crâne. Wong essaie d’envoyer quelques droites, sans succès. Aux commentaires, Vince et Patterson discutent du passif de Ventura comme garde du corps des Rolling Stones. Ventura l’emporte ensuite sans trop d’efforts grâce à son Canadian Backbreaker, ce pauvre Lee Wong jetant l’éponge presque instantanément à cause de la pression exercée.
MATCH 2 : STEVE TRAVIS VS JEFF CRANEY (04:41)
VAINQUEUR : STEVE TRAVIS
PRISE DE FINITION : TOUR DE HANCHES
INDICATEUR : *
Débutant de l’année ’79, Steve Travis s’était momentanément éloigné du côté du Japon entre 1980 et la fin d’année 1981. Originaire de Charlottesville en Virginie, Travis s’oppose ce soir à Jeff Craney, jobber qu’on aperçoit souvent sur ce territoire.
La cloche sonne et Travis emmène son antagoniste au sol en s’imposant avec un catch et une technique plutôt rodée. Alors que Craney reprenait ses esprits en dehors du ring, son adversaire l’accueille avec une clé de bras assez étrange. Craney lui griffe le visage mais Travis rétorque et le fait à nouveau fuir en contrebas. Le jobber tente une poignée de main mais Travis en a marre et décoche un coup de pied. Un surpassement couche Craney et on croit que ça y est, c’est parti, mais non. Malheureusement et ce, malgré les efforts de ce pauvre garçon, la sauce ne prend pas et le public reste assis sur ses mains. Cerise sur le gâteau, Steve Travis l’emporte avec un simple Snapmare, soit la prise la moins adaptée pour conclure un combat de catch, nous offrant ainsi une fin de match anti-climatique au possible.
MATCH 3 : « GOLDEN BOY » ADRIAN ADONIS W/FREDDIE BLASSIE VS BARRY HART (04:31)
VAINQUEUR : ADRIAN ADONIS
PRISE DE FINITION : « GOODNIGHT IRENE »
APPRÉCIATION : SQUASH CORRECT ET PROMO TRÈS INTENSE
Voyou des rues de New York City, Adrian Adonis est peut-être l’une des révélations de la fin d’année ’81. Transfuge de l’AWA au même titre que Jesse Ventura, Adonis a croisé le chemin de « Classy » Freddie Blassie, son manager. Son défi du soir n’est autre que Barry Hart, qu’on connaît davantage en tant que Barry Horowitz, successeur de Steve King en tant que Saint-Patron des jobbers.
La cloche sonne mais Adonis prends tout son temps pour retirer ses gants et son blouson en cuir noir de motard. Une fois ce numéro terminé, Adonis se rue sur Hart et le balance en contrebas. Il enchaîne méthodiquement avec des coups de genou et une variation du Powerslam. Toutefois, Adonis semble plutôt mou et peu intéressé par son défi du soir. Il se focalise alors sur la jambe de Barry et lui assène de sévères élongations. C’est l’heure de la sieste pour Hart et Adonis l’endort effectivement avec sa Sleeper Hold, élégamment baptisée « Goodnight Irene » par le principal intéressé. Barry Hart tombe dans les bras de Morphée, mais se fait sortir de sa rêverie par une claque dans la nuque.
– Adonis et Blassie sont ensuite reçus au microphone de Pat Patterson. Interrogé sur son écurie de catcheurs, Blassie répond qu’il est plus riche que jamais. Patterson mentionne qu’aucun de ses poulains n’a jamais remporté de ceinture, ce que Blassie justifie comme du favoritisme des arbitres. C’est au tour d’Adonis de prendre la parole et ce dernier nous gratifie d’une promo plutôt intense. Vantant ses mérites, Adonis cite le nom d’un certain Bruno Sammartino, accusé d’avoir pris sa retraite au moment où Adonis serait arrivé. Fais attention à toi, Adrian.
Le restant de cet épisode semble être tiré d’un passage d’un tout récent Championship Wrestling, où eut lieu ce combat tant attendu entre Greg Valentine et Pedro Morales.
MATCH 4 : INTERCONTINENTAL CHAMPIONSHIP MATCH : GREG « THE HAMMER »VALENTINE W/GRAND WIZARD OF WRESTLING VS PEDRO MORALES © (04:21)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE COUNT OUT
INDICATEUR : *** ¼
On ne joue pas avec les nerfs de Pedro Morales. Insulté et menacé à de trop nombreuses reprises par Greg « Hammer » Valentine, le portoricain l’a défié pour un match où son titre de Champion Intercontinental serait remis en jeu. Challenge accepté par Valentine lors du précédent épisode. Les deux hommes se rencontrent cette semaine. La tension est à son comble alors que le public d’Allentown est à fond derrière Pedro et siffle Valentine, encore et toujours flanqué du Grand Wizard of Wrestling.
Valentine lance l’assaut avec des coups qui claquent mais Pedro sait se battre et réponds avec de gros coups de poing. Enfourché et écrasé au tapis, Valentine le supplie à genoux et préfère prendre un temps mort. De retour sur le ring, Greg se mange de gros coups de poing et nous gratifie d’un selling édifiant. Le Champion est plébiscité comme il se doit et communique avec son public, alors que Valentine semble en perdition. Il le couche alors avec un brise-dos, porté à la Billy Robinson, mais est distrait par le Wizard. Cela profite à Valentine qui le projette en dehors du ring. Il le rejoint et lui assène ensuite une souplesse arrière, directement sur le sol en béton. Le choc est meurtrier et les hurlements de terreur de McMahon vous racontent toute l’histoire. Sadique, Greg Valentine essaie ensuite de lui porter sa Figure Four Leglock alors que les médecins accourent.
– C’est à ce moment précis qu’ont accouru Tony Garea, Rick Martel et Ivan Putski, faisant fuir Greg Valentine et son redoutable manager en direction du vestiaire. Cependant, le mal est fait et Morales convulse. Il est ensuite évacué par les catcheurs eux-mêmes, aidés par Gorilla Monsoon.
MATCH 5 : TONY GAREA & RICK MARTEL VS JOSÉ ESTRADA & « BIG » RON SHAW (06:12)
VAINQUEURS : TONY GAREA & RICK MARTEL
PRISE DE FINITION : FLYING CROSSBODY
INDICATEUR : **
On enchaîne avec la suite de ce Championship Wrestling qui nous offrait un match en Tag où figuraient nos anciens Champions Tag Team. Sur le ring, Tony Garea et Rick Martel se tiennent droit et se frottaient ce soir à un tandem composé de José Estrada et de « Big » Ron Shaw. Cette opposition a déjà eu lieu lors de précédentes éditions de ce programme.
Tony commence face à Shaw et ce dernier prend l’avantage en couchant Garea avec une série de Shoulderblocks. Tony fait entrer Martel et comme d’habitude, celui-ci se dépense avec une énergie inépuisable. Enfin, Shaw passe le relais à Estrada. Envoyé en contrebas par le portoricain, Martel se retient et passe Estrada en dehors du ring avec un ciseau de tête. On nous apprends alors que Pedro Morales a été envoyé à l’hôpital le plus proche à la suite de l’agression de Greg Valentine. Les heels isolent Martel mais celui-ci se redonne du poil de la bête et passe le tag à Garea. Le vétéran des rings originaire d’Auckland nous sort une série de sauts chassés et assène un enfourchement sur Shaw, tandis que Martel grimpait sur les cordes. Le québécois s’élance et touche sa cible avec un Crossbody qui lui permet de l’emporter au compte de trois.
MATCH 6 : « MR. USA » TONY ATLAS VS TONY COLON (03:29)
VAINQIEUR : TONY ATLAS
PRISE DE FINITION : MILITARY PRESS SLAM
APPRÉCIATION : BON PETIT SQUASH D’ATLAS
Originaire de Roanoke en Virginie, Tony Atlas est peut-être la révélation de l’année 1981. Cet ancien culturiste est en effet très apprécié du public et dispose d’un physique de dieu grec. Ce soir, Atlas se frotte à un certain Tony Colon, un jobber natif du New Jersey qui ne présente aucun lien de parenté avec la famille Colõn de Porto Rico.
Colon se rue sur Atlas et l’erreur est fatale puisque Tony le sèche avec de gros coups de poing dans le poitrail. Seconde erreur ensuite, lorsque ce pauvre garçon croit pouvoir lui écraser la tête dans le coin. Atlas ne sent rien et la réplique est douloureuse pour Colon. Un coup de tête plus tard, Tony Atlas le soulève à bout de bras, le présente au public tel un trophée de chasse et l’écrase au sol avec son Military Press Slam pour l’emporter au compte de l’arbitre Gilberto Roman.
L’année ’82 commence plutôt bien du côté de la World Wrestling Federation. ’82 sera une année charnière pour l’empire McMahon puisque c’est l’année lors de laquelle Vincent K. McMahon rachète la Capitol Wrestling Corporation à son père, signant le commencement d’une expansion d’envergure napoléonienne qui a mené au monopole du catch américain sous la figure de McMahon.
– Comment est-ce possible d’être aussi peu charismatique ? Malgré ses efforts sur le ring et ceux des promoteurs, le projet Steve Travis ne prend pas du tout. Cerise sur le gâteau, une fin de match complètement ratée qui nous force à oublier ce piètre combat de toute urgence.
– Bien qu’ils ne soient plus les Champions Tag Team, Tony Garea et Rick Martel n’ont rien perdu de leur superbe et nous ont rappelé ce soir qu’ils restent de solide challengers pour ces titres, toujours détenus par les japonais d’Albano, Fuji et Saito.
– Transfuges de l’AWA, Jesse « the Body » Ventura et le « Golden Boy » Adrian Adonis ont impressionné. Toutefois, Adonis semblait ce soir en manque d’énergie, une lacune qui fut rattrapée par une promo intense et passionnée.
– Figure clé de l’année ’81, Tony Atlas s’est arrogé sa première victoire pour l’année ’82 et on espère que c’est le début de quelque chose de grand pour ce catcheur au physique hors-normes.
– La construction de la rivalité entre Greg Valentine et Pedro Morales a fait des étincelles. Lors de leur affrontement tant attendu, Valentine a repoussé toutes les limites en portant une souplesse arrière au Champion, le blessant à la nuque. Ce qui serait de nos jours une action totalement banale est ici dépeint comme la plus vicieuse des offenses. Une chose est sûre, l’histoire est loin d’être terminée entre Greg Valentine et Pedro Morales.
Nathan Maingneur