MID-ATLANTIC CHAMPIONSHIP WRESTLING #41
07/08/1982
Bob Caudle est notre hôte habituel et nous accueille encore et toujours dans l’enceinte des WPCQ-Studios de Charlotte en Caroline du Nord pour cet épisode de Mid-Atlantic Championship Wrestling, émission télé phare des Jim Crockett Promotion, l’ancêtre de la World Championship Wrestling.
– Du changement ! Aux côtés de Caudle se tiennent Jack Brisco et Wahoo McDaniel et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils sont porteurs d’heureuses nouvelles. En effet, difficile de ne pas voir que l’aîné des Brisco Brothers porte à nouveau sa ceinture de Champion du monde, regagnée des mains de Roddy Piper à l’issue d’un âpre combat qui eut lieu du côté de Raleigh en Caroline du Nord. Wahoo s’adresse ensuite à Ric Flair en personne et on nous diffuse un message que le « Nature Boy » a enregistré en amont de son grand retour sur ses terres. On nous apprend également que Jimmy Valiant est notre nouveau Champion TV, après une victoire contre « l’Ours Russe » Ivan Koloff, un changement de titre intervenu lors d’un show non-télévisé qui s’est tenu à Toronto dans l’Ontario au Canada.
MATCH 1 : JACK BRISCO & WAHOO MCDANIEL VS DAVID PATTERSON & BEN ALEXANDER (05:12)
VAINQUEURS : JACK BRISCO & WAHOO MCDANIEL
PRISE DE FINITION : FIGURE FOUR LEGLOCK
APPRÉCIATION : MATCH À QUATRE PLUS QUE CORRECT
Ce tandem de briscards qu’on retrouve ensuite pour le premier combat de la soirée. À eux deux, ces vétérans du catch cumulent près de quarante ans d’expérience sur les rings du monde entier. Ce parcours fut jalonné d’incalculables titres – dont certains figurent parmi les plus prestigieux de cette période. Reconnus pour leur robustesse légendaire, Jack Brisco et Wahoo McDaniel forment une sacrée paire. Ensemble, ils se frottaient ce soir à un duo de choc composé de Ben Alexander et du très bavard David Patterson.
Brisco commence face à Alexander et s’impose avec une technique brute de décoffrage, mais absolument imparable. Wahoo choisit lui aussi de rester au sol mais Alexander en tire profit et réussit à reprendre un léger avantage. Brisco accélère la cadence du combat avec un arsenal plus offensif mais toujours si efficace. Wahoo se lâche et plante Alexander tête la première dans le tapis avec une sorte de Michinoku Driver old-school. Le nouveau Champion en titre enchaîne avec une magnifique Double Underhook Suplex et l’emporte en un peu plus de cinq minutes avec sa Figure Four Leglock. Promenade de santé pour ces vieux loubards, auteurs d’un plutôt bon match à quatre.
MATCH 2 : « BAD » LEROY BROWN W/SIR OLIVER HUMPERDINK VS RON RITCHIE (06:35)
VAINQUEUR : LEROY BROWN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : PLUTÔT BON SQUASH DE BROWN
Cherché dans les couches populaires de la société américaine, l’Amérique des cols bleus – ceux qui triment comme des forcenés sans être reconnus – Leroy Brown a été changé. Changé par l’argent et la vicissitude des dollars de Sir Oliver Humperdink. Sous la tutelle de cet hirsute individu, celui qu’on surnomme « Bad » Leroy Brown a changé d’attitude et s’est mis tous ses anciens collègues à dos, à commencer par Ricky Steamboat. Il rencontrait ce soir le vaillant Ron Ritchie, l’un des tous meilleurs jobbers de ce territoire.
Hyper confiant, Brown s’impose grâce à sa stature imposante. En effet, son gros gabarit lui permet de rester statique face aux attaques de Ritchie. Il le fait voler dans les airs avec un tour de hanches ubuesque et prend le large – usant et abusant de méthodes déloyales. Aux commentaires, Humperdink ose comparer son poulain à André le Géant et croit qu’André ne serait qu’une victime de plus pour Brown. Ritchie se redonne du poil de la bête mais Brown est trop fort, en atteste cet enfourchement porté avec amplitude. Ritchie tente le tout pour le tout avec une série de sauts chassés, mais Brown le calme tout aussi vite et en termine à la suite d’une grosse descente du coude.
– Pvt. Don Kernodle et Pvt. Jim Nelson sont ensuite reçus au micro du présentateur à distance. Titulaires des ceintures de Champions Tag Team de la Mid-Atlantic, les sous-fifres du Sgt. Slaughter apparaissent confiants. Ils nous parlent de la défaite du sergent face à Wahoo McDaniel et font allusion à un énième changement de titre. Ivan Koloff suit et déclare la guerre à tous les catcheurs américains. Il compte tous les battre et les habiller avec une robe pour les humilier. L’argument a très mal vieilli.
MATCH 3 : RICKY STEAMBOAT VS JUAN REYNOSA (05:44)
VAINQUEUR : RICKY STEAMBOAT
PRISE DE FINITION : TOP ROPE CROSSBODY
APPRÉCIATION : ERREUR DE CASTING FACE À RICKY STEAMBOAT
Formé au sein du légendaire camp d’entraînement de Verne Gagne, le jeune Ricky Steamboat a commencé sa carrière du côté de la AWA sous le nom plutôt évocateur de Dick Blood. Passé par la Floride où le promoteur Eddie Graham l’a rebaptisé Ricky Steamboat en raison de sa ressemblance avec un catcheur hawaïen du nom de Sammy Steamboat, ce jeune prodige s’est ensuite fait un nom du côté des Jim Crockett Promotions. Ce soir en solo, il affrontait ce soir l’imposant Juan Reynosa, jobber habitué à ces programmes.
Sans surprises, Steamboat s’impose en faisant preuve d’une technique plus que rodée. Il manque à quelques reprises de se faire surprendre sur le compte de trois par un adversaire qui a sans cesse recours à de sales méthodes, évidemment sifflé par la foule de Charlotte. Face à ce gabarit plus corpulent, Steamboat n’est pas dans son élément et peine à entrer dans sa vitesse de croisière, nous privant de toute l’étendue de son talent. En difficulté après un mauvais coup de genou qui lui semble lui avoir coupé la respiration, Steamboat entre dans un second souffle et enchaîne en déroulant son catch. À l’image d’un phœnix, Ricky Steamboat renaît de ses cendres et l’emporte finalement en un peu moins de six minutes – ce qui est plutôt longuet – avec un joli Crossbody porté depuis la troisième corde.
– Au micro de Bob Caudle, Steamboat s’adresse ensuite à Leroy Brown et souhaite se mesurer à lui et à toute la House of Humperdink. Au retour de la coupure publicitaire, Roddy Piper est à l’écran et un micro allumé se trouve à quelques centimètres de sa bouche. La lune de miel aura été de courte durée puisqu’il se retrouve à nouveau sans ceinture. En arrière plan, Sir Oliver Humperdink et Ivan Koloff le rejoignent et lui proposent de rejoindre la House of Humperdink ! Après une brève hésitation, Piper déchire le contrat et repart au vestiaire d’un pas assuré. Pas de soucis pour Humperdink qui s’adresse ensuite à Jimmy Valiant, alors que Koloff s’excite avec son gant clouté. Purée.
MATCH 4 : PORKCHOP CASH & KING PARSONS VS KEN TIMBS & ALI BEY (06:47)
VAINQUEURS : PORKCHOP CASH & KING PARSONS
PRISE DE FINITION : SAUT CHASSÉ
APPRÉCIATION : MATCH EN TAG PLUTÔT QUELCONQUE
Fruit d’une récente association, ce duo composé de Porkchop Cash et de King Parsons commence seulement à faire parler de lui – sans toutefois faire de vagues. Ligués contre la House of Humperdink, Cash et Parsons ont donc l’appui de la foule même s’ils restent encore une Tag Team de seconde zone. Ils se mesuraient ce soir à une équipe réunie par les circonstances, où nous retrouvons le jobber Ken Timbs et le Turc trapu Ali Bey.
Lancé à toute vitesse, Timbs se heurte rapidement à l’énergique Porkchop Cash, toujours très dynamique entre les cordes. Plus jeune et moins expérimenté que son partenaire, Parsons se retrouve vite isolé dans le mauvais coin, affaibli par une prise de l’ours. Timbs reste sur ses côtes et ne le lâche plus d’une semelle, laissant le soin à Bey de l’envoyer au sol avec des souplesses de lutteur. Et face à cette solide dynamique qui a pu s’installer, même Porkchop a du mal à reprendre son match en main. En difficulté, Cash et Parsons essaient de se relayer mais peinent vraiment à s’en sortir. Finalement, au terme d’un match difficile – et quelque peu anecdotique – Parsons revient en force avec une gros enfourchement sur Ali Bey et enchaîne avec une série de sauts chassés qui feront toute la différence – et qui suffiront pour le compte de trois.
– De retour de la page publicitaire, le présentateur à distance reçoit Mike Rotunda au micro. Timide, Rotunda admet s’être beaucoup amélioré entre les cordes et au-delà. Car le code d’honneur du catch s’applique bien-sûr sur le ring mais aussi en dehors. Rotunda affirme que Paul Jones a tourné le dos à ses fans et laisse la place à Jay Youngblood, couvert d’une magnifique coiffe indienne. L’ancien partenaire de Ricky Steamboat confirme ces rumeurs et en a désormais après un Paul Jones qui aurait bel et bien retourné sa veste.
MATCH 5 : MATT BORNE & THE NINJA W/SIR OLIVER HUMPERDINK VS JAY YOUNGBLOOD & TIM HORNER (01:26)
VAINQUEURS : MATT BORNE & THE NINJA
PRISE DE FINITION : DIVING HEADBUTT
APPRÉCIATION : C’EST JUSTE DOMMAGE POUR JAY YOUNGBLOOD
On termine ce programme avec un énième match à quatre – la grande spécialité de cette promotion qui nous propose même des tournois dédiés qui n’aboutissent pas. Bon d’accord, j’arrête. Et pourtant je n’ai pas tort. Et que cette paire est intéressante, formée par l’intense Matt Borne et le mystérieux Ninja, tous deux membres de la House of Humperdink. Ils rencontraient ce soir l’équipe de choc composée de Jay Youngblood – dont on ne comprends pas trop la présence ici – ainsi que de Tim Horner, perdant tout désigné de ce prochain combat.
Borne saute immédiatement sur Youngblood alors qu’il retirait sa coiffe indienne faite de plumes, mais mal lui en prends car l’amérindien réplique avec une série d’atémis tranchants. Une entrée en matière qui contraste avec l’arrivée d’Horner, qui se décompose face à Matt Borne. Toujours très très intense entre les cordes, Borne enchaîne avec une jolie souplesse arrière et passe le relais au Ninja. Celui-ci grimpe sur la corde du milieu et s’élance pour un Diving Headbutt plutôt impressionnant. Assommé, Horner ne s’en dégagera pas, à la surprise d’un Jay Youngblood qui se retrouve perdant – un peu malgré lui.
– Au micro de Caudle, Borne et le Ninja paradent en compagnie de leur manager, interrogé à propos du refus de Roddy Piper de rejoindre ses rangs. Ils sont ralliés par Leroy Brown qui se pavane, galvanisé par sa victoire du soir et ses récents succès sous la houlette d’Humperdink. Brown s’adresse à Ricky Steamboat et le menace d’en faire un exemple.
Le changement c’est maintenant ! Ça bouge et pas qu’un peu du côté de la Mid-Atlantic Championship Wrestling, ce qui permet de compenser de légères faiblesses sur le ring. Jack Brisco est le nouveau Champion du monde, Jimmy Valiant a arraché le titre de Champion TV des hanches d’Ivan Koloff et plus encore du côté des Jim Crockett Promotions.
– La House of Humperdink, voilà comment s’appelle cette nouvelle faction qui ne manque pas de semer le trouble. Dirigée d’une main de fer par le redoutable Sir Oliver Humperdink, ce petit groupe commence tout doucement à grossir ses rangs et s’est déjà fait de nombreux ennemis. De Ricky Steamboat en passant par Jay Youngblood ou encore Jake Roberts, tous se sont ligués où se liguent contre « Bad » Leroy Brown, Ivan Koloff, Matt Borne et compagnie. Pour l’instant, il n’y a que « Rowdy » Roddy Piper qui a étonnement su résister aux sirènes d’Humperdink, voyons pour combien de temps.
– Si nous n’avons toujours pas de nouvelles du tournoi Tag Team qui nous a occupés une partie de l’année (et désintéressés une autre) cet épisode marque toutefois quelques changements. Jimmy Valiant semble devoir être notre nouveau Champion TV après une victoire face à son rival de toujours en la personne d’Ivan Koloff. Toutefois, l’Ours Russe ne semble pas avoir digéré sa défaite et en a toujours après le « Boogie Woogie Man ». La guerre est encore loin d’être terminée.
– De son côté, Jack Brisco a récupéré son titre de Champion du monde, injustement volé par « Rowdy » Roddy Piper il y a quelques semaines de cela au terme de l’un des meilleurs matches de l’année. À nouveau titulaire du titre le plus prestigieux de la promotion, il y a fort à parier que Jack Brisco se fasse de nouveaux ennemis, et pourquoi pas en la personne d’un autre Champion du monde, qui a annoncé faire son grand retour sur ses terres.
– C’est l’annonce majeure de ce programme. L’actuel titulaire du titre suprême de la NWA, en la personne du « Nature Boy » Ric Flair, a annoncé faire son grand retour sur ses terres. Roi des Carolines, Flair marche sur l’eau en ce milieu d’année ‘82 et demeure un must-see absolu pour n’importe quelle promotion. Wahoo McDaniel et Jack Brisco sont d’ores et déjà aux aguets et il nous tarde de voir ce que nous réserve le « Nature Boy » Ric Flair.
Nathan Maingneur