MID-ATLANTIC CHAMPIONSHIP WRESTLING #42
21/08/1982

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved
Bob Caudle est notre hôte habituel et il nous accueille encore et toujours dans l’enceinte des WPCQ-Studios de Charlotte en Caroline du Nord pour cette édition de Mid-Atlantic Championship Wrestling, l’émission télé vedette des Jim Crockett Promotions, enregistrée en date du 21 août 1982.
– Ric Flair en personne est là et ouvre ce programme au micro de Caudle. Porteur du « Ten Pounds of Gold », Flair dénonce avec véhémence la décision de Jim Crockett Jr. – actuel président de la NWA – d’accorder un match revanche à Wahoo McDaniel. Flair jubile cependant que le conseil d’administration de la NWA s’y soit fermement opposé, menant à la démission de Crockett Jr. au profit de Bob Geigel.
Au retour de la coupure publicitaire, Flair aurait du combattre mais s’est ravisé à la vue de son défi du soir. Il retourne sur le plateau et – presque dégoûté et une remarque raciste à l’appui – refuse de partager le ring avec un vulgaire jobber. Tant bien que mal retenu par quelques lutteurs, Wahoo McDaniel fait irruption en plateau et confronte Flair ! Fier – et toujours si arrogant – Flair veut l’impressionner, remonte sur le ring et se retrouve face à… Jack Brisco ! La douche n’est plus froide, elle est glacée ! La cloche sonne et Flair n’a maintenant plus d’autre choix de l’affronter !
MATCH 1 : « THE NATURE BOY » RIC FLAIR VS JACK BRISCO (10:52)
VAINQUEUR : JACK BRISCO
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : *** ¾
Trêve de présentations, le curriculum vitae de ces deux légendes vivantes du catch se suffit à lui-même. Il est déjà rarissime que le Champion de la NWA apparaisse lors des ces programmes, mais alors de rencontrer le Champion régional en titre ! C’est une affiche historique que nous offrent ce soir les Jim Crockett Promotions. Aucune des ceintures ne sera ce soir remise en jeu. Il s’agit tout simplement d’un combat d’homme à homme entre deux des meilleurs catcheurs de la planète.

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Briscard invétéré et fier représentant de son territoire, Brisco ouvre la danse avec une clé de bras solidement cramponnée, ponctué par les cris de douleur du Champion. Flair revient avec ses célèbres atémis et emmène Brisco au tapis mais celui-ci est un meilleur lutteur amateur que lui et il le démontre une fois encore – malgré son âge déjà avancé. Image incroyable, Flair le plante tête première dans le ring avec un marteau-pilon. On n’a pas souvent vu Ric Flair porter un Piledriver ! Une souplesse arrière est parfaitement contrée par Brisco qui enchaîne avec sa prise du sommeil. Même en perdition, Flair est alerte et s’en sort avec un vicieux brise-jambe. Flair enchaîne avec sa célèbre Figure Four Leglock, mais Brisco la connaît cette prise. Et il sait exactement comment la retourner, provoquant l’atroce agonie du Champion du monde. Brisco le coince ensuite dans sa version de la prise en quatre – un brin différente de celle de Flair. Et comme Brisco avant lui, Flair sait lui aussi comment s’en sortir. Et au terme d’une joute éprouvante, Brisco l’enroule en petit paquet à la suite d’un effort surhumain. L’arbitre compte 1..2.. et 3 ! Le public explose et Jack Brisco l’emporte contre toute attente – sans tricheries et sans interventions – contre ni plus ni moins que le Champion du monde en titre.
– Mauvais perdant, Flair l’agresse immédiatement sous les sifflets du public. Wahoo McDaniel s’interpose alors, occasionnant la fuite du Champion qui s’en retourne – vert de rage – du côté de Caudle, avant de prendre la tangente et de repartir en vitesse au vestiaire.
MATCH 2 : « ROWDY » RODDY PIPER & « BOOGIE WOOGIE MAN » JIMMY VALIANT VS JIM DALTON & KEN TIMBS (02:10)
VAINQUEURS : RODDY PIPER & JIMMY VALIANT
PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD
APPRÉCIATION : CES DEUX LÀ FORMENT UN SACRÉ TANDEM !
Qu’est-ce que c’est que ce tandem ! Alors que les enceintes des WPCQ-Studios crachent le morceau « Boy From New York City » de The Manhattan Transfer et ambiancent le public, Jimmy Valiant effectue son entrée en compagnie de – non vous ne rêvez pas – « Rowdy » Roddy Piper en personne. Il gèle donc bien en enfer. Le nouveau Champion TV – récemment victorieux d’Ivan Koloff – parade fièrement avec sa ceinture ainsi qu’avec un petit poste de radio duquel jaillit les notes de sa musique. Sur le ring, Ken Timbs et Jim Dalton patientent au milieu de tout ce raffut.
Piper ne perds pas une seconde et – alors que Valiant n’a pas encore fini de danser – il se déchaîne déjà contre ces pauvre gars. De manière invraisemblable – surtout au vu de l’improbabilité de ce nouveau duo – Valiant et Piper s’entendent à merveille. Fidèles à leur nature hyperactive et imprévisible, ces sacrés trublions n’hésitent pas à contourner les règles mais sans faire d’eux des sales types pour autant. Très vite, Piper endort Timbs avec sa prise du sommeil qui lui permet de l’emporter en un peu moins de trois minutes.
– Furieux, Jim Dalton fait irruption au micro de Caudle et – légèrement édenté – dénonce les tricheries de ses adversaires. À ses côtés, Ken Timbs semble avoir le nez cassé et accuse Piper de l’avoir frappé avec un objet contondant. Groggy, Timbs semble être un peu à côté de la plaque et, après la gueulante poussée par Dalton, Caudle rend l’antenne pour une courte page de publicité.
MATCH 3 : « N°1 » PAUL JONES W/SIR OLIVER HUMPERDINK VS KEITH LARSON (05:01)
VAINQUEUR : PAUL JONES
PRISE DE FINITION : BRAINBUSTER
APPRÉCIATION : MATCH DE CATCH PLUS QUE CORRECT
Autrefois respecté et apprécié de toutes et tous, Paul Jones a retourné sa veste et se range désormais du côté des méchants. Et dans ce coin des territoires, c’est Sir Oliver Humperdink qui fait régner son régime de terreur avec sa House of Humperdink. Plus tout jeune non plus – âgé de quarante ans en cette année 1982 – Jones se mesurait ce soir au jeune Keith Larson, jeune garçon bourré de talent mais trop souvent relégué à des seconds rôles.
Surpris par la fougue de son adversaire, Jones se laisse un peu surprendre mais revient en force avec de sales coups de genou dans l’abdomen de Larson. Brut de décoffrage, Jones y va de méchants coups de poing dans le foie qui plient de douleur ce pauvre Larson. En cours de route Humperdink, rejoint Caudle pour commenter les exploits de son nouveau poulain. Courageux, Larson revient avec un saut chassé et accule Jones dans l’un des coins. Mais Jones est un roublard et profite de ses années d’expérience pour reprendre le dessus sur son adversaire. Distrait par la présence d’Humperdink, Larson se fait avoir comme un bleu et succombe en moins de cinq minutes à un redoutable Brainbuster.
– De retour en plateau, Caudle est rejoint par un « Rowdy » Roddy Piper remonté comme une horloge. Le « Hot Rod » remet les pendules à l’heure et assure qu’il n’est en aucun cas un héros et qu’il reste un sale type – dans tous les sens du terme. Piper déteste la House of Humperdink et se moque bien d’eux, en particulier de Gene Anderson dont l’imitation est hilarante. Son acolyte cocaïné, en la personne de Jimmy Valiant, le rejoint alors avec son petit poste de radio. Ils terminent alors cette interview en mettant le capharnaüm sur le plateau d’un Caudle bousculé par ces sacrés loubards.
MATCH 4 : SGT. SLAUGHTER VS JAKE « THE SNAKE » ROBERTS (04:54)
VAINQUEUR : SGT. SLAUGHTER
PRISE DE FINITION : SLAUGHTER CANNON
INDICATEUR : ** ½
Ennemi juré de Wahoo McDaniel avec lequel ils s’entretuent depuis de longs mois, le Sgt. Slaughter apparaît ce soir coiffé de son chapeau orné de plumes indiennes qu’il aurait arrachées de la coiffe du chef amérindien, une provocation de plus à l’égard de son rival. Il se mesurait ce soir à l’un des meilleurs talents de la promotion et l’une des futures étoiles filantes du catch nord-américain, en la personne de Jake « The Snake » Roberts que nous retrouvons en solo pour notre plus grand plaisir.
Agile et habile entre les cordes, Roberts surprends son large adversaire d’entrée de jeu. On voit que le sergent n’a pas l’habitude de se heurter à plus fort que lui. Mais Slaughter est une brute épaisse et revient avec de gros coup dans l’abdomen de Roberts qui lui coupent le souffle. Bagarreur et fils de bagarreur, Roberts revient avec un méchant coup de genou qui envoie la mâchoire de Slaughter dans les premiers rangs. C’est un véritable duel aussi viril que puissant. Les coups portés le sont pleinement – sans retenue. Les deux lutteurs s’écroulent à la suite d’une Lariat un peu manquée du sergent, qui témoigne de l’épuisement dans lequel se trouvent déjà les deux hommes. Roberts revient avec une série de Knee Lifts mais, au moment de porter le coup final, Jake Roberts se fait décapiter par une Lariat désespérée de Slaughter, qui y a mis tout ce qui restait en lui. Victoire de Slaughter au terme d’un match extrêmement compétitif lors duquel Roberts a brillé.
– Nous sommes de retour sur le plateau avec Sir Oliver Humperdink qui apparaît aux côtés de Gene Anderson, qui a apparemment rejoint les rangs de la House of Humperdink. Bourré de tics et de gesticulations étranges, Anderson menace Wahoo McDaniel qu’il affrontera dans le dernier combat de la soirée.
MATCH 5 : « CHIEF » WAHOO MCDANIEL VS GENE ANDERSON W/SIR OLIVER HUMPERDINK (02:28)
VAINQUEUR : WAHOO MCDANIEL PAR DQ
PRISE DE FINITION : INTERVENTION DE SIR OLIVER HUMPERDINK
APPRÉCIATION : FIN DE MATCH UN PEU QUELCONQUE
Cinquième et dernière affiche de ce programme, ce combat verra s’opposer deux vétérans des rings, deux authentiques briscards qui ont des années de chutes sur les rings de la planète entière à leur actif. Ancien partenaire d’Ole Anderson, Gene Anderson a récemment rejoint la House of Humperdink, mettant un terme provisoire à son association avec le promoteur de la Georgia Championship Wrestling. Il rencontrait ce soir Wahoo McDaniel, vu plus tôt dans la soirée aux prises avec notre Champion du monde.
C’est un véritable clash de grognards auquel nous avons droit, Wahoo faisant pleuvoir ses atémis qui claquent dans toute la salle. Bien qu’âgé de quarante trois ans, Anderson en fait facilement vingt de plus. Humperdink rôde en dehors du ring mais Wahoo ne laisse pas déconcentrer pour autant. Le Sgt. Slaughter et Ivan Koloff investissent ensuite les abords du ring et ça ne sent pas très bon pour Wahoo. En effet, Humperdink lui retient alors la jambe, occasionnant la disqualification de son poulain. Mais cette intervention ne donnera pas suite, les heels repartant en direction du plateau.
– On termine cette émission avec toute la House of Humperdink au micro de Caudle. De Leroy Brown à Ivan Koloff, en passant par Gene Anderson, ils sont tous là. Ils veulent s’en prendre à Roddy Piper, mais aussi à Ricky Steamboat. Sgt. Slaughter s’invite à la fête et annonce qu’il affrontera prochainement Wahoo McDaniel dans un Indian Strap Match ! Ils se tueront ces deux-là !
Sans nul doute l’une des meilleures éditions de Mid-Atlantic Championship Wrestling à date – et assurément l’une des meilleures de l’année 1982. Ric Flair affronte Jack Brisco, Sgt. Slaughter se mesure à Jake « The Snake » Roberts, la présence électrisante de« Rowdy » Roddy Piper et plus encore !
– Est-ce que je rêve où est-ce que « Rowdy » Roddy Piper aurait entamé un face turn ! Si j’en crois ce que j’ai vu, je dirai que Piper a simplement évolué de manière organique dans l’esprit de la foule en refusant de rejoindre les loubards d’Humperdink. Associé à Jimmy Valiant le temps d’un soir – et peut-être pour plus longtemps – Piper a prouvé qu’en heel ou qu’en babyface, il sait tout faire. Il est parfait.
– Ce programme marquait également le retour en solo de Jake « The Snake » Roberts – à mon plus grand bonheur. Opposé au Sgt. Slaughter lors d’un combat compétitif et sportif, Roberts a tenu la dragée haute au sergent. Et même s’il n’a pas remporté la rencontre, il a su séduire la foule avec un catch mature et affirmé. On n’imagine que du positif pour ce jeune catcheur qui n’est encore qu’aux balbutiements de sa grande carrière.
– En 1982, la simple présence du « Nature Boy » Ric Flair sur n’importe quel programme télévisé est un must-see pour n’importe quel promoteur. Champion du monde poids-lourds de la National Wrestling Alliance, Flair marche sur l’eau et semble tout simplement intouchable. Homme à abattre du circuit nord-américain, Flair est la cible des meilleurs catcheurs d’Amérique du Nord et demeure – encore pour un temps – le porte-étendard de la NWA.
– Nom de dieu ce match de catch ! Croyant d’abord devoir se salir les mains face à un jobber, Ric Flair s’est retrouvé pris à son propre jeu. Voulant impressionner son challenger du moment – en la personne de Wahoo McDaniel, le Champion s’est retrouvé – à son plus grand regret – opposé à Jack Brisco. Et purée, ce n’est pas souvent que nous avons droit à ce genre de matches, au moins pas depuis ce combat dantesque entre Brisco et Roddy Piper. Leçon de catch à l’ancienne, performance physique de haute volée et de l’action du début à la fin, ces deux légendes auront tout donné et – fait plutôt rare pour être souligné – Flair s’est couché face à Jack Brisco, lui offrant une victoire magnifique et un moment qui l’est d’autant plus.
Nathan Maingneur