MID-SOUTH WRESTLING #1

MID-SOUTH WRESTLING #1

12/12/1981

Mid-South Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

À l’origine, Mid-South Wrestling est né d’un regroupement de plusieurs territoires opéré à la suite de la fondation de la National Wrestling Alliance en 1948. Ce territoire appartenait à Leroy McGuirk (1910-1988) et comprenait les États du Tri-State que sont la Louisiane et le Mississippi. Au milieu des années 1970, la tête d’affiche de la promotion est un certain « Cowboy » Bill Watts. En 1979, et grâce à l’appui d’autres promoteurs, Watts achète le territoire et le renomme Mid-South Wrestling. L’une de ses premières grandes mesures fut de retirer son territoire de la tutelle de la NWA, comme Verne Gagne en 1960 et comme le fera Vincent J. McMahon en 1983. Toutefois, le « Ten Pounds of Gold » continuait d’y être défendu. Au début des années 1980, le territoire s’agrandit et récupère l’Arkansas, puis l’Oklahoma en 1982. En 1985, Watts est convié à rejoindre Ted Turner sur le SuperStation TBS Network. À la suite de désaccords entre promoteurs, de lourdes pertes financières et du rachat par Jim Barnett du créneau horaire que désirait Watts, celui-ci n’a alors d’autre option que de revoir sa copie. C’est alors que Watts décide de fonder une fédération qui se voulait être une sorte d’alternative à la World Wrestling Federation, une promotion de catch ambitieuse et gérée plus sérieusement. C’est la naissance de l’Universal Wrestling Federation en 1986, dont le succès a été aussi fulgurant qu’éphémère. 


Boyd Pearce est notre hôte et nous présente le programme de Mid-South Wrestling. Ce soir à l’affiche, des noms tels que Paul Orndorff, Junkyard Dog ou encore Ted DiBiase. Ancien commentateur de la WCWA, Pearce est accompagné du « Big Cat » Ernie Ladd, à ses côtés tout au long de cet épisode. En cette fin d’année 1981, les enregistrements de Mid-South Wrestling sont réalisés dans les KTBS-TV Studios de Shreveport en Louisiane. 


MATCH 1 : BRIAN B. BLAIR VS THE MONK (03:03)

VAINQUEUR : BRIAN B. BLAIR 

PRISE DE FINITION : ABDOMINAL STRETCH SLAM 

APPRÉCIATION : BONNE PERFORMANCE DE BRIAN BLAIR 


Grimé en moine et vêtu d’une soutane marron, ce compétiteur est annoncé de contrées inconnues. Sobrement appelé Le Moine, ce garçon n’a pas franchement une dégaine de combattant. Son antagoniste n’est autre que Brian B. Blair, originaire de Gary dans l’État de l’Indiana. Entraîné par Hiro Matsuda, Blair a commencé sa carrière sur les territoires de Floride et de Kansas City entre 1975 et 1977. Au début des années 80, Blair a écumé les rings du Tri-State Territory et de la World Class Championship Wrestling de Dallas. C’est à cette période que Brian s’affute et apparaît du côté de la Mid-South Wrestling en cette fin d’année 1981. 

Les premiers échanges sont totalement remportés par Brian qui affiche un catch offensif. Le moine subit alors plus qu’autre chose et peine s’imposer sur le terrain technique. Aux commentaires, Ladd est excellentissime et harangue à peu près tout le monde, et surtout André le Géant. Brian s’impose avec une descente de la cuisse, suivie d’un saut chassé. Le moine est envoyé en l’air avec un surpassement et termine dans un Abdominal Stretch de Blair. Celui-ci l’écrase alors au sol et en cadenassant ses jambes, l’emporte au compte de trois de l’arbitre. 


MATCH 2 : KING COBRA VS TOM RENESTO JR. (03:34)

VAINQUEUR : KING COBRA

PRISE DE FINITION : COUP DE TÊTE 

APPRÉCIATION : SQUASH SANS GRAND INTÉRÊT 


Originaire de Memphis dans le Tennessee, King Cobra a commencé sa carrière en 1976 en catchant en Floride et pour la Continental Wrestling Association. En 1979, King Cobra rejoint Mid-South Wrestling et y reste jusqu’en 1982. Son défi du soir n’est autre que Tom Renesto Jr. Ce dernier est le fils de Tom Renesto Sr, moitié des célèbres Assassins avec Jody Hamilton. Renesto a débuté en 1978 et a essentiellement combattu pour quelques fédérations du Sud-Ouest des États-Unis. 

C’est Cobra qui prends le premier l’avantage en couchant Renesto avec plusieurs coups d’épaule et une série de sauts chassés. On ne note rien de pertinent du côté de Renesto qui passe l’essentiel du match à remettre ses bretelles. Celui-ci esquive un saut chassé mais cela ne lui permet toutefois pas de reprendre l’avantage. Un surpassement couche Renesto qui se mange ensuite un gros coup de tête de Cobra. Sonné, Renesto Junior ne se relève pas du compte de trois de l’arbitre Alfred Neely. 


MATCH 3 : ED WISKOWSKI VS JIM GARVIN (05:23)

VAINQUEUR : ED WISKOWSKI

PRISE DE FINITION : GUTBUSTER 

INDICATEUR : * ¾ 


Entraîné par Harley Race et par Lord Littlebrook, Ed Wiskowski est une force de la nature. Originaire de St. Joseph dans le Missouri, ce compétiteur d’origine polonaise en impose de par sa stature. Débutant sa carrière en 1972, ce grand gaillard s’est d’abord illustré en Tag Team avec « Playboy » Buddy Rose sur le territoire de Portland. Son antagoniste ce soir se nomme Jimmy Garvin. Issu de Tampa en Floride, Garvin a commencé sa carrière au début des années 70 et s’est baladé entre sa Floride natale et le Tri-State Territory. Ce n’est que le prélude d’une carrière qui connaît son sommet à la WCCW, d’abord avec son valet Sunshine puis au sein des légendaires Fabulous Freebirds avec Terry « Bam Bam » Gordy et Michael « P.S » Hayes. 

Jimmy Garvin

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Malgré une aisance technique et une agilité impressionnante, Garvin est sans cesse freiné par le gabarit de Wiskowski. Jimmy fait l’erreur de tenter une prise de force et se retrouve cloué au sol. Chacune des tentatives de Garvin est avortée par la puissance des coups de Wiskowski. Celui-ci domine l’entièreté des débats grâce à sa force écrasante. Ce n’est pas faute de tentatives que Garvin essaie de l’emporter, mais c’est bien Ed Wiskowski qui s’impose avec un écrasement de la gorge sur le haut des cordes, suivi d’un Gutbuster qui ne laissait aucune chance à Garvin. C’est plutôt dommage car Jimmy Garvin aurait mérité de remporter cette rencontre. 


– Pearce et Ernie Ladd s’apprêtent à nous diffuser une séquence d’un combat impliquant le Junkyard Dog. On nous montre alors un extrait d’un combat entre l’ancien Big Daddy Ritter et Terry Orndorff. Lors de ce match, Terry a reçu l’aide de Paul Orndorff et de Bob Orton Jr. Bien que JYD ait été rejoint par Mike George, la force du nombre a eu raison du Junkyard Dog. 


MATCH 4 : JUNKYARD DOG & MIKE GEORGE VS AARON HOLT & JERRY NOVAK (01:01)

VAINQUEURS : JUNKYARD DOG & MIKE GEORGE

PRISE DE FINITION : RUNNING POWERSLAM

APPRÉCIATION : JYD EST UNE SUPERSTAR DU CATCH 


Sur le ring, un duo de catcheurs patiente sagement alors qu’on attend l’entrée imminente de leurs antagonistes. Il s’agit de Jerry Novak et d’Aaron Holt. Le premier est originaire de Tombstone en Arizona et a commencé sa carrière en 1972, première étape d’un parcours qui s’étale jusqu’en 1984. Peu d’informations concernant Aaron Holt, si ce n’est pour dire que celui-ci a catché pour la CWA et la Mid-South Wrestling entre la fin des années 70 et le milieu des années 80. Et c’est au son de « Another One Bites The Dust » de Queen que le Junkyard Dog effectue ensuite son entrée, reçu en héros par le public de Shreveport. Il est accompagné de Mike George, catcheur entraîné par Harley Race et qui a notamment catché sur les rings de Floride, du Kansas et de St. Louis dans le Missouri. 

George commence face à Novak et se fait entendre à coups de poing dans le visage. En très peu de temps, le combat dégénère et Holt comme JYD grimpent sur le ring. Jerry est alors envoyé en contrebas tandis que le Dog couche Holt avec un gros enfourchement. Il l’emporte ensuite en le soulevant à bout de bras pour son célèbre Powerslam, qui clôture ce match en l’espace d’une courte minute. 


MATCH 5 : THE IRON SHEIK W/SKANDOR AKBAR VS BUDDY RYAN (02:32)

VAINQUEUR : THE IRON SHEIK

PRISE DE FINITION : GERMAN SUPLEX

APPRÉCIATION : TRÈS BON SQUASH DE L’IRON SHEIK


 Anciennement appelé The Great Hossein of Iran, Khosrow Vaziri est désormais managé par Skandor Akbar et porte le nom de The Iron Sheik, né entre 1980 et 1981 lors de son passage sur les rings des Jim Crockett Promotions. Après une série de rencontres face à Sweet Ebony Diamond, Ricky Steamboat, Blackjack Mulligan ou encore Dusty Rhodes, le Sheik a rejoint Mid-South Wrestling en ce mois de septembre. Accompagné par l’ancien protégé de Fritz Von Erich et de Freddie Blassie, en la personne de Skandor Akbar, l’Iron Sheik porte fièrement un drapeau de l’Iran, agité dans les airs dans l’objectif de susciter la colère du public nord-américain. 

Au son de la cloche, l’Iron Sheik cogne fort et martèle ce pauvre Buddy Ryan. Il enchaîne avec une Butterfly Suplex portée avec force. Le Sheik ne manque pas une seule occasion d’haranguer la foule et ne cesse de relever l’épaule de ce pauvre garçon. L’Iron Sheik est véritablement le maître des souplesses et n’épargne pas son souffre-douleur de la soirée. Sous les encouragements de ce diable de Skandor Akbar, l’Iron Sheik l’emporte en moins de trois minutes avec une German Suplex portée avec fermeté. 


MATCH 6 : DIAMOND LIL & RICK FERRARA VS BARBIE DOLL & TONY CHARLES (05:16)

VAINQUEURS : BARBIE DOLL & TONY CHARLES

PRISE DE FINITION : SIT-OUT SPLASH 

APPRÉCIATION : ATTRACTION FARFELUE ET PASSÉE DE MODE


Des combats de nains au Madison Square Garden, nous voici face à un match mixte où figurent des catcheuses naines, une première pour ma part. Dans le coin rouge, Diamond Lil a été entraînée par The Fabulous Moolah au début des années 1960. Celle-ci s’allie ce soir avec Rick Ferrara, ancien catcheur du Tri-State Territory, qui a incarné le frère fictif de Ivan Putski, sous le nom d’Igor Putski. Ferrara s’appelle en réalité Pierre Bonnet et est né en France, à Dijon. Dans le coin bleu, Barbie Doll est appréciée du public et catche avec Tony Charles, originaire du pays de Galles. Ce dernier est considéré comme l’un des plus fins techniciens de son temps. Il a d’abord catché en Europe entre 1960 et 1967 et a alors poursuivi sa carrière sur les rings de la NWA de 1972 à 1983. 

Les femmes commencent et s’échangent quelques courtoisies. Barbie Doll est projetée en contrebas tandis que Lil Diamond prend l’avantage, aidée par l’enseignement de l’une des plus grandes maîtresses du ring, en la personne de Moolah. Barbie fait entrer Charles qui se retrouve alors aux prises avec Ferrara. Il l’emmène au sol avec un ciseau de tête et s’ensuit une plutôt bonne séquence de Mat Wrestling. Se sortant d’un Boston Crab, Tony Charles repasse le tag à Barbie Doll. Soulevée en surpassement, Diamond subit ensuite une descente du postérieur de Doll et ne se relève pas du compte de l’arbitre.


MATCH 7 : PAUL ORNDORFF VS TED DIBIASE (07:00)

VAINQUEUR : AUCUN 

PRISE DE FINITION : TEMPS RÉGLEMENTAIRE DÉPASSÉ

INDICATEUR : ****


Originaire d’Omaha dans le Nebraska, Ted DiBiase a d’abord été entraîné sur le territoire d’Amarillo au Texas par Terry et Dory Funk. Après un court passage à la World Wrestling Federation en 1979, DiBiase a écrit la grande histoire du catch professionnel. Sa ceinture de Champion nord-américain a en effet été unifiée avec celle de Pat Patterson, Champion sud-américain, ce qui a donné naissance à la ceinture de Champion Intercontinental, remportée par Patterson en 1979. En cette fin d’année 1981, DiBiase peut se targuer de s’être mesuré à Ric Flair, One Man Gang ou encore à celui qui sera son antagoniste ce soir. Après un début de carrière sur les terrains de football, Paul Orndorff a commencé sa carrière de catcheur en 1976. Sur les rings de Memphis, Orndorff s’est entre autres frotté à Jerry Lawler. Entre 1978 et 1980, Orndorff a combattu sur les rings du Tri-State Territory, de l’Alabama et de la Mid-South Wrestling. C’est ici que Paul Orndorff a pu se mesurer à Jake Roberts, Dusty Rhodes, Junkyard Dog et Ted DiBiase, qui l’a battu pour son titre de Champion nord-américain en novembre de cette année. 

Paul Orndorff

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

L’électricité est palpable et cela se ressent dès les premiers contacts entre ces catcheurs. On sent qu’ils se connaissent par cœur et que chaque erreur peut leur être fatale. À tour de rôle, chacun marque son territoire en surprenant l’autre avec un tombé. C’est DiBiase qui prends alors l’avantage avec une clé de bras, tenue dans le dos d’Orndorff. Celui-ci s’en sort avec de sales coups de coude dans la mâchoire et emmène DiBiase s’éclater le crâne dans l’un des coins. Orndorff reprends la main et lui porte de gros coups de genou et de pied. DiBiase revient en force et parvient à placer sa Figure Four Leglock à Orndorff, alors que le public est en ébullition. Orndorff souffre, mais grâce à sa puissance, réussit à retourner la prise. La pression est atroce et malgré toute l’insistance d’Orndorff, DiBiase résiste en mordant le tapis. Pearce et Ladd nous informent que l’émission touche à sa fin alors que DiBiase agonise. Finalement, la cloche retentit, signe que le temps d’antenne est dépassé. Toutefois, Ted DiBiase n’a pas abandonné et a ce soir prouvé qu’il fait partie des plus grands. 


À l’occasion de ce premier article consacré à l’histoire télévisée de Mid-South Wrestling, cet épisode nous plonge directement au cœur de ce territoire de la NWA. Et bien que les matches ne furent pas forcément tous d’une finesse exceptionnelle, c’est un bon moyen d’y retrouver des noms tels que Ted DiBiase, Paul Orndorff ou encore Junkyard Dog qui semble être la tête d’affiche de la promotion. 

– Parmi ces noms, on y retrouve également The Great Hossein, renommé The Iron Sheik lors de son passage dans les Carolines. Managé par Skandor Akbar, ce personnage est l’anti-héros parfait pour n’importe quelle promotion, surtout en cette période de tension où les États-Unis ont connu la crise en Iran. 

– Cet épisode est également l’occasion de découvrir de jeunes catcheurs qui atteindront leurs sommets dans d’autres promotions. C’est le cas de Brian B. Blair, qui ira former les Killer Bees avec Jim Brunzell du côté de la World Wrestling Federation et de Jim Garvin, futur membre des Fabulous Freebirds. 

– C’est peut-être un détail, mais je tiens à souligner que ce programme a été commenté avec maestria par un Ernie Ladd excellentissime. Que ce soit sur le ring comme au micro, Ladd est réellement le « King of Wrestling ». 

– Curieuse attraction que ce match mixte qui comptait la présence de catcheuses naines. Après les combats de lilliputiens au Madison Square Garden, Mid-South Wrestling nous a proposé un matches de lilliputiennes ! Et pourquoi pas, même si ce spectacle de genre « Freak Show » semble définitivement passé de mode. 

– On a eu du catch et même du très bon catch ! Le clou du spectacle mettait aux prises Ted DiBiase et Paul Orndorff, deux catcheurs qui se connaissent très bien et qui ont déjà croisé le fer à de nombreuses reprises. Le résultat fut un petit bijou de catch, toutefois coupé par la limite de temps réglementaire. La rencontre aurait encore pu durer un quart d’heure tant ce fut bon, merci messieurs !

– La star du programme, c’est indéniablement le Junkyard Dog. En guerre avec Orndorff, JYD semble être l’un des catcheurs les plus charismatiques et les plus électriques de la promotion. Il est également considéré, à une époque où le racisme occupe une place de premier rang dans le monde du sport, comme le premier catcheur noir a être mis en avant de la sorte aux États-Unis, contribuant à briser les barrières pour les générations futures de catcheurs noirs. 

Nathan Maingneur

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