MID-SOUTH WRESTLING #36
28/08/1982

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Boyd Pearce est notre hôte et il nous accueille – encore et toujours – sur le plateau du Irish McNeil’s Boys Club de la petite bourgade de Shreveport en Louisiane pour une nouvelle édition de la Mid-South Wrestling. À ses côtés pour commenter ce programme se trouve un Skandor Akbar qui affiche une bien triste mine.
– Akbar l’a mauvaise car l’un de ses protégés – en la personne de Killer Khan – a perdu son titre de Champion de la Louisiane contre « Iron » Mike Sharpe à la suite d’une intervention du Colonel Buck Robley. Pour enfoncer le clou, on nous remontre les images de cette victoire triomphale. Plus tard dans la soirée, un Akbar remonté comme une pendule prit volontairement la place du One Man Gang pour affronter ce même Robley, le tout se terminant en un beau bazar.
MATCH 1 : « IRON » MIKE SHARPE VS MIKE BOND (01:41)
VAINQUEUR : « IRON » MIKE SHARPE
PRISE DE FINITION : PILEDRIVER
APPRÉCIATION : PERFORMANCE EXPÉDITIVE DU NOUVEAU CHAMPION
Et Akbar devra prendre son mal en patience puisque nous commençons justement cette émission avec notre nouveau Champion de la Louisiane. De plus en plus apprécié par le public du « Pelican State », ce canadien originaire d’Hamilton dans l’Ontario a grimpé les échelons en tassant les vertèbres de ses antagonistes à coup de marteaux-pilons. Et ce diable d’Akbar n’y aura pas échappé – lui qui s’était jadis retrouvé avec une minerve autour du cou. « Iron » Mike Sharpe s’échauffait ce soir face au grand Mike Bond, jobber sans lien de parenté avec le célèbre agent secret britannique.
Trapu, Sharpe s’impose grâce à sa force brute – une puissance déconcertante de bûcheron canadien. Lorsque la cadence s’accélère, Sharpe a un peu plus de mal à suivre le rythme et Bond en profite alors pour envoyer quelques coups. Mais Sharpe rétorque avec un bon coup de poing dans le panier à pain et l’emporte très rapidement avec son marteau-pilon, enfonçant les vertèbres de ce grand garçon dans le tapis du ring.
MATCH 2 : KILLER KHAN VS COCO SAMOA (02:18)
VAINQUEUR : KILLER KHAN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CORRECT MAIS ENCORE UNE FOIS UN PEU PRESSÉ
Allégé de son titre de Champion de la Louisiane, Killer Khan n’en reste pas moins l’un des catcheurs les plus redoutés du circuit nord-américain. Ramené des steppes arides de la Mongolie par « Classy » Freddie Blassie à la World Wrestling Federation lors d’un voyage en Orient à la fin de l’année 1980, Khan s’était illustré en brisant la jambe d’André le Géant. On peut difficilement faire pire comme début. Natif de Tsubame, dans la Préfecture de Niigata au Japon, Khan se mesurait ce soir à une ancienne figure de la Mid-South, en la personne de Coco Samoa, originaire des îles Pango-Pango.
Sans sa ceinture, Khan semble encore plus agressif qu’auparavant et déchaîne d’emblée un arsenal de frappes aussi vicieuses que douloureuses. Le samoan essaie tant bien que mal de lui répondre mais Khan ne lui laisse aucune fenêtre de tir et l’asphyxie avec un catch extrêmement brutal. Il le décapite littéralement en le relâchant brusquement sur la corde supérieure et l’emporte ensuite – encore une fois très rapidement – avec une grosse descente du genou portée depuis la corde du milieu. Coco Samoa n’aura pas pu faire grand chose.
MATCH 3 : « HACKSAW » JIM DUGGAN VS FRANK MONTE (04:08)
VAINQUEUR : « HACKSAW » JIM DUGGAN
PRISE DE FINITION : BRISE-DOS
APPRÉCIATION : MATCH UN PEU MOYEN ET SANS GRAND INTÉRÊT
Homme fort de Ted DiBiase, l’imposant « Hacksaw » Jim Duggan apparaît ce soir en solo, sans la présence du Champion nord-américain à ses côtés. Une barbe fournie, de longs cheveux bruns et un physique de colosse, Duggan s’est métamorphosé et est à des années lumière du garçon moustachu un peu grassouillet qui se faisait apprendre le métier à la dure par des Sgt. Slaughter et autres Stan Hansen. Comme Killer Khan, Duggan affrontait également un vétéran de la Mid-South en la personne de Frank Monte.
Duggan n’a aucun mal à imposer sa loi grâce à son impressionnante carrure. Acculé dans un des coins, Monte essaie de se défendre avec quelques maigres coups de poing mais Duggan le calme sèchement avec un gros enfourchement et une descente du coude. Sans verser une goutte de sueur, Duggan déroule un catch simple mais diablement efficace. Monte se redonne un peu de courage mais Duggan est invincible. Et tel une lance de 120kg pour 1m90, Duggan lui fonce dessus de toute ses forces et l’emporte à la suite d’un brise-dos, porté façon Oklahoma Stampede.
MATCH 4 : MID-SOUTH NORTH AMERICAN CHAMPIONSHIP MATCH : TED DIBIASE © VS « CPT. REDNECK » DICK MURDOCH (09:07)
VAINQUEUR : TED DIBIASE
PRISE DE FINITION : BRAINBUSTER
INDICATEUR : ***
La semaine dernière, le Junkyard Dog put enfin mettre la main sur un Ted DiBiase qui le fuyait désespérément depuis son heel turn. Certes, c’était en Tag Team mais si JYD parvenait à le vaincre de quelque manière que ce soit, il remportait le droit de l’affronter dans un match de championnat. Et de concert avec Mister Olympia, ils les ont bel et bien vaincus ! Mais en tant que Champion, DiBiase se doit de défendre son titre un minimum de fois et de surcroît, son agenda est déjà plein. Il avait en effet prévu de le remettre en jeu face à Dick Murdoch, tout fraîchement revenu d’une tournée au Japon. Et lorsque retentit l’hymne des marines américains, le public tout entier se lève à l’unisson – femmes et enfants debout – pour saluer l’arrivée de celui qu’on surnomme le « Captain Redneck ».
Les deux hommes font fi des présentations et lancent les hostilités avec un féroce duel de coups de poing ! Après que l’arbitre Alfred Neely ait restauré un peu d’ordre, DiBiase prends l’avantage avec de grosse droites portées avec sa main gantée. Briscard invétéré, Murdoch ne recule devant rien et va jusqu’à mordre le nez du Champion. Jim Duggan s’invite à la fête et rôde nerveusement aux abords du ring pour mettre la pression sur le challenger. En véritable cowboy des rings Murdoch ne manque pas une occasion de dégainer un coup de poing mais DiBiase – plus jeune et plus vigoureux que lui – conserve l’avantage. Murdoch s’agrippe à sa jambe et ne la lâchera plus, voulant sans doute enrayer l’arme du Champion – sa fameuse prise en quatre. Distrait par la présence de Duggan en dehors du ring, Murdoch fait l’erreur de tourner le dos à son adversaire qui en profite allègrement. Projeté dans les cordes, Murdoch s’élance en Flying Crossbody et emporte l’arbitre avec lui. Il veut alors partir pour son Brainbuster mais – alors qu’il tenait DiBiase – Duggan s’est élancé de dehors du ring et l’a fauché de toute ses forces, faisant retomber DiBiase sur Murdoch ! Ayant à peu près retrouvé ses esprits, l’arbitre rampe difficilement sur le ring et réalise le tombé. 1..2..et 3 ! DiBiase conserve son titre, d’une façon certes plus que douteuse, mais au terme d’une rencontre férocement disputée.
MATCH 5 : MR. WRESTLING II VS BILLY « THE STARCHILD » STARR (02:48)
VAINQUEUR : MR. WRESTLING II
PRISE DE FINITION : RUNNING KNEE LIFT
APPRÉCIATION : SQUASH ANECDOTIQUE ET PLUTÔT QUELCONQUE
Originaire de Charleston en Caroline du Sud, Johnny Walker s’est fait connaître dans le circuit nord-américain vers la fin des années ’50. Avec déjà près d’une décennie de catch dans les pattes, Walker avait raccroché les bottes en 1964 et – à la requête d’Eddie Graham – est revenu en action en 1972 avec un masque blanc qui nous rappelle celui de l’Ange Blanc et avec lequel il rencontrera un franc succès sur les rings de la Géorgie. À presque cinquante ans, Mr. Wrestling II se frottait ce soir à un vétéran de la Mid-South Wrestling qui n’est autre que Billy « The Starchild » Starr.
Certes, ce bon vieux Johnny Walker n’est plus dans la fleur de l’âge mais il sait encore bouger entre les cordes le bougre. Il surprends Starr avec un tour de hanches et un premier coup de genou qui le forcera à reprendre ses esprits en dehors du ring. Après l’avoir remis sur le ring à la manière forte, Mr. Wrestling II impose un catch simple mais efficace. Billy revient avec un méchant coup de genou et quelques mandales mais Mr. Wrestling II ne se laisse pas impressionner et l’emporte rapidement à la suite d’une belle souplesse arrière et de son Knee Lift, sa signature depuis de longues années.
MATCH 6 : « COL. » BUCK ROBLEY VS TUG TAYLOR (02:34)
VAINQUEUR : « COL. » BUCK ROBLEY
PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD
APPRÉCIATION : ENCORE UNE FOIS UN MATCH PEU ATTIRANT
Lui aussi, c’est un sacré briscard. Originaire de Little Rock dans l’Arkansas, Buck Robley a commencé sa carrière sur les rings de la Floride en 1968 puis s’est exporté sur les terres du Tri-Stade de Leroy McGuirk, peu ou prou l’ancêtre de ce qui deviendra Mid-South Wrestling en 1979. Toujours flanqué de son plâtre pourri et de son t-shirt jaune floqué « Don’t Call Me Yellow », celui qui se faisait jadis appeler Buckley Christopher George Robley III se mesurait ce soir à Tug Taylor, large jobber au physique plutôt massif.
Rien de bien incroyable ne ressort de ce match, si ce n’est l’annonce de Boyd Pearce qui nous confirme que Ted DiBiase affrontera – enfin ! – le Junkyard Dog la semaine prochaine ! Et pour l’occasion, le matchmaker Grizzly Smith a décidé que Mr. Wrestling II serait l’arbitre invité spécial. Sur le ring, Robley n’a aucune difficulté à s’imposer grâce à une technique un peu datée et n’hésites pas à utiliser son plâtre qui lui permet de frapper plus fort. Il l’emporte en un peu moins de trois minutes avec sa Sleeper Hold.
MATCH 7 : THE ONE MAN GANG VS VINNIE ROMEO (01:37)
VAINQUEUR : THE ONE MAN GANG
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : ENCORE ET TOUJOURS GLOBALEMENT ININTÉRESSANT !
On termine ce programme – sept matches en quarante minutes – tout de même, avec l’un des catcheurs les plus imposants de ce territoire. Il s’agit du One Man Gang, géant de 2,06 mètres de hauteur et affichant plus de 200kg à la pesée. Avant d’être le One Man Gang, George Gray de son vrai nom, s’est fait connaître sous le nom de Crusher Gray du côté du Kentucky et du Tennessee mais également à la ICW, promotion dite hors-la-loi où il s’est entre autres mesuré à un tout jeune Randy Savage. En face, Vinnie Romeo n’a pas l’air très à l’aise et on peut le comprendre.
Profitant de sa gargantuesque carrure, le One Man Gang s’impose avec de lourds frappes qui démantèlent ce pauvre Romeo. Il le soulève ensuite à bout de bras et il l’étrangle en le maintenant par le cou. Romeo essaie tant bien que mal de revenir avec quelques maigres offensives qui ne suffisent pas à terrasser le monstre. Le One Man Gang en termine en moins de deux minutes avec une énorme descente du coude.
Encore une semaine plutôt dense du côté de la Mid-South Wrestling qui ne lésine pas sur le nombre de matches – sept matches en quarante minutes, au moins on voit tout le monde ! Ted DiBiase y défends son titre de Champion nord-américain contre Dick Murdoch, quelques annonces majeures et plus encore !
– Pas grand-chose à dire concernant cette édition de Mid-South Wrestling. Nous avons un nouveau Champion de la Louisiane en la personne de « Iron » Mike Sharpe. Killer Khan est toujours aussi agressif, tout comme Jim Duggan. De semaine en semaine, l’homme à tout faire de Ted DiBiase ne cesse de prendre en assurance. Les vieux de la vieille – fidèles à notre cher « Cowboy » Bill Watts – que sont Buck Robley et Mr. Wrestling II, assurent toujours le spectacle façon « old school », le tout en sept matches, intercalés dans un programme de quarante minutes. De quoi faire pâlir n’importe quelle promotion actuelle !
– Pièce maîtresse de ce programme, ce match de championnat entre Ted DiBiase et Dick Murdoch aura étonnamment tenu toutes ses promesses. Car bien que le challenger rêvé du Champion nord-américain est et demeure le Junkyard Dog, ce petit programme avec Dick Murdoch a offert une rencontre intéressante à bien des égards. Tirant pleinement profit du temps qui leur fut alloué, les deux compétiteurs ont délivré un combat disputé, haletant et prenant, comportant un finish recherché et remarquablement bien exécuté. Chapeau bas.
Nathan Maingneur