MID-SOUTH WRESTLING #31

MID-SOUTH WRESTLING #31

17/07/1982

Mid-South Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Boyd Pearce est notre hôte et nous accueille comme chaque semaine dans l’enceinte du Irish McNeil’s Boys Club de Shreveport en Louisiane. Comme à l’accoutumée nous retrouvons à ses côtés « Cowboy » Bill Watts, le président de la Mid-South Wrestling et promoteur du territoire.


MATCH 1 : BUCK ROBLEY VS THE GRAPPLER (05:51)

VAINQUEUR : BUCK ROBLEY

PRISE DE FINITION : DESCENTE DE L’AVANT-BRAS

INDICATEUR : * ½


Toujours flanqué de son t-shirt jaune qui mériterait de passer en machine ainsi que de son plâtre dégueulasse, Buck Robley est un vieux briscard endurci par des années de combat. Originaire de sa Louisiane natale, Robley catche depuis 1968 et se fait appeler Buckley Christopher George Robley III, comme pour se donner des airs d’aristocrate alors qu’il ressemble à un pécore. Il rencontrait ce soir The Grappler, catcheur masqué dont l’une des bottes est truquée, renforcée par on-ne-sait quel morceau de bric-à-brac. 

Aux commentaires, Watts vante les mérites de sa propre émission tandis que le Grappler donne le ton. Après un bref moment de gloire de Robley, l’homme masqué reprends les choses en main avec de méchants coups de coude. Robley se défend comme il peut et n’hésites pas à fermer le poing, ce qui est formellement interdit. Piégé par une prise du sommeil de Robley, le Grappler s’en extirpe et le précipite violemment gorge première contre les cordes, Robley s’étranglant sur ces câbles tendus. Le Grappler sent que c’est le bon moment pour préparer sa botte truquée mais l’arbitre Alfred Neely a l’œil et le réprimande. Dans son dos, Robley trafique son plâtre et – ayant couché l’homme masqué – il réussit à le mettre hors d’état de nuire avec une descente des avant-bras. C’était encore pas trop mal et sans doute la meilleure performance de Buck Robley.


MATCH 2 : TED DIBIASE VS BUDDY LANDEL (04:33)

VAINQUEUR : TED DIBIASE

PRISE DE FINITION : FIGURE FOUR LEGLOCK

INDICATEUR : **


Certes, Ted DiBiase a regagné la ceinture de Champion nord-américain, mais il a perdu la confiance de celui qui le considérait comme son ami, en la personne du Junkyard Dog. Ainsi que sa popularité auprès du public de Shreveport, si l’on en juge à cette réaction mitigée lors de l’annonce de Reeser Bowden. Veste en cuir sur les épaules, un gants noir habillant l’une de ses mains, Ted DiBiase a aussi changé de style. Après sa victoire face à Jesse Barr la semaine dernière, il rencontrait ce soir le jeune Buddy Landel, dont le talent est certain et le futur brillant. 

Les premiers échanges sont très nerveux – tout ce dont on était en droit de s’attendre de la part de ces deux compétiteurs. Aux commentaires, Watts nous raconte que Dick Murdoch – alors au Japon – lui aurait clamé que Mike DiBiase, le père de Teddy, se retourne dans sa tombe en voyant comment se comporte son fils ! Sur le ring, Landel surprend DiBiase, non pas à une, ni à deux, mais à trois reprises, ce qui commence à agacer le Champion. Landel réussit même l’exploit de faire fuir DiBiase hors du ring, forcé de reprendre ses esprits. Ce à quoi nous assistons ici, c’est que Ted DiBiase – de par sa position et son expérience – est en train de mettre son adversaire sous le feu des projecteurs et donc visible aux yeux des promoteurs. Et c’est là toute la noblesse de ce sport-spectacle. Peut-être un peu trop galvanisé par sa fougue, Landel fonce tête baissée et se mange une sale droite du Champion. Il enchaîne avec son Powerslam suivi de sa descente du coude et l’emporte peu de temps après avec sa prise en quatre létale.


MATCH 3 : « IRON » MIKE SHARPE VS BILL ASH (03:24)

VAINQUEUR : « IRON » MIKE SHARPE

PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER

APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CORRECT EN FIN DE COMPTE


Dans le coin rouge – celui des heels – se trouve Billy Ash, l’un des jobbers vedettes de la promotion. Originaire de la petite bourgade de Paris dans l’Arkansas, Ash fut, avec son père, l’un des principaux fabricants de bottes de catch à l’échelle de tout le circuit nord-américain. Et on le remarque à ses magnifiques bottes de cowboy blanches. Son antagoniste est quant à lui natif des steppes canadiennes entourant Hamilton dans l’Ontario, la province du Canada qui borde les Grands Lacs du Michigan. Il s’agit de « Iron » Mike Sharpe, issu de la famille des Sharpe Brothers, catcheurs des années 50.

Sharpe fait immédiatement usage de sa force brute en soulevant son adversaire, presque à bout de bras. Aux commentaires, Watts nous explique en détail les différences entre les arbitres de catch et les arbitres de lutte amateur, une histoire somme toute assez peu passionnante qui n’intéresse sans doute que lui. Ash se redonne du poil de la bête et ne ménage pas ses coups qui font quand même tituber Sharpe. « Iron » Mike ne se laisse pas décontenancer pour autant et le projette dans les airs avec un surpassement. Il l’emporte ensuite avec son Canadian Backbreaker, une prise aussi impressionnante que douloureuse qui fut popularisée par « Superstar » Billy Graham ainsi que par Bruno Sammartino. 


MATCH 4 : KILLER KHAN & ONE MAN GANG W/SKANDOR AKBAR VS COCO SAMOA & VINNIE ROMEO (02:36)

VAINQUEURS : KILLER KHAN & ONE MAN GANG

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

INDICATEUR : *


Elle fait peur cette Tag Team. Récemment sacré Champion de la Louisiane à la suite d’un tournoi organisé à Bâton-Rouge en Louisiane (prends-en de la graine, Jim Crockett !), Killer Khan s’est définitivement rangé dans l’écurie de Skandor Akbar. Il s’associe donc ce soir au One Man Gang, montagne humaine culminant à près de 2,06m pour près de 204kg à la pesée. En face, se dresse un tandem un peu maigrichon composé de Coco Samoa et de Vinnie Romeo, qui figure tout de même dans le générique de l’émission.

Hyper agressif, Khan s’impose face à Romeo avec son style atypique – et ses cris stridents –  et n’hésitant pas à le martyriser entre les cordes. Après s’être fait littéralement tabasser, Romeo passe le relais à Samoa, qui envoie toutes sortes d’atémis et de sauts chassés. Coco se rate misérablement sur une tentative de Crossbody, ce qui permet à Khan d’en terminer avec sa fameuse descente du genou, toujours portée depuis la corde du milieu. Un peu brouillon et pas franchement mémorable. 


MATCH 5 : MISSISSIPPI HEAVYWEIGHT CHAMPIONSHIP MATCH : MR. OLYMPIA © VS BOB ROOP (07:10)

VAINQUEUR : MR. OLYMPIA

PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD

INDICATEUR : ***


C’est l’affiche principale de ce programme. Le titre de Champion du Mississippi est remis dans la balance, ce qui n’arrive pas tous les jours. Le challenger est originaire de Blacksburg en Virginie. Il est un ancien Champion nord-américain et finalement, il est celui qui s’est le mieux tiré de cette histoire entre Ted DiBiase et le Junkyard Dog. Le Champion en titre ce soir en face de Bob Roop – vous l’aurez deviné – n’est autre que Mister Olympia, l’un des meilleurs lutteurs de la Mid-South Wrestling en ce mois de juillet 1982.

Dans les premières secondes de la rencontre, Olympia manque de surprendre Roop avec un Backslide. On peut alors lire l’effroi sur le visage du challenger, grâce à un gros plan du caméraman. Roop se focalise sur les jambes d’Olympia, mais ce dernier le fait retomber en dehors du ring avec un dégagement du pied. Pris en enfourchement, Olympia le contre de manière astucieuse en appliquant un ciseau de corps, ce qui lui permet de s’en sortir. Roop décide alors de prendre la tangente en dehors du ring et, jouant au chat et à la souris, voit le Champion lui fondre dessus à travers les airs avec un Suicide Dive – rareté absolue. De retour sur le ring, le challenger s’impose avec un sale coup de genou. Aux commentaires, Watts nous informe que Paul Orndorff a officiellement quitté la Mid-South, non sans envoyer une petite pique à Ole Anderson. Olympia se défends comme un beau diable et réussit à placer sa Sleeper Hold sur Roop. Sauf que le challenger a étudié la prise et la contre avec un brise-dos ! Et contre toute attente, c’est maintenant Roop qui applique sa prise du sommeil à Olympia. Mais celui-ci trouve une façon de s’en sortir et de la rappliquer à un Roop désabusé. Une séquence survoltée, qui voit Roop tenter par tous les moyens de s’en démener. Mais le challenger faiblit, pose un genou à terre et s’évanouit finalement dans les bras du Champion, qui conserve sa ceinture au terme d’un excellent match de championnat. 


MATCH 6 : « HACKSAW » JIM DUGGAN VS MIKE BOND (03:02)

VAINQUEUR : JIM DUGGAN

PRISE DE FINITION : BACKBREAKER

APPRÉCIATION : PLUTÔT BON SQUASH DE DUGGAN


Un beau bébé, celui qu’on surnomme « Hacksaw » Jim Duggan a – à l’instar de « Dr. Death » Steve Williams – été repéré sur les terrains de football. Ce grand gaillard est passé entre les mains de Fritz Von Erich et a tapé dans l’œil de grands promoteurs tels que Vince McMahon Sr. ou encore Peter Maivia du côté des Îles Samoa. Il affronte ce soir un jobber du nom de Mike Bond, qui a une plutôt belle carrure.

Tout en puissance, Duggan s’impose très rapidement avec une série de coups de coude et une descente du genou. Bond le contre et nous gratifie d’un brise-nuque bien moche. On sent que Duggan s’inspire beaucoup de Bruiser Brody, que ce soit dans son catch comme dans son attitude. Courant entre les cordes, Bond se mange Duggan de plein fouet, une collision similaire à un tampon de quarterback. Duggan enchaîne avec un Backbreaker, précédé de toute une série d’écrasements dans le coin. Finish toujours aussi impressionnant.


MATCH 7 : THE JUNKYARD DOG & « BIG CAT » ERNIE LADD VS « HANGMAN » RICKY HARRIS & THE ASSASSIN #1 (02:49)

VAINQUEURS : THE JUNKYARD DOG & ERNIE LADD

PRISE DE FINITION : POWERSLAM

APPRÉCIATION : UN JOYEUX BORDEL JOUISSIF !


On conclut cet épisode d’une densité folle avec une dernière affiche et non des moindres. Dans le coin rouge, le « Hangman » Ricky Harris fait équipe avec l’Assassin #1, le célèbre Jody Hamilton, qu’on retrouvait aux côtés de Boyd Pearce la semaine dernière. Les premières notes de Another One Bites The Dust résonnent dans la salle, cela signifie que Junkyard Dog est dans la place. Et pour la première fois de l’histoire – une statistique répétée par les commentateurs – JYD s’associe avec le « Big Cat » Ernie Ladd.

Alors que la cloche n’a même pas sonné, Ted DiBiase rejoint les abords du ring, une provocation directement adressée au Junkyard Dog. Immédiatement, le Dog essaie d’arracher le masque de l’Assassin. Dans le dos de l’arbitre, ce dernier charge son masque et met KO le Junkyard Dog, qui tombe en dehors du ring. Sur le ring, Harris et l’Assassin s’en prennent à Ladd, tandis qu’en contrebas, DiBiase s’est levé de sa chaise pour titiller le Junkyard Dog, qui se relève en lui décochant une énorme droite ! On sentait toute la frustration accumulée depuis sa trahison ! Sauf que DiBiase s’est entre temps emparé d’une chaise et il lui éclate littéralement sur le dos. Légèrement bousculé, l’arbitre Alfred Neely ne remarque pas que le Grappler, le visage recouvert par le masque de l’Assassin, a pris sa place ! JYD se sort de ce chaos total en portant son Powerslam sur le Grappler et l’arbitre – croyant qu’il s’agit de l’Assassin – compte trois. Quel joyeux bordel !


– Sur le chemin du retour au vestiaire, le Junkyard Dog est attendu par Bill Watts et son micro. En arrière-plan, nous apercevons Grizzly Smith, le booker de ce territoire. Fou de rage, JYD ne mâche pas ses mots concernant DiBiase. Il est ensuite rejoint par Ernie Ladd qui a amené ce qu’il reste de cette chaise, cassée sur le dos du Junkyard Dog.


Excellente semaine du côté de la Mid-South Wrestling, qui réussit une fois de plus à nous proposer un programme d’une heure aussi dense que riche, comprenant de bons, voire de très bons matches, ainsi qu’une attention toute particulière portée au storytelling. Carton plein.

– C’est là toute la noblesse de ce sport-spectacle. Opposé à Buddy Landel, Ted DiBiase a utilisé sa position – lui qui est donc le Champion nord-américain et l’une des grosses têtes d’affiche de la promotion – afin de mettre en avant son adversaire prometteur. En le faisant briller de la sorte – allant jusqu’à sortir du ring pour attester de sa supériorité – DiBiase lui a fait un beau cadeau en lui offrant le feu des projecteurs et toute l’attention des promoteurs.

– Aux abonnés absents depuis des semaines – voire des mois – on se demande où est Paul Orndorff. Réponse obtenue lors de ce programme. Le torchon a vraisemblablement brûlé entre Paul Orndorff et la Mid-South et c’est Bill Watts en personne qui nous l’a annoncé, en plein match de championnat. Selon ses dires, Orndorff a quitté la Mid-South Wrestling pour aller combattre sur des territoires où on se casse moins le dos. Petite balle perdue pour la Géorgie d’Ole Anderson, qui appréciera au passage.

– Ce qui manque parfois dans ces programmes, c’est ce genre de matches, comme nous avons eu entre Bob Roop et Mister Olympia. Des combats avec de réels enjeux, des titres en jeu. Ce genre de matches qui nous accrochent au téléviseur, où l’on se prends même au jeu l’espace d’un instant, de prendre parti pour le gentil contre le méchant. Intelligent et malin dans sa manière de combattre, l’excellent Bob Roop s’est heurté à un Mister Olympia des grands soirs, comme en témoigne ce saut en dehors du ring, qui en a surpris plus d’un, à commencer par moi.

Nathan Maingneur

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