MID-SOUTH WRESTLING #32
31/07/1982
Boyd Pearce est notre hôte et nous accueille comme chaque semaine dans l’enceinte du Irish McNeil’s Boys Club de Shreveport en Louisiane. Comme à l’accoutumée nous retrouvons à ses côtés « Cowboy » Bill Watts, le président de la Mid-South Wrestling et promoteur de ce territoire.
– Fidèle à lui-même et à ses convictions politiques très républicaines Watts commence en nous racontant une anecdote personnelle. En résumé, son épouse est d’origine estonienne et son pays a été annexé de force par les soviétiques. Ici aux États-Unis, les ressortissants estoniens sont les bienvenus et le Président Ronald Reagan doit faire preuve de fermeté face à l’Union Soviétique. Un discours plein de bon sens et qui a parfaitement sa place dans un programme sportif télévisé hebdomadaire. Eh, le catch c’est de la politique !
MATCH 1 : MR. OLYMPIA VS BILLY « THE STARCHILD » STARR (03:24)
VAINQUEUR : MR. OLYMPIA
PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD
APPRÉCIATION : SOLIDE COMME TOUJOURS AVEC OLYMPIA
Champion régional du Mississippi, Mister Olympia est l’une des vedettes les plus appréciées de la Mid-South Wrestling. Ancien partenaire du Junkyard Dog, Olympia a presque gagné tous les titres de cette promotion. Portant ce soir la couleur rouge – celle de la violence et de la passion – Olympia rencontrait ce soir Billy « The Starchild » Starr, l’un des jobbers les plus endurcis de toute la Louisiane.
Olympia donne le ton avec un tour de hanche et un enfourchement porté avec amplitude. Starr est le premier à donner les coups mais Olympia est vif et n’a aucun mal à s’imposer avec un beau saut chassé. Starr l’implore par pitié d’arrêter, mais c’est pour mieux encore en remettre une couche avec une série de Diving Headbutts. Starr commence même à se faire respecter mais Olympia revient avec un joli surpassement. Faisant suite à un contre très habile, Olympia dégaine sa prise du sommeil et l’emporte en faisant tomber Starr dans les bras de Morphée.
MATCH 2 : « DR. DEATH » STEVE WILLIAMS VS MIKE BOND (03:37)
VAINQUEUR : STEVE WILLIAMS
PRISE DE FINITION : OKLAHOMA STAMPEDE
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT INTENSE !
Passé entre les mains de Barry Switzer – célèbre coach de l’Université de l’Oklahoma – celui qu’on surnomme « Dr. Death » Steve Williams a été dégoté puis recruté par Bill Watts, qui l’a conduit à s’entraîner en lutte amateur dans l’objectif de passer pro et de combattre sur les rings de sa promotion. Toujours invaincu, Williams est un beau bébé et se mesurait ce soir à Mike Bond, autre souffre-douleur de la promotion.
Williams en impose immédiatement en décollant Bond du sol de manière spectaculaire. Il se livrent ensuite à une petite démonstration de lutte gréco-romaine. Et bien que Williams soit le plus aguerri dans ce domaine, Bond ne démérite pas et tient tête. Aux commentaires, Watts raconte comment son plus jeune fils Micah s’est débrouillé dans son tournoi de lutte. Sacré Billou et ses anecdotes désintéressées. Sur le ring, Williams déroule comme un chef et l’emporte en un peu plus de trois minutes trente avec son Oklahoma Stampede, sa version du Powerslam portée en course.
MATCH 3 : THE ONE MAN GANG W/SKANDOR AKBAR VS JOE STARK & DAVID PRICE (02:18)
VAINQUEUR(S) : ONE MAN GANG
PRISE DE FINITION : PILEDRIVER
APPRÉCIATION : L’HISTOIRE AVEC SHARPE EST SYMPATHIQUE
Le prochain combat sera un match à handicap. Et il semblerait que ce soit une petite rareté puisque Reeser Bowden prend bien le temps d’expliquer en quoi consiste la stipulation. Pas rassurés pour un sou, Joe Stark et David Price – deux jobbers qui feront ce soir office de serpillère – se tiennent dans leur coin et n’en mènent pas large du tout. Aux côtés de ce diable de Skandor Akbar se tient le One Man Gang, une montagne humaine culminant à 2,06m de hauteur et affichant près de 204kg à la pesée.
Stark et Price jouent au chat et à la souris mais ce petit jeu sera de courte durée. Lorsque le One Man Gang attrape finalement ce pauvre Price, celui-ci subit les coups de massue du colosse. Price ne fera pas long feu et succombe à un énorme Piledriver en moins de trois minutes à peine. L’autre aura juste eu de la chance de ne pas être entré à nouveau.
– On nous remontre ensuite des images de l’édition du 24 juillet que nous n’avions pas pu chroniquer ici. « Iron » Mike Sharpe affrontait le One Man Gang et a réussit l’exploit de lui porter une prise de l’ours (soulevée) ainsi qu’un enfourchement impressionnants. Contrant une tentative de Piledriver, Sharpe fut toutefois victime d’une attaque de Skandor Akbar. Sharpe ne s’est toutefois pas laisse faire et a planté Akbar tête la première avec un énorme Piledriver au plus grand bonheur du public de Shreveport.
MATCH 4 : LOUISIANA HEAVYWEIGHT TITLE MATCH : KILLER KHAN © W/SKANDOR AKBAR VS « IRON » MIKE SHARPE (05:20)
VAINQUEUR : MIKE SHARPE PAR DQ
PRISE DE FINITION : INTERVENTION DE SKANDOR AKBAR
INDICATEUR : **
Couronné Champion de la Louisiane à la suite d’un tournoi qui eut lieu du côté de Bâton-Rouge, Killer Khan n’a toujours pas été vaincu depuis son arrivée sur ce territoire. À ses côtés, se trouve un Skandor Akbar un peu raide, qui porte une minerve à cause de ce marteau-pilon subi la semaine précédente. Le challenger de Khan n’est autre que le bourreau d’Akbar en la personne de « Iron » Mike Sharpe, grand gaillard costaud originaire d’Hamilton dans la province de l’Ontario au Canada.
Ce sont quand même de gros physiques qui entrent ici en collision. Les deux hommes se jaugent en effet tels deux béliers. On assiste alors à un test de force pure et simple, Sharpe utilisant sa force brute pour résister aux offenses de Khan. Ce dernier n’hésitera pas à user de sales tactiques qui lui permettront de prendre la main face à un Sharpe un peu désabusé. Le challenger se reprend toutefois et réussit à placer Khan dans sa prise de l’ours, une vraie étreinte de grizzly. Victime d’un excès de zèle, Sharpe fonce tête la première dans un coup de pied du Champion et tombe, groggy. Il se retire néanmoins de sa descente du genou et menace de lui porter un Piledriver ! Akbar intervient et cause sa disqualification mais comme la semaine dernière, Sharpe le prend à son propre jeu et le plante encore une fois avec un marteau-pilon du tonnerre ! Un peu hagard, Sharpe croit avoir gagné le titre mais Watts nous rappelle qu’un titre de Champion ne peut pas changer de main au terme d’une disqualification.
MATCH 5 : « THE HANGMAN » RICK HARRIS VS RICK MCCORD (02:42)
VAINQUEUR : RICK HARRIS
PRISE DE FINITION : HANGMAN’S NOOSE
APPRÉCIATION : SQUASH CORRECT MAIS UN PEU QUELCONQUE
Après quelques années à concourir du côté de la Mid-Atlantic Championship Wrestling, et à la suite d’un bref passage sur les rings de Géorgie, Ricky Harris a été repackagé sur ce territoire en bourreau au nœud coulant facile, un mercenaire et chasseur de primes à la solde de Skandor Akbar. Et cette gimmick lui collera à la peau pour la suite de sa carrière puisque c’est sous ces traits que Harris ira se faire connaître sous le nom de Black Bart. Il se faisait ce soir les dents sur un jobber du nom de Rick McCord, inconnu au bataillon.
McCord joue au chat et à la souris mais Harris n’a pas envie de jouer et le calme avec de gros coups de masse et un bel enfourchement. Harris enchaîne avec une belle souplesse arrière et McCord ne peut strictement rien faire. Complètement impuissant, il n’est qu’une vulgaire poupée de chiffon dans les mains du bourreau qui en termine en moins de trois minutes avec son Hangman’s Noose, une prise de soumission très dangereuse, à la limite de l’étranglement.
MATCH 6 : TED DIBIASE & JIM DUGGAN VS JESSE BARR & VINNIE ROMEO (02:45)
VAINQUEURS : TED DIBIASE & JIM DUGGAN
PRISE DE FINITION : FIGURE FOUR LEGLOCK
APPRÉCIATION : LES PRÉMICES DU RAT PACK !
Refusant de combattre contre le Junkyard Dog, Ted DiBiase accepte vraisemblablement cependant de catcher en Tag Team. Le Champion nord-américain, qui a tourné le dos à son ami, qu’il considérait comme son frère, a changé d’attitude et ne semble pas prêt de revenir en arrière. Il s’associait ce soir à « Hacksaw » Jim Duggan, une paire qui sent déjà le « Rat Pack » à plein nez. Ils rencontraient un duo de circonstances composé de Jesse Barr et de Vinnie Romeo.
Barr débute face à Duggan et le surprend d’entrée de jeu avec une sublime German Suplex sortie de nulle part. Et quel ponté. Barr déroule et emmène Duggan en Belly-to-Belly Suplex ! Le Champion remet un peu de l’ordre là-dedans et impose un rythme bien plus méthodique et calculé. De retour cette fois-ci face à Romeo, Duggan impressionne avec sa force brute. Et il faut bien le dire, il fonctionne bien ce tandem entre Duggan et DiBiase. En atteste cette manœuvre en tag où – pendant que DiBiase faisait craquer Romeo avec sa prise en quatre – Duggan s’en assurait en décapitant Barr avec une Lariat du feu de dieu.
– On nous repasse des images de l’épisode manquant de la semaine dernière, lorsque Buck Robley affrontait Ted DiBiase dans ce qui semblait être un match des bûcherons. Ou alors étaient-ils venus soutenir Robley ? Ce même Robley qui a même manqué de peu de l’emporter en surprenant DiBiase, qui a ensuite voulu utiliser un objet interdit. Mais le manque de temps d’antenne ne nous a pas permis d’obtenir un résultat décisif.
MATCH 7 : BUCK ROBLEY VS THE ASSASSIN (04:16)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE DQ
APPRÉCIATION : LE SEGMENT EST PLUTÔT SYMPATHIQUE
On termine – du moins l’espère-t’on – avec notre septième match en l’espace de quarante minutes d’émission. Sur ses gardes et gardant un œil sur les abords du ring – où siège Ted DiBiase – Buck Robley se frotte ce soir à l’Assassin, l’ancien compère du Grappler et nouveau petit copain de DiBiase. Sous ce masque, nul autre que Jody Hamilton, vétéran des rings nord-américains qui a porté le masque de l’Assassin #1 de très nombreuses années et sur pléthore de territoires.
Les deux briscards se connaissent bien et c’est Robley qui prend le premier l’avantage avec une clé de bras. L’Assassin revient en force avec un coup de coude retourné porté en course, mais Robley serre les dents. Les deux protagonistes ont quand même une sacrée dégaine n’empêche. Vous jugerez par vous-même. À la suite d’un contre, Robley place sa prise du sommeil, mais lorsque l’Assassin tente de s’en dégager, l’arbitre est pris dans la collision et tombe hors du ring. DiBiase grimpe alors sur le ring mais lorsqu’il essaie de frapper Robley, c’est l’Assassin qui mange à sa place et DiBiase s’en retrouve désemparé. Rebelote une fois encore, et DiBiase finit par fuir en direction des vestiaires alors que se termine ce programme.
Édition très dense et pourtant très digeste de Mid-South Wrestling, après une semaine « manquante » pour on-ne-sait quelle raison. « Iron » Mike Sharpe est inarrêtable, Ted DiBiase s’associe avec « Hacksaw » Jim Duggan et bien plus encore.
– Je crois qu’il ne faut pas chercher « Iron » Mike Sharpe. Je ne suis pas sûr mais il y a de très fortes chances. Embêté par Skandor Akbar alors qu’il s’apprêtait à abattre son One Man Gang, Mike Sharpe a répliqué de la meilleure des manières en le plantant tête la première dans le ring avec un Piledriver. Ce soir encore, opposé à Killer Khan dans un match de championnat, Sharpe a été victime d’une attaque d’Akbar et une nouvelle fois, le manager détesté s’est retrouvé fracassé par un marteau-pilon !
– Ne serait-ce pas là les prémices de ce qu’on appellera le « Rat Pack » ? En guerre froide avec le Junkyard Dog, Ted DiBiase apparaissait ce soir aux côtés de « Hacksaw » Jim Duggan et le moins qu’on puisse dire, c’est que les gaillards s’entendent bien. Effectivement, il s’agit ici des balbutiements de cette faction de bad guys qui va semer le trouble à la Mid-South Wrestling entre 1982 et 1983. Ils seront bientôt rejoints par Matt Borne ainsi que par King Kong Bundy, respectivement à la MACW et à la WCCW. Et peut-être par d’autres surprises, qui sait ?
– Le torchon brûle entre le Junkyard Dog et Ted DiBiase. Les matchmakers de la Mid-South s’en arrachent les cheveux. De son côté, JYD refuse d’apparaître à la télé si ce n’est pas contre Ted DiBiase tandis que dans son coin, Le Champion nord-américain refuse tout simplement d’affronter le JYD. Il faudra trouver un compromis afin de régler cet imbroglio catchesque. L’histoire est bien loin d’être terminée et cette trahison n’a pas fini de faire couler l’encre – et le sang – de ce côté des Territoires.
Nathan Maingneur