MID-SOUTH WRESTLING #20
01/05/1982
Boyd Pearce est notre hôte habituel et nous accueille au sein du Irish McNeil’s Boys Club de Shreveport en Louisiane pour cette édition de Mid-South Wrestling. Son partenaire ce soi à l’antenne, nul autre que le promoteur du territoire, en la personne de « Cowboy » Bill Watts.
– D’emblée, Pearce nous informe que Charlie Lay, ancien catcheur et arbitre de renom, fut récemment nommé président de la Mid-South Wrestling. Watts et Pearce nous annoncent ensuite le programme de la soirée et indiquent qu’un certain « Hacksaw » Duggan devrait effectuer ses débuts à l’antenne.
À ce sujet, revenons quelques instants en arrière lorsque les portes du Irish McNeil’s Boys Club étaient encore fermées. Reeser Bowden interviewait alors Skandor Akbar et son tout nouveau protégé en la personne de « Hacksaw » Jim Duggan. Vêtu d’une peau de bête et de chaînes, Duggan semble reprendre les codes du personnage de Bruiser Brody. Akbar nous parle du passif de son protégé sur les terrains de football américain. Il ajoute ensuite que Duggan sera à ses ordres.
MATCH 1 : THE ASSASSIN VS TONY TORRES (01:50)
VAINQUEUR : THE ASSASSIN
PRISE DE FINITION : HEADBUTT
APPRÉCIATION : C’EST TOUT JUSTE CORRECT
S’alliant à Ernie Ladd pour le trahir dans la foulée, l’Assassin a montré que son dieu, c’est le dollar américain. Grassement payé par le « Big Cat » pour combattre à ses côtés, mais mieux payé encore pour le trahir, l’Assassin est resté fidèle à sa réputation de mercenaire, sans foi ni loi. Ce soir, Jody Hamilton de son vrai nom, se mesure à Tony Torres, un jobber de la promotion.
Plutôt bavard, l’Assassin s’empare du micro et s’adresse à Ernie Ladd. Pendant ce temps Torres prépare son plan. Et lorsque sonne la cloche, l’Assassin manque de peu de se faire surprendre. Il réponds alors avec de sales coups de genou qui plient rapidement Torres. Il l’emmène ensuite au sol et maintient le tempo du combat de gros coups dans l’arrière du crâne de Torres. Comme à son habitude, l’Assassin semble ajuster son masque, peut-être grâce à l’artifice d’un objet caché, et l’emporte à la suite d’un coup de boule, finissant ce match à sens unique en moins de deux minutes.
MATCH 2 : « BIG CAT » ERNIE LADD VS LARRY HIGGINS (01:48)
VAINQUEUR : ERNIE LADD
PRISE DE FINITION : DESCENTE DE LA CUISSE
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT BROUILLON DANS L’ENSEMBLE
Trahi par son manager, blessé par les Samoans, puis trahi à nouveau par l’Assassin, Ernie Ladd ne passe pas franchement une bonne année 1982. Remis sur pieds à la suite d’une lourde opération au genou, Ladd a soif de vengeance et a à cœur de redorer son image. Il affronte ce soir Larry Higgins, grand gaillard plutôt large, et presque aussi haut que lui.
Ernie Ladd est dans ses dernières années et, aussi triste que cela puisse paraître, nous le ressentons plutôt fort. Bien qu’il n’ait aucun mal à disposer d’un Higgins aussi peu à l’aise que maladroit entre les cordes, le « Big Cat » n’a presque plus rien de sa mobilité d’antan, nous faisant ainsi penser aux dernières images d’André le Géant, au crépuscule de sa vie. Ladd nous fait alors une Hogan avant l’heure. Il couche en effet Higgins avec un gros Big Boot et enchaîne avec une – plutôt belle il faut l’admettre – descente de la cuisse. Squash plutôt dispensable.
– Boyd Pearce et Bill Watts reviennent ensuite sur ce combat, qui s’était déroulé entre Ted DiBiase et Bob Roop, lorsque ce dernier a remporté, non sans controverse, la ceinture de Champion nord-américain. Ils nous rediffusent alors les images de ce moment, qui s’était d’ailleurs fait dans le dos de Paul Orndorff, écarté de la rencontre Roop en personne.
MATCH 3 : TED DIBIASE VS BOB ROOP (07:00)
VAINQUEUR : TED DIBIASE
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
INDICATEUR : ** ¼
Sur le ring, le Champion nord-américain parade et ne semble pas franchement préoccupé par son défi du soir. Ce dernier n’est autre que l’homme que Bob Roop a battu, non sans controverse, pour remporter sa ceinture de Champion. Remis sur pieds à la suite de cette terrible et humiliante défaite, Ted DiBiase effectue ce soir son grand retour et semble plus qu’impatient à l’idée d’en découdre.
Ils se cherchent, ils se toisent et, au terme d’un premier échange technique, c’est DiBiase qui prends l’avantage en se focalisant sur l’épaule de Roop. Et pendant quelques bonnes minutes, Ted garde l’avantage en restant très méthodique. Un trait de caractère d’ailleurs souligné par Watts, qui remarque que DiBiase reste bien calme et modéré, ne cédant pas à ses émotions, malgré le contexte de cette revanche. Acculé dans l’un des coins, Roop se défend avec de sales coups de coude. Il enchaîne alors avec des coups de pied dans le genou de DiBiase, qui accuse encore le coup de cette blessure. Finalement, le combat se transforme en règlement de compte, les deux hommes s’échangeant en effet de très gros coups de poing dans la mâchoire. Toutefois, Roop est intelligent et reprend le travail sur le genou, mais DiBiase le dégage en dehors du ring. Revenu sur le ring, Roop est pris en Powerslam et ne se relève pas du compte de trois, alors que le public exulte. Roop se plaint auprès de l’arbitre mais DiBiase ne laissera pas passer ces jérémiades. Il le soulève alors sur ses épaules et l’écrase avec un Shoulderbreaker, la prise de finition de Roop. Et DiBiase réalise un nouveau tombé, au grand bonheur du public qui se régale. Ted DiBiase a redoré son image, au détriment de Bob Roop, qui s’est fait balayer.
MATCH 4 : « HACKSAW » JIM DUGGAN W/SKANDOR AKBAR VS DICK MURDOCH (04:52)
VAINQUEUR : DICK MURDOCH
PRISE DE FINITION : COUP DE PELLE
INDICATEUR : * ½
Présenté plus tôt dans l’émission, celui qu’on surnomme « Hacksaw » Jim Duggan réalise ce soir ses débuts officiels à Mid-South Wrestling. Originaire de Glens Falls dans l’État de New York, Duggan s’est endurci sur les terrains de football des universités américaines et a même intégré les Atlanta Falcons. Toutefois, une blessure au genou a mis fin à ce début de carrière plutôt prometteur. Initié au catch professionnel par Fritz Von Erich, Jim Duggan a donc effectué son premier match en ’79, face à Gino Hernandez. C’est en se produisant sur les rings de Dallas que Duggan a tapé dans l’œil de Vince McMahon qui l’a ramené du côté de la World Wrestling Federation en ’81. Et en ce milieu d’année ’82, Duggan rejoint donc le territoire de Bill Watts, et deviendra une figure majeure de la promotion. Il affronte ce soir « Dirty » Dick Murdoch, qui a repris le personnage de Killer Karl Kox, et qui réalise son entrée au son d’une musique patriotique.
Chaud comme la braise, Duggan ne retient pas ses coups et se déchaîne sur un Murdoch dont les bras restent coincés dans son blouson. Si vous recherchez une petite pépite, un petit bijou de technique, passez votre chemin. C’est ni plus ni plus qu’une grosse bagarre où les coups semblent portés avec force et autorité. Duggan se prépare pour son Three Point Stance, mais Murdoch se retire in-extremis, laissant Duggan s’écraser dans le coin. Skandor Akbar décide alors d’intervenir mais Murdoch garde l’avantage et plante Duggan avec un Brainbuster aussi brouillon que dangereux. Étonnamment, Murdoch choisit de ne pas en finir et se lance alors à la poursuite d’Akbar. Cela laisse à Duggan le temps de s’en remettre mais, lorsque Dick Murdoch remonte sur le ring, ce dernier est armé de sa pelle. Duggan essaie de s’en emparer, mais Murdoch s’en tamponne royalement et l’aligne avec un coup de pelle dans le crâne. L’arbitre Alfred Neely hésite un temps, alors qu’il aurait du le disqualifier, puis réalise le compte de trois, à notre surprise totale. Jim Duggan aurait du l’emporter, passant pour un abruti au détriment de ce sacré Dick Murdoch.
MATCH 5 : THE JUNKYARD DOG & MISTER OLYMPIA VS « BRUISER » BOB SWEETAN & KELLY WAYNE (02:02)
VAINQUEURS : JUNKYARD DOG DOG & MISTER OLYMPIA
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DE JYD ET DE MISTER OLYMPIA
Passons à un match en tag. Sur le ring, un tandem formé pour l’occasion se compose de « Bruiser » Bob Sweetan et de Kelly Wayne, jeune blondinet à l’aspect plutôt maigrichon. Le public de Shreveport s’anime soudainement, dansant et claquant des mains au son de « Another One Bites the Dust », mythique tube de Queen qui accompagne les entrées du Junkyard Dog. Toujours aussi populaire, l’étoile filante de la Mid-South Wrestling s’amène en compagnie de Mister Olympia, avec qui il combat depuis quelques semaines, surtout après les ceintures de Champions Tag Team des Samoans.
Olympia commence fort et fait valdinguer Wayne, puis Sweetan d’un bout à l’autre du ring avec des tours de hanche. Pas de commentaire sur Sweetan, qui n’offre rien d’intéressant à l’image de sa triste existence. En action, Junkyard Dog est en feu et enflamme avec lui toute la foule. JYD et Olympia déroulent sans aucun problème, ce dernier passant de l’un à l’autre avec sa Sleeper Hold. Finalement, et en un peu plus de deux minutes, c’est bien le Junkyard Dog et Mister Olympia qui l’emportent après un Powerslam de JYD sur Kelly Wayne. Solide squash.
MATCH 6 : ONE MAN GANG W/SKANDOR AKBAR VS COCO SAMOA (01:56)
VAINQUEUR : ONE MAN GANG
PRISE DE FINITION : SPLASH
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CORRECT DU ONE MAN GANG
Décidément, Skandor Akbar est réellement sur tous les fronts. Un autre manager ne serait peut-être pas de trop. Cette fois-ci, ce bon vieux général apparaît aux côtés de l’homme qui représente sa plus grande menace. Originaire de Caroline du Sud, celui qu’on appelle le One Man Gang en raison de sa faculté à être un « gang » à lui tout seul, se tient n’a pas encore été vaincu. Seulement âgé de 22 ans, et culminant à plus de 2,06 mètres de haut, One Man Gang rencontre ce soir son plus coriace adversaire à ce jour, en la personne de Coco Samoa.
Qu’on se le dise, Coco Samoa n’est pas le jobber habituel. Il comprends que le One Man Gang est limité, de par son gabarit, et essaie donc de lui courir autour. La scène est assez cocasse et nous offre une séquence de course-poursuite digne d’un film d’épouvante. Le monstre chassant l’homme. Toutefois, Samoa se heurte rapidement à cette montagne de chair et d’os. Il se laisse rapidement emprisonner en prise de l’ours et souffre l’agonie de longues minutes durant. Coco essaie de redonner de la vitesse au combat mais One Man Gang est trop puissant. Ses coups sonnent les cloches de Coco, qui se retrouve très vite impuissant. Finalement, le One Man Gang l’emporte en écrasant totalement Coco Samoa ce soir victime de la machine du général.
MATCH 7 : THE GRAPPLER VS BUDDY LANDEL (02:18)
VAINQUEUR : THE GRAPPLER
PRISE DE FINITION : NECKBREAKER
APPRÉCIATION : BONNE PETITE EXHIBITION DE CATCH
Puisqu’il nous reste un peu de temps d’antenne, et qu’a la Mid-South, on ne gaspille pas de temps d’antenne, passons au dernier combat de la soirée. Sur le ring, nous retrouvons le jeune Buddy Landel, qui semble se révéler de semaine en semaine, et dont le potentiel semble extrêmement grand, ainsi que The Grappler, lutteur masqué dont l’une des bottes est dotée d’un objet illicite.
En guise d’ouverture de ce septième match en quarante-cinq minutes (tout de même), le Grappler s’impose rapidement. Il semble en effet beaucoup plus expérimenté et même si Landel est tout feu tout flamme, il n’a pas la bouteille du catcheur masqué. Buddy rate de peu de l’emporter en surprenant tout le monde avec un magnifique Crossbody. Landel se redonne alors du poil de la bête et tente une souplesse arrière. The Grappler la contre en un brise-nuque et l’emporte au compte de trois, alors que ces rencontres se terminent le plus souvent en no-contest.
Du squash, du squash encore et toujours plus de squash. Proposant sept matches, cette édition de Mid-South Wrestling fait la part belle au match à sens unique, dont la vocation est de mettre en avant le lutteur qui en ressort la tête haute. Et au milieu de tout cela, Ted DiBiase effectuait son retour en force !
– Ernie Ladd et l’Assassin se tournent autour, mais sans s’affronter pour autant. Pourtant, je ne crois pas que la rencontre intéresserait grand monde. Ladd n’est clairement plus en forme, et The Assassin, malgré tout le respect que j’ai pour ces deux lutteurs, ne soulève pas franchement les foules. L’intérêt de la promotion est ailleurs.
– Skandor Akbar est décidément sur tous les fronts. Aux côtés de l’Assassin, du One Man Gang, mais aussi des Samoans et de Bob Roop, le manager s’est ce soir affiché avec un nouveau protégé, en la personne de « Hacksaw » Jim Duggan, qui effectuait ses débuts. Présenté en heel et s’inspirant directement de Bruiser Brody, Duggan s’est incliné face à un Dick Murdoch qui nous insupporte un peu plus chaque semaine qui passe. Le résultat semble devoir être le même à chaque fois : même si les heels font la loi, en fin de compte, c’est toujours les gentils qui gagnent.
– Parlons un peu de « Hacksaw » Jim Duggan. Avant de devenir l’une des mascottes de la World Wrestling Federation au cours de la Golden Era, construisant sa légende à grands coups de 2×4, de patriotisme et de « Hooo ! », Duggan a fait ses armes du côté de la Mid South Wrestling, et en heel. Mercenaire pour le compte de Skandor Akbar, Jim Duggan ira plus tard rejoindre le Rat Pack aux côtés de Ted DiBiase et de Matt Borne, une faction qui fera les grandes heures de la promotion.
– Le fait marquant de ce programme est toutefois le retour de Ted DiBiase. Absent depuis sa défaite contre Bob Roop, et la perte de sa ceinture de Champion nord-américain, Ted DiBiase est revenu affronter celui qui a pris son titre. Et au terme d’un match très disputé et plutôt intense, DiBiase a botté les fesses du Champion, le battant à la régulière d’abord puis une seconde fois, officieusement disons, en réalisant lui-même le compte de trois, à la suite d’un Shoulderbreaker, la prise fétiche de Roop. On ne peut pas faire plus clair que ça, Ted DiBiase est de retour à la Mid-South Wrestling.
Nathan Maingneur