MID-SOUTH WRESTLING #15
27/03/1982
Boyd Pearce et Jim Ross sont désormais les hôtes de ce programme et nous accueillent dans l’enceinte du Irish McNeil’s Boys Club de Shreveport en Louisiane. Ils nous donnent la carte de cette heure de catch nord-américain et nous parlent immédiatement de ce qui s’est passé la semaine dernière entre Paul Orndorff et Bob Roop.
– On nous rediffuse d’abord les derniers moments de ce combat où Bob Roop a remporté la ceinture de Champion nord-américain de Ted DiBiase non sans controverse, à la suite de l’intervention du One Man Gang et de Skandor Akbar.
Sur le ring, Reeser Bowden s’apprête à faire les introductions rituelles mais Paul Orndorff s’empare du micro. Trompé par son propre ami, Orndorff met Roop et garde et le prévient de sa future vengeance.
MATCH 1 : PAUL ORNDORFF VS COCO SAMOA (03:37)
VAINQUEUR : PAUL ORNDORFF
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
APPRÉCIATION : MATCH PLUS QUE CORRECT
Orndorff a toutes les raisons d’être en colère. Sans cesse grugé lors de ses matches pour le titre de Champion nord-américain, maintenant doublé par celui qu’il considérait comme son ami, Orndorff n’est pas d’humeur. Et son adversaire, en la personne de Coco Samoa, s’apprête à en faire les frais. Originaire des îles Samoa, ce catcheur endurci qui ressemble comme deux gouttes d’eau à « Superfly » Jimmy Snuka, se tient sur le ring.
Sans doute aveuglé par sa haine, Orndorff commet quelques petites erreurs qui lui valent d’être bousculé par le samoan. Envoyé au sol par un saut chassé, Orndorff doit reprendre ses esprits. Et ce qu’il fait parfaitement, lorsque, Coco partant pour un Lou Thesz Press, il l’attrape en plein air et l’emmène s’écraser gorge première sur les cordes. Profitant de ce revirement de situation, Orndorff enchaîne avec un Powerslam et l’emporte au compte de trois au terme d’un match court, mais redoutablement énergique.
– En amont de son match contre Buddy Landel, notre nouveau Champion nord-américain, en la personne de Bob Roop, est interrompu par l’arrivée de Paul Orndorff. Ce dernier vire Landel et s’en prend directement à son ancien compère ! La foule est en délire et semble à fond derrière Orndorff, qui se déchaîne sur le Champion. Pris de panique, l’arbitre court à la table des annonceurs et demande de l’aide pour séparer les deux hommes. Plusieurs jobbers accourent alors, mais Orndorff les repousse les uns après les autres. Orndorff est inarrêtable, mais Roop s’en sort finalement en fuyant en direction des vestiaires. L’histoire est loin d’être terminée, quel segment !
MATCH 2 : « IRON » MIKE SHARPE VS MIKE BOYER (03:50)
VAINQUEUR : « IRON » MIKE SHARPE
PRISE DE FINITION : CANADIAN BACKBREAKER
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT SOLIDE
Catcheur de seconde génération, son père et son oncle étaient lutteurs au Canada, celui qu’on surnomme « Iron » Mike Sharpe en raison de sa robustesse est ce soir à l’affiche de ce programme. Après être passé du côté de Vancouver, au sein de la promotion de Gene Kiniski, puis de Calgary, au service de Stu Hart, Mike Sharpe s’est produit aux États-Unis, notamment en Géorgie et à la Mid-South Wrestling, entre 1979 et 1980 puis à partir de ce début d’année 1982. Il se frotte ce soir à un certain Mike Boyer, jobber de la promotion au talent assez incertain.
Loin d’être un fin technicien, Sharpe décide pourtant de se focaliser sur le bras et l’épaule de ce pauvre garçon. Aux commentaire, Ross et Pearce discutent de la situation brûlante entre Paul Orndorff et Bob Roop. Boyer semble cruellement manquer d’expérience entre les cordes, et cela se remarque à sa façon de courir dans les cordes et vendre les coups et les prises de son adversaire. Il s’offre un bref retour en force mais Sharpe l’envoie dans les airs avec un surpassement. Il l’emporte ensuite avec son Canadian Backbreaker, prise aussi impressionnante que douloureuse pour celui qui la subit. « Iron » Mike Sharpe reste donc invaincu, pour le moment.
MATCH 3 : THE SAMOANS W/SKANDOR AKBAR VS JUNKYARD DOG & KILLER KARL KOX (04:56)
VAINQUEURS : JUNKYARD DOG & KILLER KARL KOX
PRISE DE FINITION : COUP DE PELLE
INDICATEUR : ** ¼
Ils se sont récemment séparés d’Ernie Ladd dans des circonstances plus que douteuses. Et dans la foulée de leur association avec ce diable de Skandor Akbar, ils ont récupéré les ceintures de Champions Tag Team. Afa et Sika, qu’on connaît davantage en tant que Wild Samoans, rencontrent ce soir un duo de choc composé pour l’occasion du Junkyard Dog et de Killer Karl Kox. Quelle réaction du public lorsque ce tandem s’avance au ring au son de « Another One Bites the Dust » de Queen.
Kox commence mais est rapidement pris à partie par les Samoans. Lorsqu’entre JYD, les mouches changent d’âne et ce dernier fait le ménage. Les chouchous du public prennent l’avantage, utilisant même la prise des trapèze des Samoans, contre les Samoans ! Afa et Sika sont dominés mais reprennent temporairement le dessus grâce à une intervention de leur manager. JYD est alors passé à tabac et l’air semble de plus en plus étouffé au fur et à mesure de l’avancée du combat. Porté par le public, JYD se redonne du poil de la bête et, face à une énième tentative d’intervention d’Akbar, il l’attrape et lui porte un Bodyslam sur le ring. L’arbitre s’interpose mais JYD voit rouge et l’éjecte du ring. Toutefois, JYD est encore pris à partie par les Samoans et s’écroule sous leurs coups. C’était sans compter sur le retour de Karl Kox, remonté sur le ring avec sa pelle. Il dégage alors les Samoans à coups de pelle, au grand bonheur du public. JYD parvient tout juste à s’allonger sur Sika, resté sur le ring. L’arbitre se remet tant bien que mal, rampe et effectue le tombé. Tout le public y va de son décompte. 1..2.. et 3 ! La foule explose alors que JYD et Killer Karl Kox s’arrogent une victoire méritée, au terme d’un match simple, mais diablement efficace.
MATCH 4 : ONE MAN GANG W/SKANDOR AKBAR VS TERRY GIBBS (01:23)
VAINQUEUR : ONE MAN GANG
PRISE DE FINITION : SPLASH
APPRÉCIATION : SQUASH PARFAIT
Originaire de Chicago dans l’Illinois, cet imposant compétiteur est à l’origine de nombreux troubles. Faisant forte impression en envoyant Ernie Ladd, puis Dick Murdoch à l’hôpital, c’est lors du dernier épisode que les actions du One Man Gang ont eu des conséquences désastreuses. Intervenant lors du match de championnat entre Ted DiBiase et Bob Roop, le One Man Gang est directement responsable de la défaite de DiBiase. Toujours invaincu sur ce programme, le One Man Gang rencontre ce soir un certain Terry Gibbs, qui n’a pas l’air très rassuré, et on le comprends.
Ce pauvre Terry Gibbs se heurte à un véritable mur. Pourtant percuté de plein fouet, One Man Gang ne bouge pas d’un iota. Et ce n’est pas ces sauts chassés qui le feront bouger davantage. Attrapé en plein vol, Gibbs est séché par un sale brise-dos. Le One Man Gang se projette alors dans les cordes et s’élance ensuite pour un énorme Splash, écrasant ce pauvre garçon comme une crêpe. Excellent squash.
MATCH 5 : MR. OLYMPIA VS TULLY BLANCHARD (06:04)
VAINQUEUR : MR. OLYMPIA
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : ** ¼
Sensation du moment, Mister Olympia est toujours invaincu. Depuis ses débuts en début d’année, Olympia n’a eu de cesse d’enchaîner les victoires, y compris faute aux plus gros noms du circuit, Ed Wiskowski et « Cowboy » Bob Orton pour ne citer qu’eux. Son défi du soir est originaire de San Antonio au Texas. Fils du promoteur Joe Blanchard, il s’agit bien de Tully Blanchard, futur membre des Four Horsemen et des Brainbusters, considéré à de nombreux égards comme l’un des tous meilleurs de son époque.
Blanchard surprends Olympia avec une série de coups d’avant-bras. Toutefois, l’homme au masque argenté se reprend plutôt rapidement. Les échanges sont d’une fluidité assez folle et Blanchard fait très bonne figure. Aux commentaires. Jim Ross brosse d’ailleurs un portrait plus qu’élogieux de Blanchard. Olympia part pour une planchette japonaise mais Blanchard se retient aux cordes et laisse son adversaire s’écraser au tapis. Olympia s’en démène et enchaîne avec un Splash, mais Tully lève ses genoux. Comme pour nous offrir une prémisse de son travail de heel, Blanchard passe ensuite à rien de surprendre tout le monde avec une tentative de tombé réalisée avec l’aide des cordes. Profitant d’une petite altercation entre Blanchard et l’arbitre à propos de ce tombé litigieux, Olympia en profite et l’enroule en petit paquet pour le compte de trois. Quelle vitrine pour Tully Blanchard !
MATCH 6 : JESSE BARR VS RICK FERRARA (03:39)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : TIME LIMIT
APPRÉCIATION : PLUTÔT BONNE PETITE EXHIBITION
Il nous reste un peu de temps d’antenne, place à une petite exhibition de catch en bonne et due forme. Habitué à ces petites joutes de fin d’émission, Jesse Barr nous a déjà offert de très solides performances. Frère du grand Art Barr, inventeur du Frog Splash, Jesse se mesure ce soir à Rick Ferrara, lui aussi habitué à combattre lors de ces quelques minutes restantes.
Rien à dire ou presque, si ce n’est que les échanges sont plutôt dynamiques. Ferrara est un plutôt bon lutteur et son style colle bien avec celui de Barr, plus technique et voltigeur. Ferrara y va de son Atomic Drop, tandis que Barr le surprends avec un Headcissors. Rick s’en dégage et à la suite d’une planchette japonaise portée par Jesse Barr, le combat est interrompu par le son de la cloche, signe que le temps limite réglementaire s’est écoulé. À la semaine prochaine !
Qu’est-ce qu’ils sont bons ces épisodes de Mid-South Wrestling ! Du très bon catch, des squashes, de la bonne bagarre, chacun peut y retrouver son compte, et c’est ça qui fait la force de ce programme. C’est parti !
– Rares sont ces matches où une fois le combat terminé, ce n’est pas la personne désirée qu’on retient. Ce cas de figure s’est produit ce soir lors de ce match entre Mister Olympia et un tout jeune Tully Blanchard. Encensé par Jim Ross, prodigieux entre quatre cordes, Blanchard nous a fait plein les yeux et même s’il n’a pas gagné, il y a fort à parier qu’il ait fait forte, très forte impression.
– Roulé dans la farine par son propre ami, Paul Orndorff l’a mauvaise et n’a pas perdu une seconde pour venger cet affront. Victorieux face à Coco Samoa, c’est toutefois en amont du match de Bob Roop que la situation a dégénéré. Les nerfs à vif, les tensions étaient à leur paroxysme et n’ont pas su être contenue plus longtemps. Le tout s’est transformé en une joyeuse bagarre rangée où le public était à fond derrière Orndorff. Il semblerait que le vent à tourné pour Paul Orndorff, ce n’est pas trop tôt.
– Comme l’a parfaitement dit Boyd Pearce, il y en a pour tout le monde à la Mid-South. Et qu’on aime le catch sauvage et un peu fou-fou ou qu’on adore le catch plus rude, on s’y retrouve forcément. De l’overness invraisemblable du Junkyard Dog, aux sales méthodes des Samoans, en passant par le valeureux Mister Olympia et le catch pur d’un jeune mais non moins talentueux Tully Blanchard, chacun peut y trouver son compte.
– Si ce match à quatre entre les Samoans et ce duo de choc composé du JYD et de Killer Karl Kox n’est assurément pas le plus grand Tag Team match de tous les temps, il est un parfait exemple de l’idée selon laquelle le catch a vocation à rester simple. Sans fioritures, c’est pourtant l’attraction de la soirée. Ce n’est pas du grand catch, c’est simple comme bonjour, mais diable que c’est efficace, et c’est là toute l’essence de ce sport-spectacle.
Nathan Maingneur