MID-SOUTH WRESTLING #40
01/10/1982

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved
Boyd Pearce et « Cowboy » Bill Watts sont nos hôtes et nous accueillent comme d’habitude dans l’enceinte du Irish McNeil’s Boys Club de Shreveport en Louisiane pour cette nouvelle édition de Mid-South Wrestling. Au programme de la soirée : les débuts tant attendus de Kamala ainsi que des images inédites d’un affrontement entre le Junkyard Dog et le Champion de l’AWA – pas à tout à fait mais nous y reviendrons – en la personne de Nick Bockwinkel.
– Et ce sont avec ces images que nous commençons notre soirée. La rencontre eut lieu le 24 septembre 1982 au Coliseum de Houston au Texas et Boyd Pearce s’occupait des présentations au micro. En partenariat avec la Southwest Sports Championship Wrestling de Joe Blanchard et la Houston Wrestling de Paul Boesch, ce gala de catch texan accueillait ce soir là Nick Bockwinkel, ancien Champion du monde de l’AWA de Verne Gagne. L’arène est subitement entrée en éruption au son des premières notes de basse de la musique d’entrée du Junkyard Dog alors qu’un nombre incalculable de spectateurs se regroupait tout autour du ring. En réalité, Bockwinkel n’est plus le Champion de l’AWA et a perdu son titre le 29 août 1982 contre Otto Wanz à la suite d’une magouille financière. Bockwinkel ira toutefois regagner son titre quelques jours plus tard le 9 octobre et entamera un règne de plus d’un an et demi. La rencontre est relativement disputée mais très tôt, le Junkyard Dog éclate Bockwinkel avec son Powerslam. Galvanisé par le soutien de la foule, JYD lui en porte un second et plie l’affaire en l’espace de trois minutes seulement. On se demande bien pourquoi Bill Watts était si guilleret à l’idée de nous diffuser ces images !
MATCH 1 : « COL. » BUCK ROBLEY VS SKANDOR AKBAR (02:28)
VAINQUEUR : « COL. » BUCK ROBLEY PAR DQ
PRISE DE FINITION : INTERVENTION DU MONGOLIAN STOMPER
INDICATEUR : * ½
Il a fallu qu’il vienne à bout du One Man Gang dans un match des bûcherons pour obtenir le droit d’affronter Skandor Akbar. Pris pour cible par les protégés de l’auguste manager d’origine syrienne, le « Colonel » Buck Robley cherche à régler ses comptes une bonne fois pour toutes avec son ennemi. Et ce soir, Akbar n’eut donc pas d’autre choix que de rechausser ses bottes une fois de plus – lui qui n’est certes plus dans la fleur de l’âge mais qui affiche encore un solide gabarit. Aux commentaires, on nous indique que le One Man Gang et Killer Khan sont bannis des abords du ring. Tiens donc.
Robley s’impose d’entrée de jeu avec une bonne clé de bras tandis qu’Akbar ne cesse de se plaindre auprès de l’arbitre. Fourbe et tricheur, Akbar brise la garde de Robley avec de sale coups de poing fermés et une série de coups de genou dans l’abdomen. Robley revient en force et réussit même à placer Akbar dans sa prise de soumission – alors que ça ne fait même pas deux minutes que le combat a commencé ! L’attention de la foule est toutefois captivée hors champ et on comprends rapidement pourquoi. Une silhouette similaire à celle de Killer Khan fait alors irruption sur le ring pour s’en prendre sauvagement à Robley. Mais ce n’est pas Khan, c’est le Mongolian Stomper ! L’arbitre Rick Ferrara s’empresse alors de faire sonner la cloche et disqualifie Akbar. Le Mongolian Stomper – Archie Gouldie de son vrai nom – a vraisemblablement rejoint l’écurie de Skandor Akbar et étrangle alors Robley dans les cordes. Une armée de jobbers accourt à l’aide de Robley mais seront chassés par ce nouveau monstre.
MATCH 2 : « THE UGANDAN GIANT » KAMALA W/FRIDAY VS TIM HORNER (01:01)
VAINQUEUR : KAMALA
PRISE DE FINITION : SPLASH
APPRÉCIATION : EXCELLENTS DÉBUTS DE KAMALA
Reeser Bowden a changé de costume et nous présente l’un des protagonistes du prochain combat. Il s’agit de Tim Horner, jobber habitué à se prendre déculottée sur déculottée. Des percussions africaines et autres sons de la savane envahissent alors le gymnase et présagent le pire. Des chants d’oiseaux, des bruissements et des rugissements en tous genres accompagnent l’entrée pour la toute première fois de celui qu’on appelle « The Ugandan Giant » Kamala. Pieds nus, le visage et le ventre peint à la mode tribale, arborant un pagne au motif léopard, Kamala est recouvert de bijoux et d’ornements divers et variés, un peu comme s’il était le chef d’une tribu de cannibales. On l’a même un temps présenté comme un cousin du dictateur Amin Dada. Et comme tout bon stéréotype colonial qui se respecte, l’homme noir sauvage aux instincts primaires est évidemment accompagnée d’un homme blanc plus intelligent et civilisé que lui – ici en tenue militaire, le visage masqué et fumant le cigare. Une sorte de Fidel Castro colonialiste. Un cauchemar à tous les niveaux.

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Présenté depuis plusieurs semaine comme la prochaine menace de la promotion, Kamala impressionne avec d’énormes frappes qui concassent ce pauvre Horner. Il l’écrase au sol avec un gros enfourchement et enchaîne – avec une certaine agilité pour son gabarit – avec une série de Splashes portée sur les vertèbres d’Horner qui sera donc la première victime du géant ougandais, lui succombant en l’espace d’une courte minute à peine. Les débuts de Kamala – si on soustrait cette gimmick de très mauvais goût – sont en revanche fracassants.
MATCH 3 : THE GRAPPLERS VS JESSE BARR & VINNIE ROMEO (03:49)
VAINQUEURS : THE GRAPPLERS
PRISE DE FINITION : ONE ARM BULLDOG
APPRÉCIATION : TRÈS BON MATCH DE CATCH À QUATRE
Après avoir réalisé de très bons débuts la semaine dernière, les Grapplers sont de retour et forment un duo de choc extrêmement acéré. Ils sont le fruit de l’association du Grappler originel – Len Denton de son vrai nom – et d’un double et ont fait bigler un Mr. Wrestling II qui s’est un peu démené de cette histoire. Ils rencontraient ce soir un tandem composé pour l’occasion de Jesse Barr et de Vinnie Romeo, deux gaillards qui ne sont pas parmi les plus mauvais des jobbers.
Barr et Romeo s’imposent d’entrée de jeu face aux Grapplers au terme d’une petite séquence endiablée. La cohésion des hommes masqués leur permet toutefois de reprendre la main en projetant Barr épaule première dans la protection du coin. Et tel des hyènes, de véritables charognards, les Grapplers insistent et se focalisent sur ce bras meurtri. Frais et dispo, Romeo revient en force à la suite d’un hot tag et réussit même à gérer ses deux adversaires en même temps. Il subira toutefois un brise-épaule tonitruant, façon Canadian Backbreaker. Les Grapplers en profitent et en finiront comme la semaine dernière avec un One Arm Bulldog.
MATCH 4 : MR. OLYMPIA VS « HANGMAN » RICKY HARRIS (03:05)
VAINQUEUR : MR. OLYMPIA
PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD
APPRÉCIATION : PLUTÔT BONNE PERFORMANCE D’OLYMPIA
Place à notre prochain combat. D’entrée de jeu, Reeser Bowden nous annonce au micro que notre premier protagoniste – en la personne de Mr. Olympia – a récemment regagné le titre de Champion du Mississippi contre Killer Khan. La rencontre eut lieu le 22 septembre du côté du Fairgrounds Coliseum de Jackson dans le Mississippi. Olympia a ce soir la lourde tâche d’affronter un redoutable adversaire. Un véritable bourreau des rings qui brandit son effroyable nœud coulant dont il se sert pour étrangler et faire perdre connaissance à ses victimes. Il s’agit de « Hangman » Ricky Harris, qui se fera plus tard connaître sous le nom de Black Bart.
Toujours hyper engageant, Olympia donne le ton avec une séquence furieuse qui prends Harris de court. Ce dernier revient en contrant une tentative de surpassement avec un coup de pied dans l’abdomen suivi par un gros enfourchement. Olympia reprends la main avec un Atomic Drop et enchaîne avec un magnifique Missile Dropkick porté depuis la troisième corde. Il en termine ensuite sans trop de difficulté avec sa Sleeper Hold qui envoie directement Harris dans les bras de Morphée.
– Au retour de la page de réclame publicitaire, des images exclusives d’un récent combat de Tony Atlas nous sont diffusées. Mais d’abord, Atlas s’adressait au Junkyard Dog dans une promo aussi intense que cocaïnée au micro de Pete Birkholtz. Nous repartons ensuite du côté de la Houston Wrestling et il s’agit ici des dernières minutes d’un affrontement entre Tony Atlas et El Gran Markus, légende vivante – mais vieillissante – du catch mexicain. Natif de Torreón dans l’État de Coahuila, Markus a commencé la Lucha Libre dans les années 1960 et fait partie de ces lutteurs mexicains qui ont percé aux États-Unis à cette période, essentiellement au Texas et dans les États du Sud. Watts nous affirme que le match dure depuis quarante minutes et Atlas l’emportait alors à la suite d’un saut chassé et d’un Splash.
MATCH 5 : TED DIBIASE VS MIKE BOND (03:11)
VAINQUEUR : TED DIBIASE
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
APPRÉCIATION : SQUASH UN PEU QUELCONQUE DE DIBIASE
L’air arrogant, Ted DiBiase est l’archétype du Champion détestable. Titulaire de la ceinture de Champion nord-américain depuis sa victoire contre le Junkyard Dog – qui n’a d’ailleurs cessé de courir après ce titre concédé dans des circonstances plus que douteuses, DiBiase affrontait ce soir Mike Bond, jobber habitué à se prendre de sacrées roustes lors de ces programmes – et sans lien de parenté avec le célèbre agent 007.
DiBiase pêche par excès de confiance et manque de se faire river les épaules au sol en tout début de combat. Toutefois, DiBiase est bien plus aguerri que son adversaire, encore très inexpérimenté. Affichant une barbe de trois jours, le Champion semble être en train d’adopter le style du Ted DiBiase que nous connaissons bien. Bond subit plus qu’autre chose le catch de DiBiase qui déroule sans problème et qui l’emporte en l’espace de trois minutes avec son Powerslam.
– La transition qui précède la coupure publicitaire nous indiquait que Mr. Wrestling II ferait face à un jobber du nom de Bob Stabler. Mais lorsque nous revenons à l’antenne, ce sacré Ted DiBiase est toujours sur le ring et comme la semaine dernière, le Champion nord-américain refuse de quitter le ring. Au micro, DiBiase accuse la promotion de favoritisme jusqu’à ce que Mr. Wrestling II le rejoigne. DiBiase exige de l’affronter lui et ordonne au jobber de repartir au vestiaire ! L’homme au masque blanc accepte volontiers et la rencontre est officialisée. Sauf que le temps d’antenne de l’émission est presque écoulé et de fait, nous n’assisterons pas à la totalité du combat qui sera – Bill Watts s’y engage – diffusé la semaine prochaine !
Sacrée semaine pour la Mid-South Wrestling qui continue d’assure une programmation éclectique et qui tire profit de chaque seconde des quarante-cinq minutes d’antenne qui lui sont allouées chaque semaine. Kamala effectue ses débuts, The Mongolian Stomper fait irruption dans un match clé, Ted DiBiase, Mr. Olympia et plus encore !
– Dès la vignette d’introduction, nous savions que le personnage de Kamala allait s’inscrire dans un schéma de représentation raciste et colonialiste. Peindre le portrait d’un individu noir sous les traits d’un homme sauvage est férocement raciste et réponds à d’anciennes tropes colonialistes dont les origines remontent à la période de l’esclavage. Si nous parvenons à soustraire cet état de fait, les débuts de Kamala à la Mid-South Wrestling sont parmi les plus puissants de cette époque – toutes promotions confondues. Agile et athlétique, surtout pour un gabarit comme le sien – il ne fait aucun doute que le personnage de Kamala sera présenté comme l’un des grands antagonistes de la Mid-South. C’est juste navrant et franchement désolant que les promoteurs aient eut recours à ces procédés nauséabonds.
– Lorsqu’on nous a annoncé que One Man Gang et Killer Khan seraient banni des abords du ring, on aurait pu penser que le « Colonel » Buck Robley allait enfin pouvoir obtenir gain de cause une bonne fois pour toutes en bottant les fesses du despote Skandor Akbar. Mais c’était sans compter sur la vilenie de ce terrible manager qui a toujours plus d’un tour dans son sac. De prime abord – et dans l’attente du discernement – nous aurions pu croire qu’il s’agissait finalement de Khan tant sa silhouette et son apparence lui ressemblaient. Mais non. En provenance de la Stampede Wrestling de Calgary, Archie Gouldie de son vrai nom, plus connu sous le nom du Mongolian Stomper est arrivé à la Mid-South Wrestling et s’apprête à faire régner la terreur.
Nathan Maingneur