MID-SOUTH WRESTLING #37
11/09/1982

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Boyd Pearce est notre hôte et nous accueille comme d’habitude dans l’enceinte du Irish McNeil’s Boys Club de la petite bourgade de Shreveport en Louisiane pour une nouvelle édition de Mid-South Wrestling. Son partenaire aux commentaires pour la soirée n’est autre que Bob Roop, ce soir revêtu d’un élégant costume crème.
Revenons tout d’abord une semaine en arrière. Souvenez-vous en, Mr. Wrestling II était censé être l’arbitre de ce match tant attendu qui opposait le tandem de Ted DiBiase et de Jim Duggan à celui du Junkyard Dog et de Mr. Olympia. En amont de ce combat – et en tenue d’arbitre – l’homme au masque blanc se faisait alors interviewer par « Cowboy » Bill Watts et promettait de respecter les règles. Il fut alors interrompu et chassé hors du ring par un autre homme masqué qui s’est révélé être l’authentique Mr. Wrestling II ! Mais qui était donc cet imposteur ? Mr. Wrestling II nous raconte alors toute l’histoire. Il se produisait un temps du côté de l’Omni d’Atlanta lorsqu’il reçut un télégramme de Grizzly Smith, le match-maker de la Louisiane. Cherchant à comprendre les raisons de ce message, il se rendit donc à La Nouvelle-Orléans pour élucider ce mystère. En arrivant sur place, il se rendit compte qu’un charlatan usurpait en effet son identité et se produisait en son nom !
– L’imposteur mis hors d’état de nuire, l’homme au masque blanc allait donc pouvoir revêtir son uniforme d’arbitre. Transition effectuée, on nous diffuse ensuite des images exclusives de ce combat lors duquel ont été défendues les ceintures de Champions Tag Team. Et alors que l’action battait son plein, Jim Duggan a « malencontreusement » percuté Mr. Wrestling II qui chuta lourdement en dehors du ring. Évidemment, notre usurpateur accourut, lui aussi en tenue d’arbitre ! Sauf qu’au lieu de venir faire régner l’ordre, il trafiqua sa botte, la marque de fabrique du Grappler ! Assommant le vrai Mr. Wrestling II, le Grappler s’empressa de faire le tombé, octroyant les ceintures à Jim Duggan à Ted DiBiase !
Face à ce changement de titre controversé, Grizzly Smith prit la décision de montrer la séquence à Charlie Lay, le président administratif de la Mid-South Wrestling. On nous fait alors part de son dilemme : notre président fut bien embêté Mr. Wrestling II refuse de retirer son masque afin de prouver son identité. Lay reconnaît toutefois au visionnage de la cassette que l’arbitre d’origine n’est vraisemblablement pas celui qui a effectué le compte de trois final. Par conséquent, les ceintures resteront accrochées autour des hanches du Junkyard Dog et de Mr. Olympia.
MATCH 1 : « CPT. REDNECK » DICK MURDOCH VS BILLY « THE STARCHILD » STARR (01:29)
VAINQUEUR : DICK MURDOCH
PRISE DE FINITION : BRAINBUSTER
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CLASSIQUE DE MURDOCH
Passons maintenant au programme de notre soirée. Toujours dans son costume gris et ses petits souliers cirés, Reeser Bowden nous présente le premier protagoniste du match d’ouverture. Longue chevelure un peu graisseuse et style, négligé Billy « The Starchild » Starr nous fait penser à Waingro, l’un des antagonistes du film Heat de Michael Mann. L’hymne des Marines américains retentit alors dans la salle et quelques badauds se lèvent pour saluer l’arrivée de Dick Murdoch, sudiste pur jus et signataire avéré du Ku Klux Klan, encore et toujours présenté comme un bidasse un peu simplet.
Murdoch commence en envoyant quelques coups de coude façon Dusty Rhodes. Il projette ensuite Starr dans les airs avec un joli surpassement. Billy « The Starchild » Starr essaie tant bien que mal de lui répondre mais Murdoch est sur sa lancée et l’emporte en l’espace d’une minute et trente secondes avec un Brainbuster un peu maladroit.
MATCH 2 : MR. OLYMPIA VS RON CHEATHAM (02:49)
VAINQUEUR : MR. OLYMPIA
PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD
APPRÉCIATION : PETITE EXHIBITION PLUS QUE CORRECTE POUR OLYMPIA
Arborant une joli ensemble de couleur orange pour sa tenue, Mister Olympia demeure l’un des physiques les plus taillés de la promotion. En ce moment aux prises avec Ted DiBiase et Jim Duggan pour les ceintures de Champions Tag Team, Olympia s’autorise ce soir une petite pause et a l’occasion de souffler un peu. Il nous gratifie d’une petite exhibition de ses talents en affrontant un jobber du nom de Ron Cheatham.
Olympia s’enflamme et – à la suite d’une petit chassé-croisé avec Cheatham – lui décoche un magnifique saut chassé dans la mâchoire. Olympia conserve l’avantage mais Cheatham lui griffe les yeux et lui balance de sales coups de poing. Toutefois, le pauvre garçon se jette dans la gueule du loup et succombe à la prise du sommeil de l’homme masqué en moins de trois minutes.
MATCH 3 : JUNKYARD DOG VS THE ONE MAN GANG W/SKANDOR AKBAR (01:26)
VAINQUEUR : JUNKYARD DOG
PRISE DE FINITION : POWERSLAM
INDICATEUR : * ¼
204kg affichés à la pesée et culminant à près de 2,06m de haut, le One Man Gang est le mercenaire inamovible au service de ce voyou de Skandor Akbar. Les notes de basse qui ouvrent l’un des morceaux les plus marquants du début de la décennie accompagnent l’entrée du Junkyard Dog, toujours prêt à faire mordre la poussières à ses adversaires parmi les plus coriaces. Et même le si stoïque Reeser Bowden ne peut pas s’empêcher un petit déhanché au son du mythique Another One Bites the Dust de Queen.
C’est la goutte d’eau. Frustré par de longues semaines passées à se faire tourner en bourrique par Ted DiBiase, le Junkyard Dog relâche tout sur son large adversaire, complètement pris de court par l’explosivité du JYD. Faisant preuve d’une force herculéenne, le Junkyard Dog le soulève du sol et l’écrase de toutes ses forces avec son Powerslam, moins d’une minute après le son de la cloche ! Pris de panique, Akbar grimpe sur le bord du ring mais JYD ne le loupe pas et s’occupe de son cas. Killer Khan accourt alors mais le Junkyard Dog est sur tous les fronts et le japonais ira mordre la poussière comme les autres. Dans son dos, le One Man Gang s’est remis de ses émotions, mais le Junkyard Dog est inarrêtable et lui assène un nouveau Powerslam, cette fois-ci pour le compte de trois ! La foule explose, le Junkyard Dog vient d’écraser le One Man Gang en moins d’une minute trente !
MATCH 4 : TED DIBIASE VS TIM HORNER (02:18)
VAINQUEUR : TED DIBIASE
PRISE DE FINITION : FIGURE FOUR LEGLOCK
APPRÉCIATION : SQUASH D’APPARENCE CLASSIQUE POUR DIBIASE
Toujours Champion nord-américain – mais pas Champion Tag Team, merci au président Lay – Ted DiBiase apparaît ce soir en solo, sans son homme de main à ses côtés – qu’on devrait toutefois retrouver plus tard dans la soirée face à Mr. Wrestling II. Fuyant, méprisable et arrogant, le Champion US échappe encore et toujours à une inévitable confrontation avec le Junkyard Dog qui devrait tôt ou tard avoir lieu. Ted DiBiase se dégourdissait ce soir contre le jeune Tim Horner, qui arbore une moustache bien démodée, à la mode des eighties.
Nerveux, DiBiase nous montre ses compétences en lutte amateur et emmène Horner au tapis. S’ensuit alors une séquence plutôt dynamique au terme de laquelle le Champion s’impose avec un bel enfourchement. Le jeune Horner trouve l’audace d’envoyer coups d’avant-bras mais se loupe non pas une, mais deux fois sur une tentative plutôt simpliste de Flying Crossbody. Horner réussit cependant à placer une série de Headscissors mais DiBiase le contre rapidement et le laisse lourdement retomber sur les cordes. Le Champion nord-américain enchaîne et le cloue ensuite au sol avec son Powerslam avant d’enchaîner avec sa Figure Four Leglock meurtrière.
MATCH 5 : MR. WRESTLING II VS « HACKSAW » JIM DUGGAN (06:31)
VAINQUEUR : MR. WRESTLING II
PRISE DE FINITION : COUP DE GENOU DANS LA MÂCHOIRE
INDICATEUR : ** ¼
S’agit-il de l’authentique Mr. Wrestling II ? Vraisemblablement – si l’on se fie à la morphologie du monsieur – tout indique que oui. L’homme derrière ce masque blanc – en la personne de Johnny Walker – n’est certes plus dans la fleur de l’âge et n’a évidemment plus son corps d’autrefois. Malgré cela, il n’en reste pas moins un compétiteur au catch très aiguisé qui en a encore sous le capot. Ce qui risque de poser problème, c’est que son antagoniste est dans la forme physique de sa carrière. Avec son gabarit impressionnant, Jim Duggan est une masse. Voyons maintenant si la puissance brute de celui qu’on ne surnomme pas « Hacksaw » pour rien saura triompher de son vieillissant adversaire ou si son manque d’expérience profitera au contraire au vénérable Mr. Wrestling II.
Prêt à en découdre, Mr. Wrestling II donne le ton avec un Armdrag et veut enchaîner avec son coup de genou mais Duggan l’esquive in-extremis et reprends ses esprits en dehors du ring. Une fois revenu sur le ring, Duggan manque une fois de plus de se faire décrocher la mâchoire, Mr. Wrestling II conserve donc l’avantage psychologique. Une petite séquence au sol est la bienvenue, surtout de la part d’un gros gabarit comme Duggan. Mr. Wrestling II se focalise sur son genou et affaiblit ses fondations. Duggan reprends temporairement la main mais fait l’erreur de baisser sa garde et se mange le genou de Mr. Wrestling II en plein dans la tronche. Par miracle, il réussit toutefois à glisser hors du ring. Ted DiBiase fait alors irruption pour soutenir son homme de main. Un renfort qui n’est pas du goût de Dick Murdoch qui s’interpose également. S’ensuit alors une course poursuite endiablée, pour le plus grand bonheur d’une foule excitée. Debout sur le bord du ring, DiBiase essaie de retenir Mr. Wrestling II. De son côté, Duggan s’élance à toute vitesse mais l’homme masqué se retire au dernier moment et Duggan percute DiBiase de plein fouet ! Mr. Wrestling II profite de la situation et sèche Duggan pour de bon avec son coup de genou. L’arbitre n’y a vu que du feu et procède au compte de trois final. Décision narrative apparaît quelque peu hasardeuse, Mr. Wrestling II l’emporte sur un Jim Duggan qui mérite mieux que cela, au grand dam d’un Champion nord-américain désabusé. Les gentils gagnent toujours et les méchants se font toujours avoir.
MATCH 6 : THE GRAPPLER VS VINNIE ROMEO (02:48)
VAINQUEUR : THE GRAPPLER
PRISE DE FINITION : COUP DE GENOU DANS LA MÂCHOIRE
APPRÉCIATION : LE PARALLÈLE AVEC MR. WRESTLING II EST INTÉRESSANT !
A peine nous sommes-nous remis de nos émotions que nous passons à notre prochain match. On retrouve désormais le Grappler – ou est-ce encore Mr. Wrestling II ? Sérieusement, il semble ici s’agir de la bonne personne. Pas de déguisement cette fois-ci. Aux couleurs de son personnage, le Grappler se mesurait ce soir à un Vinnie Romeo dont le corps est enduit d’une sorte d’huile faisant luire son physique impressionnant.
Le Grappler est particulièrement agressif et malmène ce pauvre garçon qui se retrouve vite pris de court et à la merci de son adversaire masqué. Romeo se rebiffe un peu et décroche quelques coups de poing, ainsi qu’un magnifique saut chassé. Toutefois, le Grappler reprends rapidement le contrôle et lui porte une variante de Powerbomb, une prise qu’on ne voit pas encore des masses à cette période Et à l’instar de Mr. Wrestling II, le Grappler se positionne et lui assène un coup de genou dans la mâchoire – le même que celui de Wrestling II ! L’arbitre compte trois et le Grappler l’emporte. A peine eut-il le temps d’avoir son bras levé que Mr. Wrestling II ne tarde pas à montrer le bout de son nez. Fidèle à lui-même, celui-ci préfère fuir et repart en direction du vestiaire. Il ne pourra pas fuir indéfiniment !
MATCH 7 : « COL. » BUCK ROBLEY VS TONY ANTHONY (02:17)
VAINQUEUR : « COL. » BUCK ROBLEY
PRISE DE FINITION : SLEEPER HOLD
APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT DISPENSABLE DE ROBLEY
Comme souvent lors de ces programmes, nous concluons avec notre cher Buck Robley. Briscard invétéré et vétéran des rings, celui qu’on surnomme le « Colonel » Buck Robley est toujours flanqué de son plâtre et de son t-shirt jaune délavé sur lequel on peut lire : « personne ne me traite de froussard ! ». Récemment embêté par les loubards de ce diable de Skandor Akbar, Robley se mesurait à ce soir à Tony Anthony qui n’est autre qu’un futur Dirty White Boy.
Rien de différent par rapport aux autres matchs – ma foi quelque peu ennuyants – de Buck Robley. Anthony se mange quelques sales coups de coude ainsi qu’un bel enfourchement. Anthony rétorque avec de bons coups de poing et couche même son adversaire avec un coup de coude dans les dents. Ce dernier se redonne toutefois du poil de la bête et revient en force avec un surpassement. Buck Robley l’emporte ensuite grâce à une descente du coude – du plâtre que dis-je – directement sur le crâne de son adversaire.
Encore une fois, la Mid-South Wrestling profite de chaque seconde d’antenne et optimise chacun de ses segments pour inclure un maximum de contenu dans ses programmes. Le Junkyard Dog écrase le One Man Gang, Jim Duggan tombe des nues face à Mr. Wrestling II et plus encore !
– La Mid-South Wrestling sait comment raconter des histoires. Pas toujours de façon cohérente mais c’est un autre débat. En nous exposant le contexte de cette rivalité naissante entre Mr. Wrestling II et le Grappler, la promotion mit l’accent sur l’un des aspects de sa présentation qu’elle peaufine de plus en plus : le storytelling. Se faisant passer pour Mr. Wrestling II en usurpant son identité – et en portant son masque – le Grappler s’est attiré les foudres de l’homme au masque blanc. On aurait pu s’attendre à un schéma classique aboutissant à la victoire décisive du babyface mais c’est plus complexe que ça. De son côté, Mr. Wrestling II refuse de retirer son masque – ce qui faciliterait grandement les choses – et de l’autre, le Grappler s’attribue et maîtrise des éléments du catch de Mr. Wrestling II, semant encore plus le doute sur l’identité de deux catcheurs.
– Nous comprenons que le Junkyard Dog s’impatiente. Nous comprenons que le Junkyard Dog soit agacé de se faire tourner en bourrique par les excuses et les mensonges de Ted DiBiase et de Jim Duggan. Par contre, foutre en l’air des semaines de travail de présentation du One Man Gang pour se faire aplatir de la sorte – en moins d’une minute trente – est un gros pas en arrière et une déception non dissimulée. Si l’objectif était pour la Mid-South Wrestling de faire passer son monstre heel pour un jobber, mission accomplie.
– Même constat désolant pour Jim Duggan qui fit ce soir les frais des bisbilles entre The Grappler et Mr. Wrestling II. Certes il était important que ce dernier apparaisse en forme dans le cadre de sa rivalité avec le Grappler. Mais pourquoi en faire payer les pots cassés à l’un de ses talents émergents les plus prometteurs ? Lancé dans le grand bain à la suite de son association avec Ted DiBiase, Jim Duggan n’avait pas à être présenté dans la sorte et n’avait pas à se faire écraser de la sorte, surtout pas par un compétiteur du double de son âge et de moitié moins de sa carrure. Pensez, ce monstre de muscles se couchant face à un vieillard masqué qui eut sa gloire au milieu des années soixante. Au moins le match était bon et divertissant. Espérons que Ted DiBiase ne subisse pas le même traitement – qui eut déjà raison de Paul Orndorff plus tôt cette année.
Nathan Maingneur