MID-SOUTH WRESTLING #38

MID-SOUTH WRESTLING #38

18/09/1982

Mid-South Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Boyd Pearce est notre hôte et nous accueille encore et toujours dans l’enceinte du Irish McNeil’s Boys Club de Shreveport en Louisiane pour une nouvelle édition de Mid-South Wrestling. À l’affiche de ce programme : un match de championnat Tag Team ainsi que la présence de Ted DiBiase et de Mr. Wrestling II. Son partenaire de commentaires pour la soirée n’est autre que l’actuel président de ce territoire en la personne de « Cowboy » Bill Watts. Celui-ci nous annonce tout de suite qu’un personnage aussi unique que terrifiant fera bientôt ses débuts à la Mid-South Wrestling. Une vignette de présentation nous est alors diffusée et accrochez-vous parce que c’est du lourd.

– Seulement vêtu d’un pagne léopard, le corps recouvert de peintures tribales et de gri-gri en tous genres, cet individu que nous appellerons Kamala – mais qui nous est ici présenté en tant que Kimala – est une grossière caricature d’un sauvage primitif. Le visage caché par un masque africain en bois, celui qu’on surnomme « The Ugandan Giant » s’avance dans les herbes hautes (sans doute quelque part en Louisiane) armé d’une lance acérée. Un effet de fumée suggère qu’il s’agit d’un cannibale et que ses adversaires finiront dans la marmite. Et tout cela au son de tam-tams et autres percussions tribales. Sacré nom de dieu.


MATCH 1 : « HACKSAW » JIM DUGGAN VS JESSE BARR (03:38)

VAINQUEUR : JIM DUGGAN

PRISE DE FINITION : SPEAR

APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DE DUGGAN


Reeser Bowden a pris quelques vacances et c’est un certain Jack Curtis qui le remplace cette semaine pour les présentations. Curtis est un ancien lutteur passé promoteur du côté de la Louisiane. Tapant du pied comme un barbare prêt à passer à l’action, celui que on surnomme « Hacksaw » Jim Duggan sera de la partie dans notre premier combat. Il se mesurait ce soir à Jesse Barr, fils du grand Sandy Barr et frère du légendaire Art Barr, plus connu sous le nom de Jimmy Jack Funk du côté de la World Wrestling Federation.

Le jeune Barr n’a pas froid aux yeux et tente immédiatement d’emmener Duggan au sol. Il enchaîne avec une série de Armdrags et force Duggan à reprendre ses esprits en dehors du ring. Mais Duggan est un guerrier et s’impose avec de gros coups de poing et de pied. Barr reprends du poil de la bête et réussit même à placer une planchette japonaise mais Duggan se relève, se projette dans les cordes et lui assène une sorte de Spear porté au niveau de la gorge. Duggan aurait pu largement en terminer mais choisit d’enfoncer le clou avec un Powerslam – porté façon Oklahoma Stampede – pour le compte de trois.


MATCH 2 : TED DIBIASE VS JOHNNY RICH (04:19)

VAINQUEUR : TED DIBIASE

PRISE DE FINITION : BACKBREAKER

APPRÉCIATION : MATCH DE CATCH PLUTÔT CORRECT


Fuyant sans relâche son inéluctable confrontation avec le Junkyard Dog, Ted DiBiase conserve sa ceinture de Champion nord-américain d’un main de fer. Ou plutôt devrais-je dire d’une main gantée – ce fameux gant noir qui facilite l’emploi de tactiques répréhensibles. DiBiase affrontait ce soir un catcheur du nom de Johnny Rich qui est apparemment le cousin de « Wildfire » Tommy Rich, une des étoiles montantes de la National Wrestling Alliance.

Ils commencent par s’échanger une série d’enfourchements et c’est é Johnny qui s’impose le premier avec une descente du coude portée depuis la corde du milieu. Légèrement à côté de ses pompes en ce début de match, DiBiase reprends le dessus avec un solide brise-dos mais Rich s’offre un retour en force et passe à rien de l’emporter avec un petit paquet. Excédé par ce mauvais début de match, DiBiase décide d’y couper court et profite d’une seconde d’inattention de l’arbitre pour sortir un objet illégal de son slip. Il le glisse alors dans son gant – au nez et la barbe de l’arbitre Alfred Neely qui n’y voit que du feu. Il décoche alors une sale droite à ce pauvre gars qui s’écroule net et qui ne se dégagera pas du compte de trois de monsieur Neely.


– De retour sur notre plateau, Watts nous annonce que Skandor Akbar sera en action lors du prochain combat. En se rendant compte de la présence de Buck Robley au programme, Akbar eut une idée plutôt particulière. Enregistré en amont de la diffusion de cette émission, Akbar annonce parier mille dollars qu’il remportera son match plus rapidement que Robley. C’est ce que nous verrons !


MATCH 3 : SKANDOR AKBAR VS TIM HORNER (02:03)

VAINQUEUR : SKANDOR AKBAR

PRISE DE FINITION : CAMEL CLUTCH

APPRÉCIATION : LE SUSPENSE EST INSOUTENABLE !


L’enjeu est donc plutôt important. Afin de maximiser ses chances de remporter son propre défi, Skandor Akbar se doit de briguer une victoire rapide, en moins de temps que Robley qui sera de la partie lors de la prochaine rencontre. Âgé de quarante-huit ans, Akbar n’est certes plus dans sa forme physique d’antan mais demeure un plutôt gros gabarit. Son avantage, c’est que son adversaire n’est autre que Tim Horner, un jobber qui ne pose en général aucun problème.

Pressé d’en terminer le plus rapidement possible, Akbar n’attends même pas le son de la cloche et se jette comme un malpropre sur ce pauvre Tim Horner. Et malgré son âgé déjà bien avancé, Akbar n’en demeure pas moins un féroce compétiteur. À l’instar d’autres catcheurs originaires du Proche Orient, Akbar en termine en 2 minutes et 3 secondes – montre en main – avec un Camel Clutch, une redoutable prise de soumission inventée par Gory Guerrero et popularisée ensuite par le Sheik Originel, Ed Farhat. Voyons maintenant comment saura se débrouiller Robley !


MATCH 4 : « COL. » BUCK ROBLEY VS KELLY KINISKI (00:20)

VAINQUEUR : « COL. » BUCK ROBLEY

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE

APPRÉCIATION : SEGMENT PLUTÔT DIVERTISSANT DANS SON ENSEMBLE


C’est désormais à Buck Robley d’essayer de battre le temps établi par Skandor Akbar. Celui-ci est resté sur le ring et tends une liasse de billets à Jack Curtis en guise de bonne foi. Au micro de Curtis, et en compagnie de Kelly Kiniski – qui sera donc l’adversaire de Robley – Akbar ne manque pas de rappeler que son poulain est le fils d’un ancien Champion du monde la NWA et rajoute mille dollars supplémentaires de sa poche ! Dans son coin, Robley apparaît plutôt détaché et ne réagit pas outre mesure. 2 minutes et 3 secondes sont à battre, c’est parti !

Au son de la cloche, Akbar essaie de façon très malhonnête de gagner du temps en s’adressant longuement au jeune Kiniski. Mais cette tentative de triche éhontée se retourne rapidement contre lui puisque Robley en profite alors pour lui assène un saut chassé l’envoyant percuter Akbar de plein fouet ! Robley enchaîne avec sa descente du plâtre et l’arbitre compte 1..2.. et 3 ! Buck Robley l’emporte donc en l’espace de vingt secondes à peine et empoche donc les mille dollars promis par Akbar !


– Vert de rage, Akbar ne l’entends pas de cette oreille et tente désespérément de récupérer ses biftons. Mais Robley n’est pas décidé à laisser filer son dû et l’attrape dans sa fuite. Il lui assène alors un Atomic Drop, voyant Akbar relâcher d’un geste dramatique tous ses billets que Robley s’empresse ensuite de ramasser. 


MATCH 5 : MID-SOUTH WRESTLING TAG TEAM TITLES MATCH : THE JUNKYARD DOG & MR. OLYMPIA © VS ONE MAN GANG & KILLER KHAN W/SKANDOR AKBAR (05:16)

VAINQUEURS : JUNKYARD DOG & MR. OLYMPIA

PRISE DE FINITION : POWERSLAM

INDICATEUR : ** ¼


C’est notre main-event et l’affiche a de la gueule. Skandor Akbar semble s’être remis de ses émotions et espère pouvoir regagner un peu de prestige en remportant les ceintures de Champions Tag Team. Et ses challengers – que sont Killer Khan et le One Man Gang – forment un redoutable tandem dont les Champions devraient se méfier. Ces même Champions qui effectuent une entrée tout en musique, au son de Another One Bites The Dust de Queen. Il s’agit de Mister Olympia et du Junkyard Dog, fiers détenteurs de ces titres depuis un petit moment déjà.

Olympia commence face au One Man Gang et croise ensuite le fer avec le terrifiant Killer Khan. Comme la semaine dernière, JYD défonce littéralement le One Man Gang – en totale perdition face au Junkyard Dog. Khan reprends temporairement l’avantage face à JYD et son large partenaire essaie alors de lui briser la nuque avec un Piledriver. Le Junkyard Dog s’en sort toutefois en le retournant avec un gros surpassement. Les heels dominent en isolant Olympia et – pendant que le One Man Gang distrayait monsieur l’arbitre – Khan a grimpé sur la troisième corde. Il s’élance pour sa terrible descente du genou qu’Olympia esquive in-extremis ! Celui-ci fait alors entrer un Junkyard Dog chaud bouillant et la situation dégénère. Profitant de ce chaos organisé, JYD parvient à soulever le One Man Gang à bout de bras et à lui asséner un Powerslam cataclysmique. L’impact a même généré une petite onde de choc et suffit pour que les Champions conservent leurs titres, pour le plus grand bonheur du public de Shreveport. 


MATCH 6 : MR. WRESTLING II VS THE GRAPPLER (05:49)

VAINQUEUR : MR. WRESTLING II PAR DQ

PRISE DE FINITION : INTERVENTION D’UN SECOND HOMME MASQUÉ

INDICATEUR : * ¾


Tout a commencé lorsque Mr. Wrestling II – alors en déplacement sur un autre territoire – reçut un télégramme de Grizzly Smith lui indiquant qu’un imposteur luttait en son nom et de surcroît sous son masque. De retour du côté de la Louisiane, Johnny Walker fit tomber les masques – façon de parler – et découvrit qu’il agissait du Grappler qui usurpait son identité. Jouant au chat et à la souris depuis quelques semaines, les deux catcheurs masqués ont ce soir l’opportunité de régler leurs comptes.

L’un porte du noir et l’autre porte du blanc, une opposition qui n’est pas sans rappeler les grandes heures du catch français lorsque le mythique Ange Blanc se mesurait au Bourreau de Béthune. Aux commentaires, Watts entends quelques chants « That’s Not Grappler ! » et commence à émettre des doutes. Sur le ring, Wrestling II prends l’avantage avec un premier coup de genou dans les dents. Le prétendu Grappler semble un peu mou du genou et n’oppose presque aucune résistance. S’ensuit alors une gué-guerre lors de laquelle Wrestling II essaie tant bien que mal de démasquer son adversaire. Mêlé à ce tumulte, l’arbitre Alfred Neely finit en dehors du ring et c’est alors qu’un deuxième homme masqué fait irruption aux abords du ring ! Cela ne fait plus de doutes, il s’agit bien du vrai Grappler, Len Denton de son vrai nom. Ils sont désormais deux Grapplers contre un seul Mr. Wrestling II, qui se démène comme un beau diable en distribuant des coups de genou à la chaîne. Ayant à peu près recouvré ses esprits, Neely se rend vite compte de la présence du second bonhomme et fait sonner la cloche pour disqualifier le Grappler. L’histoire est loin d’être terminée. 


MATCH 7 : « IRON » MIKE SHARPE VS LARRY CLARK (01:49)

VAINQUEUR : « IRON » MIKE SHARPE

PRISE DE FINITION : PILEDRIVER

APPRÉCIATION : SQUASH CLASSIQUE DE « IRON » MIKE SHARPE


Et puisqu’il nous reste un peu de temps d’antenne, un match supplémentaire peut donc nous être proposé. Et pour conclure ce programme, nous retrouvons cette semaine « Iron » Mike Sharpe, une vraie force de la nature originaire d’Hamilton dans l’Ontario au Canada et notre actuel Champion de la Louisiane. Sharpe se mesurait ce soir à un certain Larry Clark, vêtu d’une grenouillère violette un peu ridicule.

Une poignée de main un peu hâtive signifierait qu’il y a peut-être un peu de respect entre les deux catcheurs. Sharpe essaie de placer une Full Nelson mais Clark se réfugie rapidement dans les cordes. Celui-ci réponds avec de maigres coups de poing mais Sharpe le décapite avec une énorme Lariat et en termine rapidement avec son Piledriver en un peu moins de deux minutes.


– Boyd Pearce et Bill Watts concluent ce programme en nous présentant un autre compétiteur qui fera bientôt son arrivée sur les rings de la Mid-South Wrestling. Cette fois-ci, pas de tam-tam ni de stéréotypes racistes, nous partons du côté de la Floride et de la CWF. Commenté par le légendaire Gordon Solie, cet extrait nous passe quelques minutes de match du Mongolian Stomper, managé par l’insupportable Don Carson. Archie Gouldie – de son vrai nom – a sévi de très longues années sur les rings de la Stampede Wrestling de Calgary et s’apprête donc à effectuer ses débuts à la Mid-South Wrestling.


Sacrée semaine du côté de la Mid-South Wrestling qui relève drastiquement le niveau après quelques éditions en dent de scie. Le Junkyard Dog et Mr. Olympia défendent les titres de Champions Tag Team, Mr. Wrestling II règle ses comptes avec le Grappler et plus encore. Et c’est sans compter sur l’arrivée prochaine de Kamala et du Mongolian Stomper ! 

– Skandor Akbar ferait bien d’arrêter de s’enflammer pour tout et pour rien. En conflit avec Buck Robley depuis un petit moment, l’illustre manager était ce soir en action et prit le pari de mettre moins de temps que Robley à vaincre son adversaire. Établissant un plutôt bon temps de 2 minutes et 3 secondes, tout semblait sourire à Akbar qui sortait pour l’occasion une grosse liasse de son porte-monnaie. Sauf que Robley n’est pas le dernier des abrutis et – rusé comme un renard – plia l’affaire en l’espace de vingt secondes, empochant les mille dollars d’Akbar ! L’argent du pétrole coule peut-être à flots, mais Akbar n’est pas milliardaire pour autant.

– C’est un cas d’usurpation d’identité. Loin des rings de la Louisiane, Mr. Wrestling II avait reçu un télégramme de Grizzly Smith lui indiquant qu’un autre protagoniste se faisait passer pour lui et combattait en son nom. L’imposteur a été révélé – j’allais dire démasqué – et n’est autre que le Grappler. Les deux hommes masqués eurent ce soir l’opportunité de régler leurs comptes sauf qu’en fin de compte, ce n’était pas le Grappler face à Johnny Walker ! Et si Mr. Wrestling II s’en est tiré sans y laisser trop de plumes – voyez cette folle séquence où Wrestling II distribue les coups de genou comme des petits pains – il faudra peut-être bien faire tomber les masques pour régler ce différend !

– Il est parfaitement légitime de s’interroger sur le personnage de Kamala, qui soulève des enjeux complexes autour de la représentation raciale et des stéréotypes dans le catch. Présenté comme un homme noir primitif, ce personnage s’inspire de tropes coloniales et racistes très anciens, ainsi que d’une fétichisation de l’Afrique fantasmée et caricaturée, encore présentée comme un continent sauvage, en opposition totale avec la culture et la vie occidentale. Certes, même si James Harris – de son vrai nom – a délibérément accepté de jouer ce rôle problématique (pas nécessairement de gaité de coeur puisqu’il exprimera plus tard des regrets) cela n’enlève en rien le fait que ce personnage caricatural s’inscrit dans une longue tradition d’usage de stéréotypes racistes à des fins de divertissement – pas que dans le catch, malheureusement.

Nathan Maingneur

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