WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #23

WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #23

07/08/1982

World Class Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Bill Mercer est notre hôte et – pour la première fois depuis un petit moment – son compère de commentaires en la personne de Jay Saldi brille de son absence. Faisant ce soir figure de remplaçant ce sera Brian Adidas, jeune recrue de la promotion et ancien camarade de classe des garçons Von Erich. Au programme ce soir, une grosse affiche en Tag Team qui verra Kerry Von Erich et Al Madril affronter les caïds de la H&H Limited que sont King Kong Bundy et l’imposant Superfly.


MATCH 1 : THE GREAT KABUKI W/GARY HART VS ROBERTO RENESTO JR. (01:30)

VAINQUEUR : THE GREAT KABUKI

PRISE DE FINITION : COUP DE POING DANS L’ABDOMEN

APPRÉCIATION : SQUASH IRRÉPROCHABLE DU GREAT KABUKI 


Que j’aime ces plans larges sur le ring de la World Class, sans cesse investi et entouré par tous ces individus, officiels comme arbitres, photographes ou cameramen – sans oublier la foule, toujours assise au plus près de l’action. En costume camel, Marc Lowrance présente le premier combattant de la soirée. Il s’agit de Roberto Renesto Jr. qui porte un peignoir blanc cassé de plutôt mauvais goût. En face, se dresse l’effrayante silhouette du Great Kabuki, un être mystérieux au visage recouvert par une cotte de mailles médiévale, à l’image d’un véritable samouraï japonais.

Kabuki n’attends même pas le son de la cloche et fonds tel un vautour sur ce pauvre garçon. Les mains vertes, recouvertes de son green mist dégoulinant, Kabuki assène de terribles atémi à ce pauvre Renesto, totalement impuissant face à la force de frappe du japonais. Le partenaire du Magic Dragon et petit protégé de Gary Hart l’emporte ensuite très facilement en l’espace d’une minute trente à la suite d’un enchaînement de coups de poing portés dans le thorax.


– En arrière-plan, on remarque qu’une silhouette s’est glissée sur le ring. Il s’agit de José Lothario qui – pour rappel – en a après Kabuki et le Magic Dragon, qu’il juge responsables de la blessure d’El Solitario du côté de Mexico. Au micro et en direct, Lothario défie Kabuki de l’affronter, ici et maintenant ! Le public du Sportatorium en veut pour son argent mais alors que Kabuki semblait hésiter, il sera contenu par le sinistre Gary Hart, qui l’intime de regagner les vestiaires. Lothario peut encore attendre.

De retour de la coupure publicitaire, José Lothario a rejoint Bill Mercer pour commenter le prochain combat. Brian Adidas, aperçu en tout début d’émission, sera en effet de la partie. Lothario demande à affronter l’un des japonais dans un combat « Taped Fist », un type de match lors duquel les poings des différents protagonistes sont recouverts d’un épais bandage rendant plus rudes les coups portés.


MATCH 2 : BRIAN ADIDAS VS « CPT. » FRANK DUSEK (08:45)

VAINQUEUR : BRIAN ADIDAS

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : * ¼


Aperçu et entendu aux commentaires en tout début de soirée, le jeune Brian Adidas est ce soir en action pour notre prochain combat. Camarade de classe de Kerry Von Erich, Adidas a commencé a s’entraîner sur les rings de catch du Texas en partie grâce à ses liens avec les frangins Von Erich. Il rencontrait ce soir un gros poisson, en la personne du « Capitaine » Frank Dusek, vétéran aguerri et briscard invétéré qui traîne toutefois une série de défaites humiliantes qu’il attribue – à tort – à l’arbitre David Manning.

Ce même David Manning officiera lors de ce match. Voilà qui risque d’être intéressant à bien des égards. Petit plus pour ce plan caméra sur la cloche que sonne Marc Lowrance. Sur le tapis bleu du ring, les deux hommes se cherchent et se jaugent comme des lutteurs amateurs. Adidas prendra l’avantage avec un bras à la volée, maintenu avec insistance pendant une bonne partie du combat. Au micro, Mercer fait la publicité du prochain grand show qui aura lieu le 15 août à la Reunion Arena. Entre autres, une confrontation plutôt intrigante entre King Kong Bundy et Harley Race. Contrant une tentative de petit paquet, Dusek précipite violemment Adidas tête première dans la protection de l’un des coins. Manning compte trois, mais décide d’annuler sa décision ! Dusek est livide et se laisse surprendre par un petit paquet d’Adidas. Là encore, Manning compte trois mais fait retentir la cloche, au grand dam de Dusek – blanc comme un linge. Le grand perdant s’empare du micro et promet de faire payer l’arbitre. C’était plutôt moyen. 


– Au retour de la pause commerciale, Mercer est en compagnie d’un Bugsy McGraw plus burlesque et farfelu que jamais. Une chemisette mauve à froufrous, des lunettes orange et une sorte de chiffon à motifs militaires sur la tête, Bugsy est un sacré numéro. À ses côtés s’agite une sorte de clown que Bugsy prénomme Roscoe. Gesticulant et hurlant de manière hystérique, allant même jusqu’à bouffer la cravate de Mercer, on tombe un peu trop dans le grand-guignolesque. Certes, ces pitreries semblent encore être au goût de la foule – surtout auprès des enfants – mais ce n’est pas ce que je recherche dans ces programmes. 


MATCH 3 : BUGSY MCGRAW W/« ROSCOE THE CLOWN » VS « WILD » BILL IRWIN W/ARMAN HUSSEIN (05:21)

VAINQUEUR : BUGSY MCGRAW

PRISE DE FINITION : COUNT OUT

INDICATEUR : ½ *


Ce même Bugsy McGraw grimpe ensuite sur le ring pour faire face au Champion du Texas, en la personne de « Wild » Bill Irwin, déjà présent en compagnie d’un Arman Hussein qui s’est laissé pousser l’afro et en boubou, rappelant ses origines soudanaises fictives. Sur le ring, Irwin s’agite auprès de l’arbitre Bronco Lubich et semble s’indigner de la présence aux abords du ring de Roscoe le clown, le nouveau petit copain d’un Bugsy McGraw complètement déjanté.

Et qu’on se trompe pas, Bugsy est adoré du public qui trouve en lui un plaisantin qu’il est facile d’apprécier. Totalement imprévisible, Bugsy est décontenançant et Irwin – d’habitude confiant et assuré – se casse les dents face à cet improbable combattant. Bugsy profite de la présence d’un micro en dehors du ring pour déblatérer d’incompréhensibles élucubrations. Entre temps, Irwin a repris l’avantage avec de méchants coups de pied. En dehors du ring, Bugsy s’empare d’une poubelle et la balance sur Irwin, qui se retrouve recouvert de papiers. C’en est trop pour le Champion qui – bras d’honneur à l’appui – se barre au vestiaire. Compté par l’arbitre Bronco Lubich, Irwin ne reviendra jamais, et offre donc une victoire par décompte à Bugsy McGraw qui célèbre ensuite avec son copain Roscoe, ne manquant pas d’en faire profiter Lubich, à moitié amusé, moitié gêné par cette situation cocasse.


– Peu de temps avant notre main event, on nous diffuse une interview enregistrée en amont de ce programme. Il s’agit d’Al Madril et de Kerry Von Erich qui semblent prêts et confiants pour leur gros combat de ce soir. Les Champions Tag Team affichent une assurance qui n’augure que du bon. 

Cigare en bouche et crâne – et sourcils – rasés, c’est au tour de King Kong Bundy de s’exprimer à ce sujet. Selon les dires d’Arman Hussein, Bundy sort d’un séjour en prison effectué au Mexique, dû une altercation à la frontière. Bonne ambiance. Bundy ne manque pas de rappeler que son partenaire est un dur à cuire originaire de la ville de Philadelphie, vraisemblablement connue pour ses gros durs en costumes bicolores. 


MATCH 4 : KERRY VON ERICH & AL MADRIL VS KING KONG BUNDY & THE SUPERFLY W/ARMAN HUSSEIN (12:14)

VAINQUEURS : KERRY VON ERICH & AL MADRIL

PRISE DE FINITION : BODYSLAM

INDICATEUR : ** ¼


Faisons désormais place à notre main event. Il semblerait que les annonces au micro ont été réalisées lors de la coupure. Sur ce ring entouré d’une myriade de jeunes admirateurs désirant glaner un autographe, Kerry Von Erich et Al Madril semblent prêts à passer à l’action. Champions Tag Team de la promotion, ils se mesurent ce soir à un tandem de poids – et c’est un euphémisme. Puisque le duo de choc de la H&H Limited se compose du gargantuesque King Kong Bundy et du Superfly, ce soir affublé d’une tenue encore plus ridicule que lors de ses débuts. Et ce n’est pas rien. 

Kerry commence face au Superfly et – dès les premières secondes du combat – on aperçoit qu’une silhouette reconnaissable s’est aventurée aux abords du ring. Oui, il s’agit bien du « Nature Boy » Ric Flair, venu prendre la température en amont de sa défense de titre face à Kerry dans quelques jours à la Reunion Arena. Revigoré depuis sa défaite face à Fritz Von Erich, Bundy domine face à Madril et impose son rythme. Madril essuie les plâtres mais, sur une habile esquive, Madril passe le hot tag à un Kerry tout feu tout flamme. Le jeune Von Erich est rapidement calmé par le Superfly et le public donne de la voix. Fidèle à son côté bagarreur, Al Madril boxe face à un Bundy groggy. En dehors du ring, Flair commence à s’agiter et ordonne à Bundy de casser la jambe de Kerry ! Flair sait en effet que si Kerry est affaibli ce soir, ses chances de l’emporter à la Reunion Arena seront décuplées. Surtout que Flair est le maître incontesté de la prise en quatre. Face au mur, Kerry serre les dents et a la lucidité de dégainer son Iron Claw sur un Bundy en perdition. Superfly reprend le travail de Bundy, mais lui aussi subit les foudres de l’Iron Claw de Kerry, qui résiste courageusement. À deux contre un, Kerry puise dans ses derniers retranchements et hisse Bundy à bout de bras pour l’abattre avec un enfourchement du tonnerre ! La terre a tremblé, l’arbitre compte jusqu’à trois et Kerry et Al Madril l’emportent au plus grand bonheur de la foule, alors que Flair fulmine ! 

– Livide, Flair jette le veston et grimpe alors sur le tablier du ring. Le face à face est dantesque et Kerry est prêt à en découdre. Aurons-nous droit à cette confrontation tant attendue, ici ce soir sur le ring du Sportatorium ? Eh bien non, Ric Flair maintiendra effectivement l’avantage psychologique sur son challenger.

Le Champion termine l’émission au micro de Mercer. S’il est impressionné par la force de son challenger, Flair dément qu’il est venu ce soir pour l’admirer. Certainement pas. Et dans une promo dont lui seul a le secret, le « Nature Boy » rappelle qu’il n’est pas le Champion du monde de la NWA pour rien. Sans surprise, la promo de Flair est le meilleur moment du show et fait de ce combat un must-see absolu. 


En amont d’un gros show qui aura très prochainement lieu à la Reunion Arena, la WCCW offre un programme varié et dynamique qui manque peut-être un peu de bon catch, mais rehaussé par la présence exceptionnelle du Champion du monde de la NWA, alors en rivalité face à l’étoile filante de la promotion.

– Je crois qu’on a compris. José Lothario souhaite rencontrer le Great Kabuki ou le Magic Dragon, qu’il juge responsables de la blessure d’El Solitario au Mexique. Depuis plusieurs semaines déjà, Lothario se dresse face aux japonais. Mais la confrontation n’a jamais lieu, ce diable de Gary Hart se gardant bien de nous la donner. La stipulation exigée par Lothario a été mise sur la table, ce sera un match « Taped Fist », une version un peu revisitée de la stipulation « Brass Knuckles » qui s’annonce intéressante.

– Le Comedy Wrestling, je le supporte lorsqu’il est distillé à faible dose, disons d’une manière homéopathique. Passons ces séquences guignolesques avec Bugsy McGraw qui font partie de son arc narratif du moment mais c’est surtout ce qu’il se passe entre Frank Dusek et l’arbitre David Manning qui fait tâche dans le storytelling de la promotion. Tourné à la dérision – peut-être un peu trop –  ce qui aurait pu se présenter comme une rivalité intéressante s’est transformé en un simulacre de comédie mal exécutée. 

– Bien que l’affiche se suffise à elle-même, notre main event fut rehaussé par la présence du « Nature Boy » Ric Flair, venu mettre la pression à son jeune challenger, Kerry Von Erich. Et ce soir, Kerry a encore une fois prouvé qu’il en a dans le ventre ce garçon. Car même face à l’adversité, Kerry a tenu tête et a remporté son combat et ce, malgré un acharnement sur sa jambe, prise pour cible par ses adversaires sous les cris et les railleries du Champion. Nous verrons si Kerry est suffisamment prêt pour remporter l’or suprême, mais une chose est sûre : Ric Flair est dans la forme de sa vie et n’est pas prêt de vouloir lâcher son titre.

Nathan Maingneur

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