WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #10

WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #10

24/04/1982

World Class Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Mark Lowrance est notre hôte et nous accueille dans l’arène du légendaire Sportatorium de Dallas pour ce World Class Championship Wrestling, programme phare du territoire de Fritz Von Erich. Lowrance nous présente la carte de cette heure de catch et nous informe, entre autres, de la présence de King Kong Bundy et de Kerry Von Erich. Il est alors rejoint par Arman Hussein, qui sera dans le tout premier combat de la soirée. Hussein promet de la violence et s’adresse la foule dans sa langue natale.


MATCH 1 : ARMAN HUSSEIN VS SAL OLIVARES (06:08)

VAINQUEUR : ARMAN HUSSEIN

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

INDICATEUR : * ¾


Trêve de discussion, passons aux introductions de Joe Renelli. Dans l’un des coins, nous retrouvons Sal Olivares, catcheur d’origine hispanique qui a effectué ses débuts lors de la dernière édition de ce programme. Il se mesure donc ce soir au grand et vénérable Arman Hussein, qui demande à être présenté en tant que membre de H&H Limited, nom de cette association entre Hussein et Gary Hart. En ce mois d’avril ’82, Arman Hussein est dans sa dernière année complète, se retirant ensuite des rings en ’83. Il n’en reste pas moins l’un des heels les plus détestés du territoire.

Au son de la cloche, Hussein fait des pieds et des mains et tient à procéder à son célèbre rituel traditionnel. Olivares doit sortir du ring et Hussein s’exécute alors sous les sifflets du public. Une fois ce rituel accompli, Hussein et Olivares s’échangent quelques joyeusetés, mais le Arman s’impose grâce à de sales tactiques, passant du tirage de cheveux au pied dans les cordes. Le Champion d’Afrique travaille le public et nous assistons à un simple, mais très efficace exercice de catch à l’ancienne. Olivares le garde très longtemps coincé en ciseau de tête, mais Hussein s’aide à chaque fois des cordes. L’arbitre David Manning est intransigeant et n’hésite pas à se salir les mains. Hussein revient avec de sales coups de poing et éclate la tête de son adversaire dans le coin. Olivares est ensuite décapité par une énorme Lariat et ne se relève pas d’une série de descentes du genou. Pas le match le plus excitant que j’ai jamais vu, mais le public était dedans. Simple rime parfois, et même plutôt souvent, avec efficace.


MATCH 2 : BUGSY MCGRAW VS RAUL CASTRO (03:30)

VAINQUEUR : BUGSY MCGRAW

PRISE DE FINITION : TOP ROPE SPLASH

APPRÉCIATION : SQUASH PLUTÔT CORRECT


Passons au prochain combat de la soirée. Sur le ring, un lutteur masqué se tient dans l’un des coins. Il s’agit de Raul Castro et non, il ne s’agit pas de l’ancien président de Cuba, le nom peut en effet prêter à confusion. D’origine mexicaine, Castro est ce qu’on appelle un jobber. Il rencontre ce soir un homme aussi dérangé que redoutable. Originaire de Floride, Bugsy McGraw est un peu comme un gros gorille, aussi robuste qu’imprévisible entre les cordes.

Bugsy prends le premier l’avantage avec de violents coups d’avant-bras. Il enchaîne avec un enfourchement mais Castro reprend le dessus avec une série de Torpedo, fonçant tête première contre son adversaire. Sur le troisième, Bugsy serre les dents et Castro se prend un mur. Bugsy le piétine alors violemment et l’entremêle dans les cordes. C’est fou à quel point McGraw a changé de style et on commence à réellement apprécier ce lutteur aussi absurde que dangereux. Bugsy enchaîne avec un Splash porté depuis la troisième corde et cela suffit pour le compte de trois de l’arbitre David Manning. Squash très solide.


– On nous diffuse maintenant une interview réalisée lorsque les portes du Sportatorium de Dallas étaient encore fermées. Mark Lowrance accueillait alors Kerry Von Erich ainsi qu’Al Madril, nos nouveaux Champions Tag Team. Al Madril se dit prêt à défendre ces ceintures contre n’importe quelle équipe. Kerry, visiblement sur une autre planète, paraît totalement défoncé. Les yeux à peine ouverts, l’élocution difficile, Kerry Von Erich fait l’éloge de son partenaire et parle de la musique qu’ils écoutent sur la route.


MATCH 3 : « WILD » BILL IRWIN VS RICHARD BLOOD (07:28)

VAINQUEUR : BILL IRWIN

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

INDICATEUR : ** ¼


De retour sur le ring du Sportatorium pour notre prochain combat. Avec son lasso et son chapeau de cowboy, « Wild » Bill Irwin se tient debout, accueilli par un chant « Chauncy » du public. On remarque que le « Captain » Frank Dusek n’est pas à ses côtés ce soir. Bill Irwin rencontre ce soir un certain Richard Blood, qui s’était déjà mesuré au « Nature Boy » Ric Flair plus tôt cette année.

Acclamé par le public de Dallas, certainement parce qu’Irwin est l’un des meilleurs heels du territoire, Blood prend rapidement l’avantage avec un collier de tête, duquel Irwin tente de s’échapper à plusieurs reprises. Toutefois, celui-ci reprend l’avantage avec un superbe Big Boot dans la face de Blood. Dès lors Irwin s’impose avec une série d’enfourchements et de gros coups de massue dans l’arrière du crâne de son adversaire. Vaillant, Blood se défend comme il le peut et, soutenu par la foule, Blood sèche Irwin avec un gros Knee Lift dans la mâchoire. La foule est en délire et le jeune Richard Blood se déchaine, manquant de l’emporter avec une Leg Drop. Malgré ce regain d’énergie, Irwin est plus malin que son antagoniste et, contrant une projection dans les cordes, il le hisse et le laisse retomber de tout son poids sur la corde supérieure. Irwin enchaîne immédiatement avec une puissante descente du genou, portée avec élan et l’emporte au compte de trois. Match très correct.


– Encore tout transpirant, Bill Irwin est récupéré par Mark Lowrance après sa victoire. Il se targue d’être toujours invaincu, et que depuis qu’il a remporté la ceinture de Champion du Texas, personne n’a encore réussi à le battre. Court mais efficace passage au micro de ce heel qu’on adore détester.


MATCH 4 : KERRY VON ERICH VS BLACK GORDMAN (08:04)

VAINQUEUR : KERRY VON ERICH

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

INDICATEUR : ** ½


Briscard des rings d’origine mexicaine, Black Gordman a commencé sa carrière au milieu des années 1950. Surnommé « El Diablo Rojo », le Diable Rouge pour la traduction, Black Gordman s’est d’abord fait connaître sur les rings de la EMLL, puis sur ceux de la NWA, à partir du début des années 1970. Après près de trente ans de carrière, Gordman se frotte ce soir à l’un des petits prodiges de la prochaine génération de catcheurs. Il rencontre en effet le héros local, en la personne de Kerry Von Erich. Coqueluche du public de Dallas, le quatrième fils de Fritz Von Erich est extrêmement populaire et sa réputation, celle d’être le « Uncrowned Champion », commence à prendre de l’ampleur.

Sans surprises, la fougue et l’énergie de Kerry ont raison de l’expérience et de la sagesse de Gordman. Forcé de reprendre ses esprits en dehors du ring, Gordman revient avec de sales coup de poing qui sonnent son adversaire. Toutefois, comme tout bon Von Erich qui se respecte, Kerry sait se battre et sait répondre. La rencontre se transforme alors en une bagarre rangée entre les deux hommes. Le public de Dallas est chaud bouillant et entame un chant « We Want The Claw ! ». Et comme Kerry est à l’écoute de son public, il dégaine très rapidement l’Iron Claw familiale. Agrippé au niveau de l’abdomen, Gordman est hissé dans les airs par Kerry, presque à bout de bras. Contre toute attente, le mexicain s’en sort et ralentit le rythme avec une prise des trapèzes. Soutenu par la foule, Kerry s’en dégage, non sans difficultés. Malgré l’adversité, Kerry réponds avec de gros coups de poing dans la mâchoire, le dernier faisant jaillir l’écume de la bouche de son adversaire. Projeté dans le coin, Kerry contre une charge de Gordman et l’enroule en Sunset Flip, et ce dernier ne s’en dégage pas. Solide match de catch, plutôt intense et physique.


– On nous diffuse à nouveau une séquence filmée dans un Sportatorium totalement vide. Mark Lowrance recevait d’abord « Wild » Bill Irwin. Ce dernier nous rappelle qu’il est bien l’actuel Champion des poids-lourds du Texas. Interrogé à propos de l’influence néfaste de son manager, en la personne de Frank Dusek, Irwin clame qu’il a remporté sa ceinture par lui-même, et qu’il n’a besoin de personne.

Lowrance était alors rejoint par King Kong Bundy et Arman Hussein, tous deux membres de H&H Limited, faction créée par Hussein et Gary Hart. Interrogé sur ces liens avec Gary Hart, Arman affirme qu’ils ont discuté argent avec de nombreux promoteurs d’Amérique du Nord. Bundy confirme que l’argent représente tout pour lui. De l’argent dans sa poche, c’est de l’argent à la banque. Bonnes promos.


MATCH 5 : KING KONG BUNDY W/ARMAN HUSSEIN VS THE SPOILER (04:08)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : DOUBLE DQ

APPRÉCIATION : PLUTÔT BONNE BRAWL


On termine ce programme avec un combat de poids-lourds, et non des moindres. Large, puissant et tout juste gigantesque, King Kong Bundy est l’une des menaces du moment. Ayant vendu ses services à Gary Hart, puis à Arman Hussein, Bundy a le sens des affaires et est l’homme de main parfait. Son antagoniste porte un masque et semble apprécié par le public. Il s’agit de The Spoiler. Vétéran des rings d’origine canadienne, ce grand gaillard s’est endurci face à des légendes telles que Lou Thesz ou encore Gene Kiniski à partir du milieu des années 1950. Il a ensuite combattu sur plusieurs territoires, de la Géorgie à la Floride en passant par le Texas, affrontant les Champions de la NWA d’alors, Harley Race et Jack Brisco.

Alors que Joe Renelli s’occupait des introductions, Bundy n’a pas attendu et s’est jeté sur le Spoiler. Acculé dans le coin, celui-ci sait se bagarrer et répond avec de gros coups de poing qui font vaciller Bundy. Malgré sa taille, pas loin de 2 mètres, The Spoiler est assez agile et nous le démontre avec un coup de coude, porté depuis le haut des cordes après une marche du funambule, comme le fera un certain Mark Calaway quelques années plus tard. C’est d’ailleurs lui qui lui a appris cette prise. Tout au long du combat, Bundy essaie d’arracher le masque de son adversaire qu’il déchire en grande partie. La rencontre n’est ni plus ni moins qu’une grosse bagarre, ponctuée par les incessants sifflets d’Hussein en dehors du ring. Les deux golgoths sont inarrêtables et l’arbitre David Manning choisit de faire sonner la cloche, disqualifiant tout le monde.


– Après le pugilat, The Spoiler est reçu par Lowrance en ringside. Furieux à propos de son masque, ce dernier traite Bundy de gros tas et le défie pour un match revanche, car selon lui, personne n’est en mesure de lui retirer son masque.


Programme plutôt dense pour la World Class Championship Wrestling cette semaine. Pas mal de catch, des promos là où elles devraient être, un peu de tout pour tout le monde, le programme reste sur sa bonne lignée, malgré quelques absences qui se font ressentir, au profit de quelques surprises dont on se réjouit finalement, donc pas de mal !

– Tourné heel depuis quelques temps déjà, Bugsy McGraw s’est complètement réinventé. Affichant un côté plus sombre et brutal mais toujours aussi absurde, presque baroque, ce dingo a totalement changé de style entre les cordes. C’est assez fascinant de voir à quel point Bugsy a pu adapter sa façon d’être et de se présenter en fonction de la réaction du public.

– Qu’elle est sympathique, cette association entre Al Madril et Kerry Von Erich. Alors oui, Kerry semble tout le temps défoncé, certes. Surtout lors de ces promos, où le fiston Von Erich peine à aligner trois mots sans bafouiller. Mais l’expérience d’Al Madril, couplée à la fougue de Kerry, ne peut qu’offrir de belles choses. En voilà un tandem de Champions qui a de la gueule.

– Lors de ce programme, un nom en particulier s’est distingué, et nous devrions lui rendre justice. Déjà très bon depuis qu’on l’a découvert en début d’année ’82, « Wild » Bill Irwin nous a régalés ce soir. Lutteur oublié de la grande histoire du catch nord-américain, Irwin était pourtant un très bon heel, tout ce qu’il y a de plus simple. On l’adore.

– Malgré Bugsy, Bundy, Hussein et j’en passe, Kerry Von Erich demeure l’attraction de ces émissions. Beau gosse, bâti comme un dieu grec, le quatrième fils Von Erich a le vent en poupe, surtout depuis cette altercation avec le « Nature Boy » Ric Flair, conférant à Kerry son fameux surnom de « Uncrowned Champion ». Il ira remporter ce titre, toutefois dans des circonstances dont nous nous serions bien passées.

Nathan Maingneur

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