WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #18

WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #18

03/07/1982

World Class Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Bill Mercer et Jay Saldi sont nos hôtes et nous accueillent dans l’antre du Sportatorium de Dallas à l’occasion de ce programme télévisé signé World Class Championship Wrestling. Au programme de la soirée, Kerry Von Erich, King Kong Bundy ou encore Bugsy McGraw seront en action. Mais l’affiche principale de ce programme, c’est le dernier combat de la carrière du légendaire Fritz Von Erich, qui nous sera diffusée en intégralité.


MATCH 1 : KING KONG BUNDY & BUGSY MCGRAW W/ARMAN HUSSEIN VS SAL OLIVARES & RAUL CASTRO (02:27)

VAINQUEURS : KING KONG BUNDY & BUGSY MCGRAW

PRISE DE FINITION : BRISE-DOS

APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DES HEELS


On commence immédiatement avec un match à quatre. Sur le ring, un tandem de circonstances semble s’être composé entre Sal Olivares et Raul Castro, deux catcheurs d’origine hispanique qu’on retrouve habituellement lors de ces programmes du fait de la proximité du Texas avec la frontière mexicaine et des liens qu’entretient la promotion avec les fédérations de Lucha Libre. Sous les quolibets de la foule, et au son émis par le sifflet de l’acariâtre Arman Hussein, King Kong Bundy et Bugsy McGraw arrivent en direction du ring et représentent ce soir la H&H Limited. Bundy arbore la ceinture de Champion américain, tandis que Bugsy est annoncé comme le Champion Brass Knuckles de la National Wrestling Alliance.

À la Afa et Sika, Bugsy et Bundy se cognent mutuellement le torse pour se mettre en jambes. Castro s’essaie à quelques acrobaties qui fonctionnent cinq minutes mais Bundy le remet rapidement à sa place avec une série de frappes douloureuses. Il passe la main à un Bugsy McGraw toujours aussi dérangé, et qui fait preuve d’une violence rare à l’égard d’Olivares, l’étranglant et le martelant avec une série de coups de poing. Bugsy lui porte ensuite un bel enfourchement et l’emporte ainsi en moins de trois minutes avec un brise-dos.


– Les heels n’en ont pas terminé pour autant et dégagent Castro en dehors du ring, ce qui permet à Bundy d’en remettre une couche avec un énorme Splash sur Olivares. Et alors que Bundy partait vraisemblablement pour un second Splash – qui aurait sans doute blessé ce pauvre garçon – Bugsy fit le choix de s’interposer. Une décision très mal prise par Bundy, mais aussi par Hussein. On s’en souvient, des tensions étaient apparues lors du dernier épisode, mais se manifestent donc ici pour la première fois en direct. Se rangeant du côté de son chasseur de primes, Bundy essaie de calmer Bugsy, mais mon petit doigt me dit que l’alliance ne tiendra plus très longtemps.


MATCH 2 : « WILD » BILL IRWIN VS BRIAN ADIAS (06:39)

VAINQUEUR : « WILD » BILL IRWIN

PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET

INDICATEUR : * ½


L’affiche est plutôt intéressante. D’un côté, nous avons le Champion des poids-lourds du Texas, en la personne de « Wild » Bill Irwin. Vétéran des rings, Irwin ne rate jamais une occasion de rappeler qu’il est une « caution catch » de la promotion, bien au-dessus des standards de cette époque. De l’autre, on retrouve le jeune Brian Adias, qui a tout récemment réalisé ses débuts et qui, même s’il est encore très green, porte en lui la fougue de la jeunesse et une brûlante envie d’en découdre.

Adias s’impose d’entrée de jeu face à un Irwin qui se laisse volontairement surprendre. Il le laisse gentiment faire mais Adias se chie dessus sur ce qui se présentait comme une tentative de surpassement. Irwin envoie les premières frappes, mais Adias sait se défendre et accule le Champion dans l’un des coins avec une déferlante de coups de poing. Projeté dans les cordes, Adias esquive in-extremis le Bicycle Kick d’Irwin, mais ce n’est pas passé loin. Il manque alors de l’emporter avec un Sunset Flip visuellement dégueulasse, ainsi qu’avec un brise-nuque pas nécessairement plus esthétique. Adias retente le Sunset Flip – cette fois-ci c’est moins moche – mais le Champion s’en dégage facilement. Adias se loupe à nouveau misérablement, s’emballe avec un saut chassé mais Irwin l’enroule en petit paquet pour le compte de trois. Il y a encore du boulot pour que le jeune Brian Adias puisse ne serait-ce que prétendre être au niveau.  


MATCH 3 : KERRY VON ERICH VS « CPT. » FRANK DUSEK (06:48)

VAINQUEUR : KERRY VON ERICH

PRISE DE FINITION : SUNSET FLIP

INDICATEUR : **


On enchaîne sans plus attendre avec le troisième combat de la soirée. Dans l’un des coins, nous retrouvons l’homme qui connaît pour l’instant la pire année 1982. Il s’agit de « Captain » Frank Dusek, qui cumule défaites sur défaites, les unes après les autres, après avoir été largué par « Wild » Bill Irwin. Son défi du soir n’est autre que l’aspirant numéro un au titre de Champion du monde de la NWA, toujours détenu par le « Nature Boy » Ric Flair. Il s’agit – vous l’aurez compris – du populaire Kerry Von Erich, étoile montante de la promotion familiale en ce milieu d’année 1982. 

L’objectif premier de la rencontre est d’entraîner Kerry en amont de sa confrontation avec Ric Flair. Au son de la cloche, ce dernier se jette sur Kerry mais celui-ci le déboute totalement et à quelle vitesse, l’obligeant même à reprendre son souffle en dehors du ring. Aux commentaires, Saldi nous informe que Kerry occupe la seconde place du classement de la NWA, derrière le Sgt. Slaughter. Il nous apprend également que Ric Flair affrontera prochainement Bob Backlund – alors Champion du monde de la WWF – dans l’Omni Coliseum d’Atlanta en Géorgie. De retour sur le ring, Kerry essaie de placer son Iron Claw mais Dusek résiste et repousse l’échéance. L’expérience de Dusek finit toutefois par payer lorsqu’il éclate le crâne de Kerry, qui se mange de plein fouet l’une des protections du coin. Groggy, Kerry doit à son tour reprendre ses esprits mais cela ne l’empêche pas de revenir avec un Slingshot Splash un peu brouillon, néanmoins efficace. Kerry enroule ensuite Dusek avec un Sunset Flip et l’emporte au compte de trois, alors que la foule est en délire. Bon match de catch, plutôt bien rythmé.


– Nous voici à nouveau dans le bureau de la H&H Limited. Bill Mercer se tient assis tandis que Bugsy McGraw s’accroche encore avec Arman Hussein. Gary Hart s’interpose et apaise les esprits. De retour d’une coupure publicitaire, les tensions semblent être redescendues, Gary Hart expliquant avoir résolu ce problème, sans trop donner de détails. 

C’est l’heure. Bill Mercer et Jay Saldi nous indiquent maintenant que le prochain combat sera cette rencontre ô combien symbolique, censée incarner la volonté de Fritz Von Erich de tirer un trait sur son immense carrière. Il se mesurait alors à King Kong Bundy pour son titre de Champion américain.


MATCH 4 : WCCW AMERICAN HEAVYWEIGHT TITLE MATCH : KING KONG BUNDY © W/ARMAN HUSSEIN VS FRITZ VON ERICH (08:32)

VAINQUEUR : FRITZ VON ERICH

PRISE DE FINITION : STRAIGHT PUNCH TO THE FACE

INDICATEUR : ***


L’histoire se joue ce soir sur la pelouse du Texas Stadium d’Irving, une petite bourgade située en périphérie de Dallas. De son état civil, Jack Adkisson est né à Jeweet au Texas et est le père de six enfants. Pour les nourrir, Jack a choisi de combattre sur les rings de catch du Texas, endossant le rôle de Fritz Von Erich, un alter ego dont la vocation fut d’être haï des foules du monde entier de par son interprétation d’un sympathisant nazi. Ce soir, Jack a choisi de tirer le rideau sur son illustre carrière, une carrière qui court depuis le début des années 1950. Et il les a tous terrassés, de Gene Kiniski à Dory Funk Jr. en passant par le Great Kabuki ou encore Bruiser Brody. Fritz lace ce soir ses bottes pour la dernière fois alors qu’il s’apprête à affronter King Kong Bundy, le protégé de Gary Hart et d’Arman Hussein, titulaire de la ceinture de Champion américain.

Fritz Von Erich

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Et alors que Fritz retirait son t-shirt, Bundy franchit immédiatement la limite en l’attaquant de dos. Von Erich ne perd pas une seconde et essaie de lui appliquer son Iron Claw, une tentative toutefois avortée par la puissance de frappe de Bundy. Mais Fritz en a vu tant d’autres et lui inflige désormais une correction à coups de poing et de pied. Plus tout à fait dans la fleur de l’âge, Fritz doit en finir au plus vite et par quel autre moyen qu’avec son Iron Claw. La grosse paluche du patriarche s’empare ainsi du front du Champion et le presse de toutes ses forces. En perdition, Bundy fuit en dehors du ring, mais un Fritz des grandes heures a retrouvé sa fougue et le suit de près. Bundy s’empare d’une chaise mais Fritz la lui arrache de mains et lui éclate le crâne. À mains nues, et en serrant les poings, Fritz fait tomber le monstre et le recouvre pour le tombé. 1…2…et 3 ! Le Texas Stadium tout entier explose et exulte de joie, alors que l’arbitre David Manning brandit le bras du gagnant et nouveau Champion, pour son dernier combat, le légendaire Fritz Von Erich !


Et là, dans un moment qui m’a décroché une larme, Fritz Von Erich est rejoint par ses cinq fils ainsi que par son épouse Doris qu’il embrasse et serre dans ses bras. Des images d’une sincérité rare, témoignant de l’amour  de cinq garçons pour leur papa. Une séquence absolument aussi émouvante que tragique, surtout lorsqu’on connaît la suite de l’histoire. À ce moment là, ils étaient tous là. Et ils étaient heureux. Au micro de Bill Mercer, Fritz assure que tous ses fils et même celui-ci, dit-il en désignant Chris – son fils cadet – deviendront un jour des Champions du monde de catch. Une tâche à laquelle il compte dédier sa vie. La foule toute entière applaudit la légende, alors qu’on peut lire ces mots sur l’écran des Dallas Cowboys : « Fritz Von Erich retires as a hero ».

Von Erich Family

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved


Archive ô combien historique et précieuse de l’Histoire de la WCCW puisqu’elle contient ni plus ni moins que les images du dernier combat de l’homme derrière le succès de cette promotion, en la personne de Jack Adkisson, plus connu sous le nom de Fritz Von Erich. Kerry Von Erich, King Kong Bundy et bien plus encore.

– Il aura fallu la chercher loin, cette place d’aspirant numéro un au titre de Champion de la NWA, toujours tenu d’une poigne de fer par le « Nature Boy » Ric Flair. Rien ni personne ne semble pouvoir arrêter l’ascension de Kerry Von Erich vers les hautes cimes de la gloire. Pas même Harley Race, terrassé à Irving au terme d’une épopée sanglante. Le projet Kerry Von Erich est lancé. Voyons maintenant s’il saura assurer contre « The Man » du côté de l’Omni d’Atlanta.

– Les tensions qui s’étaient formées dans le bureau de la H&H Limited se sont cette fois-ci manifestées dans l’antre sacrée du Sportatorium. Bugsy McGraw ne semble définitivement plus s’entendre avec ses patrons, en particulier Arman Hussein. Nous verrons ce que réserve l’avenir à Bugsy McGraw, qui pourrait ravaler sa fierté et se remettre dans le rang ou au contraire, revenir dans le droit chemin en tournant le dos à son groupe de malabars.

– Élevé au rang de monstre absolu par son association avec Gary Hart et Arman Hussein, l’ancien Chris Canyon – rebaptisé King Kong Bundy – s’est rapidement construit une solide réputation. Présenté comme le heel numéro un de la promotion, Bundy s’est naturellement dressé en menace contre les Von Erich. Sa progression organique est naturellement le fruit de la confiance que lui ont accordé les bookers. Et le choix de le désigner comme l’antagoniste ultime de Fritz  Von Erich pour le dernier match de sa légendaire carrière en dit plus long que tout ce que je pourrais écrire de plus.

– Avant toute chose, ce programme est celui du dernier combat de la carrière de Fritz Von Erich. Et aie-je réellement besoin d’en rajouter ? Tirant le rideau sur son illustre carrière, le patriarche de la famille Von Erich est parti selon ses termes et avec la classe d’un Clint Eastwood, en véritable héros. Plus qu’un simple match de catch, ce combat est la plus pure expression de l’amour, de l’admiration et du respect que lui vouaient ses fils, sa famille et son public, non pas à Fritz Von Erich mais à Jack Adkisson, la figure paternelle qui pour un soir, n’était pas que le père de six enfants, mais d’une bonne dizaine de milliers, son public, ses enfants.

Nathan Maingneur

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