WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #19

WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #19

10/07/1982

World Class Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Bill Mercer et Jay Saldi sont nos hôtes et nous accueillent dans l’atmosphère étouffante du Dallas Sportatorium à l’occasion de cet enregistrement télévisé hebdomadaire signé World Class Championship Wrestling. Au programme de la soirée, nous aurons droit à la revanche d’un combat qui eut lieu au Texas Stadium lors du show hommage à Fritz Von Erich. Ce sera un match Tag Team dans lequel seront défendues les ceintures de Champions par équipe All Asia que Kevin et Kerry Von Erich espèrent regagner en affrontant le Great Kabuki et le Magic Dragon dans un combat aux règles bien particulières.


MATCH 1 : « CPT. » FRANK DUSEK VS AL MADRIL (04:10)

VAINQUEUR : AL MADRIL PAR DQ

PRISE DE FINITION : DÉCISION DE L’ARBITRE

INDICATEUR : *


On commence sans plus attendre avec notre premier combat. Plus solitaire que jamais, le « Capitaine » Frank Dusek a très largement perdu de sa superbe et semble plutôt décontenancé par les réactions moqueuses du public. Le mal-aimé rencontre ce soir le très rayonnant Al Madril, toujours aussi populaire et qui a récemment obtenu l’opportunité d’affronter Bill Irwin la semaine prochaine pour son titre de Champion du Texas.

L’histoire de ce combat, c’est que Dusek a une dent contre l’arbitre David Manning, qu’il juge responsable de sa disqualification – et donc défaite – la semaine passée. Les premiers contacts sont hachés par les interactions entre Dusek et Manning, ce qui empêche le match de prendre en rythme comme en intensité. D’autant plus que c’est Manning qui se trouve être – malgré lui – le plus crédible dans cet exercice. Dusek fait presque exprès de lui rentrer dedans, mais Madril lui décoche un saut chassé qui le projette par-dessus les cordes. Monsieur Manning fait alors sonner la cloche et choisit de disqualifier Dusek, et non Al Madril qui a pourtant enfreint une des règles cruciales de la promotion. Drôle d’utilisation du challenger au titre de Champion du Texas, qui se retrouve relégué à tenir les seconds rôles dans un arc narratif qui s’articule autour de la gué-guerre entre Frank Dusek et l’arbitre.


– Fou de rage, Dusek proteste de manière très véhémente mais Monsieur Manning lui tient farouchement tête. Il lui rentre même dedans en bombant le torse car on a beau s’appeler Frank Dusek, on ne plaisante pas avec l’autorité. Ce dernier se retient de toutes ses forces de l’aligner mais préfère s’emparer d’un micro et le traiter de tous les noms. 


MATCH 2 : THE SUPERFLY W/ARMAN HUSSEIN VS RAUL CASTRO (02:45)

VAINQUEUR : THE SUPERFLY

PRISE DE FINITION : MIDDLE ROPE SPLASH

APPRÉCIATION : TRÈS BON SQUASH DU SUPERFLY MAIS C’EST BUGSY QUI VOLE LA VEDETTE !


Annoncé depuis plusieurs semaines sans que nous puissions savoir que ce soit à propos de son identité, le nouveau membre de la H&H Limited effectue ce soir ses débuts. Et quelle meilleure façon de faire ses débuts qu’en tenue moulante ridicule – mi-orange mi-noir – tout en portant un masque tout aussi grotesque. Pourtant entraîné par Dory Funk Jr. il s’agit de Ray Candy, qui a commencé dans le catch au milieu des années 1970 du côté de la ASWA en Géorgie et pour la WSS de son mentor. En 1979, Candy part pour le pays du Soleil Levant et y rencontre notamment Giant Baba et Jumbo Tsuruta, en tag avec Abdullah the Butcher. Il est surtout connu pour son personnage au sein des Zambuie Express avec Elijah Akeem.

Sur le ring, c’est la pagaille. Et le responsable de cette pagaille, c’est Bugsy McGraw. Ce même Bugsy McGraw qui – en guise de protestation – a décidé de renouer avec sa gimmick ô combien populaire. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça fonctionne. Et cela ne semble pas plaire à Arman Hussein, qui présente ce soir son nouveau poulain, le Superfly. Ce dernier démolit littéralement ce pauvre Raul Castro, totalement impuissant. Superfly paraît très stiff mais fait forte impression, malgré ce déguisement ridicule. De son côté, Bugsy fait le pitre avec les policiers et quelques spectateurs des premières rangées. Castro se fait aplatir par un gros Splash mais le Superfly décide d’en rajouter une couche avec un autre Splash porté depuis la corde du milieu. Bugsy remonte sur le ring et défie maintenant le Superfly, faisant des pieds et des mains pour qu’Hussein le laisse l’affronter. 


– Petite séquence hors des murs du Sportatorium alors qu’une foultitude de journalistes, parmi lesquels Bill Mercer, accueillent un Gary Hart qui descend tout juste d’un jet. Costume noir et lunettes de soleil, Gary est le heel qu’il croit être. Interrogé à propos du Superfly, Hart choisit d’ignorer Mercer et reporte toute son attention sur une jolie et jeune journaliste.

Toujours dehors, cette fois-ci aux abords d’une piscine, Mercer retrouve Bugsy McGraw, qui nous parle des pouvoirs secrets de l’eau en se comparant même à Neptune, le dieu des océans dans la mythologie grecque. Bugsy trempe alors le costume de Mercer et le pousse ensuite dans un toboggan qu’ils dévalent sur le ventre, l’un à la suite de l’autre. Une séquence légère, aussi kitsch qu’amusante et qui sent bon le soleil.

De retour dans l’antre du Sportatorium, Bill Mercer et David Manning se tiennent près des cages qui seront installées pour notre prochain combat. Ils nous en expliquent par ailleurs les règles.


MATCH 3 : ALL ASIAN TAG TEAM CHAMPIONSHIPS MATCH : THE GREAT KABUKI & THE MAGIC DRAGON © VS KEVIN & KERRY VON ERICH (21:59)

VAINQUEURS : THE GREAT KABUKI & THE MAGIC DRAGON PAR DQ

PRISE DE FINITION : DÉCISION DE L’ARBITRE

INDICATEUR : *** ¼


C’est le match que tout le monde attend. Cette grande revanche du Texas Stadium. Et les règles sont très particulières. À cause des tensions qui eurent lieu lors du match originel, des cages ont été installées aux abords du ring.  À chaque fois que l’un des protagonistes enfreindra les règles, il sera enfermé dans cette cage pendant deux minutes. C’est à se demander si – des années plus tard – NXT ne se serait pas inspiré du concept pour son Iron Survivor Challenge… Autre petite particularité : si Arman Hussein ou Gary Hart s’approchent des abords du ring, ils devront être enfermés pour toute la durée restante du match.

Kerry et Kevin commencent fort face au Dragon et s’imposent temporairement en faisant preuve d’un catch en tag affuté. Face à Kabuki, Kerry a plus de difficulté, notamment à cause de la force de frappe létale du japonais. Kevin est le premier à faire un tour en cellule après être resté trop longtemps sur le ring après un tag. Kerry place sa Sleeper Hold sur Kabuki mais le Dragon l’attaque et il doit donc être enfermé. Sorti de la case prison, Kevin remonte sur le ring en furie, sauf qu’il n’est pas l’homme légal et doit donc retourner dans sa cage. Kerry commence à faiblir, mais il serre les dents. Ils construisent habilement le hot tag avec un Kevin qui rentre tout feu tout flamme, rendant même hommage à Jimmy « Superfly » Snuka. À nouveau en action, Kerry s’impose avec une maturité hallucinante mais se fait mettre KO et tombe en dehors du ring, au point qu’un replay est passé à l’écran. Kerry résiste encore et toujours mais faiblit à mesure que les minutes passent. Kevin cumule les bourdes et perd alors son sang froid en se jetant comme un fou dans le combat. Erreur, puisqu’il doit repartir en cellule et assiste – impuissant – au massacre de son petit frère. C’est d’autant plus terrible que lorsque Kerry rampait vers son coin, personne n’y est ! Tel un animal en cage, Kevin secoue cette cage en métal, offrant aux premiers rangs un spectacle saisissant. Faisant preuve d’une résilience exceptionnelle, Kerry donne tout ce qu’il a et se défends, même à deux contre un. Et lorsque sort à nouveau Kevin, la coupe est pleine et, aveuglé par sa rage, Kevin commet la même erreur et quelle erreur ! L’aîné des Von Erich refuse d’y retourner et l’arbitre Bronco Lubich n’a alors d’autre choix que de faire sonner la cloche et de disqualifier les Von Erich qui échouent donc à regagner les ceintures, mais au terme de quel match !


Sacrée semaine du côté de la World Class Championship Wrestling qui nous propose cette semaine encore un programme électrique. Des débuts fracassants, un regain de popularité pour Bugsy McGraw, ainsi que l’un des meilleurs combats télévisés de l’histoire récente de la promotion.

– Il s’est progressivement émancipé de la H&H Limited et c’est tout le mal qu’on aurait pu lui souhaiter. Depuis quelques semaines, Bugsy McGraw s’accroche avec la direction et se rebiffe face au manque d’intérêt de ses patrons à son égard. C’est donc tout naturellement que Bugsy a renoué avec son personnage d’antan, ainsi qu’avec une popularité organique auprès d’un public qui semble lui avoir tout pardonné. J’étais le premier à émettre des critiques le concernant, j’ai désormais hâte d’en voir davantage.

– Toujours dans ce même registre, le double effet du volte-face de Bugsy McGraw c’est de pouvoir pleinement embrasser cette gimmick bouffonne – presque burlesque – qui plaît énormément au public. Et qui peut donc également être mise en situation par des vignettes, comme celle que nous avons eu ce soir. Bugsy qui balance Bill Mercer dans le toboggan d’une piscine, avant de s’y jeter comme un fou, c’est de l’or en barre. On ressent toute la légèreté des eighties, c’est kitsch au possible mais qu’est-ce que c’est fun.

– Les enjeux étaient capitaux, les règles étaient particulières. Si l’un des protagonistes enfreignait les règles, un petit séjour en cage, à l’avantage de ses adversaires. Dépouillé sur la pelouse du Texas Stadium, les Von Erich avaient ce soir l’occasion rêvée de récupérer leurs ceintures de Champions All Asia. Avec le renfort d’un Kerry impérial, c’est cette fois-ci Kevin qui – après avoir perdu son sang froid comme David avant lui – a précipité la défaite de son équipe. Une défaite au goût amer pour les Von Erich, qui risque de ne pas plaire au patriarche.

– Mais quel combat nom de dieu ! Les règles étaient particulières et la tension était à son comble. C’est déjà suffisamment rare qu’on assiste à de si longs combats, mais en plus de cela, nous avons eu droit à un superbe affrontement entre quatre grands lutteurs. Opposés au Magic Dragon et au Great Kabuki – ce dernier ayant fait preuve d’une force de frappe chirurgicale – Kevin mais surtout Kerry ont été d’une résilience exceptionnelle. Mais c’est bien à cause d’un Kevin tendu et hors de lui – mais dans une forme physique magistrale – que les Von Erich n’ont pas pu repartir avec les titres, ce qui aurait fait exploser un Sportatorium déjà galvanisé par ce combat haletant, et ô combien passionnant.

Nathan Maingneur

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