WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #20

WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #20

17/07/1982

World Class Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Bill Mercer et Jay Saldi sont nos hôtes et nous accueillent dans l’atmosphère étouffante du Sportatorium de Dallas à l’occasion de cet enregistrement hebdomadaire télévisé de World Class Championship Wrestling. Au programme de la soirée, ni plus ni moins qu’un match de championnat lors duquel la ceinture de Champion du Texas, alors détenue par « Wild » Bill Irwin, sera remise en jeu contre le populaire Al Madril.


MATCH 1 : THE MAGIC DRAGON W/ARMAN HUSSEIN VS ROBERTO RENESTO (05:19)

VAINQUEUR : THE MAGIC DRAGON

PRISE DE FINITION : ROLLING SLEEPER HOLD

INDICATEUR : * ¼


En costume camel, Marc Lowrance s’occupe des présentations – lui qui commentait jadis ces programmes. Dans le coin de droite se tient un certain Roberto Renesto, plus connu sous le nom de Tom Renesto Jr. Dans l’autre coin, Arman Hussein s’excite auprès de son Magic Dragon, mystérieux compétiteur originaire d’Asie et partenaire du Great Kabuki, qui apparaît ce soir en solo, sans la présence du cracheur fou.

Le Dragon donne tout de suite le ton en immobilisant Renesto avec une redoutable prise des trapèzes qui tue dans l’œuf le rythme du combat. Il s’impose ensuite avec des frappes chirurgicales agrémentées de quelques acrobaties aussi esthétiques qu’inutiles. Renesto se défends comme il le peut mais le Dragon garde la main. Certes moins impressionnant que son partenaire, le Dragon de Macao n’en reste pas moins efficace. Et même si Renesto a du répondant – ce qu’on ne peut pas lui enlever – le Dragon est trop vif. Contrant une planchette japonaise avec style, le protégé d’Arman Hussein lui décroche la tête avec un Superkick et l’emporte grâce à sa redoutable prise de soumission : son Rolling Sleeper Hold, qui voit le Dragon s’enrouler tel un alligator autour de sa proie.


MATCH 2 : « CPT. » FRANK DUSEK VS BRIAN ADIDAS (08:30)

VAINQUEUR : BRIAN ADIDAS

PRISE DE FINITION : DÉCISION DE L’ARBITRE

INDICATEUR : **


Brouillé avec son ancien partenaire, le « Capitaine » Frank Dusek s’est mis à peu près tout le monde à dos, y compris monsieur David Manning qui n’a pas été tendre avec lui. La semaine précédente, nous ne sommes d’ailleurs pas passés loin de l’altercation à l’issue de la défaite de Dusek face à Al Madril. Cette semaine, Dusek rencontre le jeune Brian Adidas, proche ami des Von Erich et surtout de Kerry, son ancien camarade de classe.

Et alors que Dusek refusait de retirer son ample robe de ring, Adidas le singe en dansant, ce qui amuse le public. Un petit échange de lutte amateur lance les hostilités, sans que ni l’un ni l’autre ne prenne l’avantage. Les tensions entre Dusek et Manning sont plus discrètes que la semaine dernière mais en ayant l’œil, on peut apercevoir quelques subtilités. Le jeune Adidas prends alors l’avantage, bien aidé par un Dusek expérimenté qui sait ce qu’il fait. Profitant justement de son expérience, Dusek reprends la main avec un sale brise dos. Aux commentaires, Jay Saldi remarque que ce brise-dos ressemble en tous points à celui que Hulk Hogan – alias Thunderlips – porte à Rocky Balboa dans Rocky III. Dusek enchaine avec une magnifique Double Underhook Suplex suivie d’un Boston Crab exécuté à la perfection. La durée du combat, exagérée au micro par Lowrance, s’écoule tout doucement. Adidas essaie tout ce qu’il peut jusqu’au fatidique son de cloche, qui signifie que le temps réglementaire de dix minutes est dépassé alors que la rencontre a en réalité duré huit minutes et trente secondes. Sauf que – sorti de nulle part – l’arbitre David Manning décide de son plein gré d’accorder la victoire à Adidas, ce qui déplaît fortement à Dusek.


– S’ensuit une altercation verbale, similaire à celles auxquelles nous avions assisté les semaines précédentes. Sauf que cette fois-ci, Dusek franchit la ligne rouge et déchire le t-shirt de Manning. Sans son uniforme qui fait de lui un arbitre – et le garant du respect des lois et de la morale – celui-ci lui décoche alors un saut chassé qui l’entremêle dans les cordes, pour le plus grand bonheur du public qui exulte. Manning est calmé par l’arrivée du collègue Bronco Lubich mais les tensions ne redescendent pas pour autant.

Juste avant de partir pour la coupure publicitaire, nous avons droit à une petite promo de « Wild » Bill Irwin, en amont de sa défense de titre contre Al Madril. Concis, clair et efficace, c’est une bonne façon de nous vendre le main event. On n’en demande pas plus.


MATCH 3 : THE SUPERFLY W/ARMAN HUSSEIN VS LARRY DWYER (04:09)

VAINQUEUR : THE SUPERFLY

PRISE DE FINITION : MIDDLE ROPE SPLASH

APPRÉCIATION : BUGSY VOLE ENCORE UNE FOIS LA VEDETTE !


Émancipé de la H&H Limited, Bugsy McGraw s’est affranchi des chaînes qui le retenaient jadis. Révolté face au manque d’intérêt de ses supérieurs à son égard au profit de l’arrivée du Superfly, Bugsy s’est rebiffé et a renoué avec son personnage d’antan, ainsi qu’avec une popularité organique. Toujours vêtu de cette ridicule tenue moulante mi-orange mi-noir, le Superfly est tant bien que mal retenu par Arman Hussein alors que son adversaire ce soir, en la personne du jobber Larry Dwyer, patiente de l’autre côté du ring.

Bugsy fait le pitre et a ramené tout un panel d’objets, allant de la planche du bois au cône de signalisation, qu’il porte volontiers comme un couvre-chef au grand bonheur d’un public conquis. Hussein brandit alors une civière floquée au nom de la H&H Limited, un signe envoyé à ce pauvre Dwyer. Et sans surprises, celui-ci se fait littéralement démolir par le Superfly, toujours très stiff entre les cordes. En dehors du ring, Bugsy s’est installé au milieu des premiers rangs et amuse la galerie, non sans garder un œil sur ce qu’il se passe sur le ring. Le Superfly porte un gros Splash mais décide d’en remettre une couche en montant sur la corde du milieu pour une autre envolée gargantuesque. Solide squash. C’était peut-être un peu trop long, mais je chipote.


– Et alors que le Superfly semblait parti pour continuer le massacre, Bugsy décide de s’en mêler et réussit à le faire tomber en retenant son pied. Hussein est en panique, la tension est à son comble et on a envie de voir Bugsy McGraw affronter le Superfly !

Comme Bill Irwin tout à l’heure, Al Madril nous rappelle maintenant les enjeux du match de championnat qui aura lieu dans quelques instants. D’abord le Champion puis son challenger, moins de cinq minutes de temps d’antenne et un contenu plus que simpliste. Mais pourtant, force est de constater qu’il s’agit d’un formidable travail de promotion contribuant à donner de l’importance à notre main event. 

– Au retour de la coupure, nous retrouvons Bill Mercer dans l’appartement d’Al Madril à l’occasion d’une petite entrevue enregistrée en amont de la diffusion de ce programme. Interrogé sur sa façon de se détendre, entre l’enchaînement des dates et le rythme effréné de ce train de vie, Madril dit aimer se reposer en écoutant de la musique au bord de la piscine. Il nous partage ensuite son amour inconditionnel pour Elvis Presley. Précieuses images, car ce n’est pas tous les jours – et surtout à cette époque – que nous avons l’occasion de plonger dans l’intimité de nos catcheurs préférés. 

De retour dans les confins du Sportatorium de Dallas, Mercer se tient aux côtés de David Manning, qui décide d’interpeller Frank Dusek. Manning revient ensuite sur ses années passées en lutte amateur. Des images nous sont passées à l’écran nous montrant Manning en train d’entraîner de jeunes sportifs sur les tapis de lutte. De bien belles images encore une fois.


MATCH 4 : TEXAS HEAVYWEIGHT CHAMPIONSHIP MATCH : « WILD » BILL IRWIN © VS AL MADRIL (06:40)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : DOUBLE COUNT OUT

INDICATEUR : ** ¾


Place au clou du spectacle. Pendant que le Champion en titre fait claquer son fouet, son challenger Al Madril est présenté au public de Dallas. Il demeure toujours aussi populaire, lui qui compte bien regagner son titre et sa ceinture. Champion des poids-lourds du Texas depuis sa victoire face à ce même Al Madril, on ne présente plus « Wild » Bill Irwin. Le cowboy à l’allure de James Hetfield version …And Justice for All règne en maître absolu et fait la loi sur ce territoire depuis plus d’un mois.

"Wild" Bill Irwin

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Madril s’impose d’entrée de jeu avec une série de coups de poing et Irwin est groggy ! Cela ne fait quelques secondes que le match a commencé et déjà le Champion est en perdition. Irwin se ressaisit avec quelques enfourchements mais Madril est chaud comme la braise et domine ce combat. Irwin reprends le contrôle avec des frappes dures et incisives. Au fur et à mesure de l’avancée du match, les coups portés gagnent en intensité mais aussi en dureté. On assiste alors à un véritable règlement de comptes aussi intense qu’éprouvant. Mais à l’issue d’une projection dans les cordes, Madril chute en dehors du ring et retombe mal. Envoyé tête première dans le poteau, le challenger s’ouvre au niveau du front et pisse le sang. C’est un peu la panique et on sent que l’atmosphère a changé. Même le public s’est clamé, comme pétrifié à la vue de cette effusion sanglante. Aveuglé par son propre sang, Madril voit rouge et – toujours en dehors du ring – il immobilise Irwin avec une prise en quatre. À l’agonie, le Champion hurle de douleur, sauf que l’arbitre compte sans s’arrêter et finit par faire sonner la cloche, disqualifiant les deux hommes.


– Livide, Madril exige qu’Irwin remonte sur le ring pour en finir. Mais le verdict est implacable et tombe comme un couperet. Même si aucun d’entre-eux n’a remporté ce combat, la ceinture reste autour des hanches d’Irwin.


World Class Championship Wrestling sans les Von Erich, est-ce que c’est possible ? La réponse risque de vous surprendre. Un match de championnat qui se termine dans le sang, toujours plus de bouffonnerie avec Bugsy McGraw, ainsi que la présence mystique du Magic Dragon, c’est tout ça et plus encore !

– On a beau s’appeler Frank Dusek, on ne plaisante pas avec l’autorité. Voilà des semaines que Frank Dusek se frictionne avec l’arbitre David Manning, qu’il juge responsable de tous ses échecs personnels. Ce soir, ce fut l’altercation de trop. Les protestations verbales ont donné lieu à une échauffourée physique qui a vu Manning se faire respecter face à Dusek, dans tous les sens du terme. Nous dirigeons nous vers un affrontement entre un catcheur et un arbitre ? Une chose est sûre, le public se régale et en veut pour son argent.

– Que ce soit ces images d’un David Manning enseignant le fondamentaux de la lutte à de jeunes sportifs, en passant par cette séquence nous plongeant dans l’intimité d’un Al Madril que nous apprenons à connaître, la World Class réussit cette semaine encore à nous proposer des contenus pertinent et totalement passionnants. C’est déjà un tel plaisir que de découvrir ces émissions, c’est d’autant plus plaisant lorsqu’elles comportent ce genre d’archives.

– Félicitons ici le travail de promotion de la World Class pour ce match de championnat entre Al Madril et Bill Irwin. Au travers de deux promos concises mais diablement efficaces (une du Champion et une du challenger) nous aurons eu envie d’assister à ce main event. Car ce n’est pas tout d’organiser un match de championnat, il est également nécessaire et crucial d’en faire la promotion. Et à cet exercice, la promotion de Dallas s’est à nouveau montrée en avance sur son temps. 

– Où sont les Von Erich ? C’est peut-être le seul point noir de ce programme, qui manque de ce petit quelque chose qui fait toute la saveur du territoire de Dallas. En effet, même si nombre de catcheurs n’ont pas besoin de s’appeler Von Erich pour briller, leur absence se fait malgré tout ressentir, ce qui est à la fois un bon et un mauvais signe, mais encore plus bon que mauvais, pour l’instant.

Nathan Maingneur

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