WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #17

WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #17

26/06/1982

World Class Championship Wrestling

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved

Après une bonne bouffée d’air frais prise au Texas Stadium, Bill Mercer et Jay Saldi nous accueillent dans l’atmosphère étouffée du Sportatorium de Dallas. Et dès à présent, ils seront les commentateurs vedette de ce programme. Quant à Marc Lowrance, il semble donc bel et bien remplacer Joe Renelli pour les présentations au micro.


MATCH 1 : « CPT. » FRANK DUSEK VS BRIAN ADIAS (10:00)

VAINQUEUR : AUCUN

PRISE DE FINITION : LIMITE DE TEMPS RÉGLEMENTAIRE

INDICATEUR : * ¼


Largué par « Wild » Bill Irwin – et on comprends aisément pourquoi – celui qu’on surnomme « Captain » Frank Dusek a bien de la peine à prendre son année 1982 en main. Il est tout de même utile de rappeler l’héritage, certes factice, mais héritage quand même, du nom qu’il a choisi de porter en hommage à la famille Dusek, cette illustre dynastie de catcheurs que l’histoire n’a pas retenu. Il affronte ce soir un jeune homme seulement âgé de vingt-deux ans et originaire de Denton au Texas. Camarade de classe d’un certain Kerry Von Erich, Brian Adias s’est intéressé à la lutte professionnelle et fut entraîné par Fritz Von Erich en personne. Il effectue ce soir sa toute première apparition.

Encore un peu green, Adias peine à s’affirmer face au vétéran Dusek. On sent en effet que l’ancien partenaire de Bill Irwin lui mâche le boulot pour lui permettre de s’imposer. Mais le truc, c’est que Adias catche encore comme un débutant. Et de ces séquences, à l’issue desquelles Adias est censé ressortir dominant, pas grand chose ne se dégage du catch de ce jeune homme. On observe en fait assez peu d’action, la rencontre étant ponctuée de longues phases de contact plutôt statiques. Aux commentaires, Mercer nous annonce que le dernier combat de Fritz Von Erich, vendu comme le plus grand match de sa carrière, sera diffusé la semaine prochaine. Adias reprends du poil de la bête avec un magnifique saut chassé, mais retourne rapidement à un catch très scolaire. On peut malgré tout souligner la qualité des plans caméra, nous offrant de superbes gros plans sur le visage des lutteurs. Dusek reprends le contrôle avec une souplesse arrière et travaille sur les reins de son antagoniste. Et alors que l’action commençait – dieu merci – à s’intensifier, la cloche retentit, signe que le temps réglementaire de la rencontre s’est écoulé. Par conséquent, ce sera un match nul, dans tous les sens du terme.


MATCH 2 : THE MAGIC DRAGON W/ARMAN HUSSEIN VS RAUL CASTRO (02:44)

VAINQUEUR : THE MAGIC DRAGON

PRISE DE FINITION : ROLLING SLEEPER HOLD

APPRÉCIATION : SQUASH UN PEU MOLLASSON


Il est toujours inquiétant d’avoir affaire à quelqu’un qui dissimule son visage. Imaginez donc devoir l’affronter. Accompagné au ring par un Arman Hussein qui se fait alpaguer par une dame dans le public, voici venir le Magic Dragon, partenaire du Great Kabuki et originaire de Singapour en Asie. Aussi énigmatique que mystérieux, l’homme qu’on surnomme le « Dragon de Macao » rencontre ce soir un autre lutteur masqué – toutefois moins intimidant que lui – en la personne de Raul Castro, un nom de scène à peine choisi au hasard pour ce compétiteur d’origine hispanique.

Ils commencent fort en échangeant quelques gifles qui claquent. Pour autant, l’action ne décolle pas vraiment et ce, malgré tous les efforts du Magic Dragon. La sauce ne prend tout simplement pas. On ne lui reprochera sûrement pas son manque d’inventivité lorsque celui-ci fait suivre un brutal Superkick à la suite de quelques pirouettes stylisées. En dehors du ring, Hussein s’excite sur son sifflet, rendant sa présence insupportable pour de nombreux spectateurs. Le combat ne dure pas et le Dragon l’emporte comme d’habitude, en enroulant Castro avec son Rolling Sleeper Hold, une redoutable prise de soumission similaire à un Triangle Choke.


MATCH 3 : KEVIN VON ERICH VS ARMAN HUSSEIN (05:22)

VAINQUEUR : KEVIN VON ERICH

PRISE DE FINITION : SAUT CHASSÉ

INDICATEUR : **


Place aux choses sérieuses. Lassé des vilenies du co-fondateur de H&H Limited, Kevin Von Erich s’est décidé à botter les fesses d’Arman Hussein. Une bonne fois pour toutes. Détesté pour son rôle de manager exécrable, systématiquement fourré dans les mauvais coups, l’acolyte de Gary Hart est copieusement sifflé. Tout l’inverse de son adversaire, en la personne de Kevin Von Erich, aîné de la fratrie Von Erich. Désormais pieds nus, Kevin semble avoir trouvé sa forme finale.

Hussein pousse le bouchon jusqu’au bout et exige que Von Erich sorte du ring afin qu’il puisse procéder à son rituel d’avant-match. Ce que Kevin accepte, en bon seigneur qu’il est. Il ne faut surtout pas s’imaginer que l’on va assister à une rencontre technique, mais bel et bien à une authentique bagarre. Et c’est exactement ce qui se produit sous nos yeux. Nous sommes face à deux hommes qui n’hésitent pas à se renvoyer les coups. Ils se rentrent dans la gueule et s’envoient de gros coups dans le museau. Hussein préfère utiliser ses bottes, dont la pointe est légèrement rembourrée afin de faire plus de dégât. Pieds nus, Kevin est comme un poisson dans l’eau et manque de l’emporter à la suite d’un Splash. Il réussit à placer sa mythique Iron Claw sur un Hussein en perdition totale. Et c’est alors qu’intervient King Kong Bundy, qui grimpe sur le tablier du ring. Kevin porte un saut chassé sur Hussein, qui ricoche contre Bundy et tombe à la renverse. Il le couvre, l’arbitre compte trois et Kevin l’emporte donc au grand bonheur du public. Mais ce n’est pas tout.


– Pris au piège seul contre deux, Kevin déchante rapidement, surtout face à l’imposant Bundy. Passé à tabac sous les cris d’une foule chauffée à blanc, Von Erich s’extirpe du ring et s’empare d’une chaise. Remonté sur le ring armé de sa chaise, l’image suffit à elle seule à dissuader Hussein et Bundy qui repartent en direction des vestiaires.

De retour de la coupure publicitaire, nous voici en compagnie de Bill Mercer dans le bureau de H&H Limited. Y siège son président et co-fondateur, en la personne d’Arman Hussein, une séquence enregistrée en amont de la diffusion de ce programme. Mercer lui parle d’un homme appelé « The Superfly » dont la H&H Limited se serait payée les services. Ils sont interrompus par Bugsy McGraw, qui confronte Hussein à ce propos de ce Superfly. Il remet en question l’intérêt démesuré que portent Hart et Hussein pour un gars qui n’a encore rien fait pour eux. Bugsy semble avoir pris ses distances et paraît être en mesure de repasser de l’autre côté du rideau. Mais qui est donc ce Superfly ?

– On retrouve désormais Jay Saldi dans une salle de sport dans laquelle se dégage une atmosphère eighties à souhait. Il s’apprête à converser avec l’aspirant n°1 à la ceinture de Champion du monde de la NWA, Kerry Von Erich. Dans une forme physique éblouissante, Kerry affirme être prêt à affronter le « Nature Boy » Ric Flair. À ses côtés, son bon pote Brian Adias s’entraîne lui aussi. Lui, c’est le titre de Champion des poids-lourds du Texas qu’il a convoite. Kerry se remet à l’entraînement et laisse Adias conclure ce segment.


MATCH 4 : THE GREAT KABUKI W/GARY HART VS SAL OLIVARES (02:01)

VAINQUEUR : THE GREAT KABUKI

PRISE DE FINITION : DIVING KNIFE EDGE CHOP

APPRÉCIATION : SQUASH TOUJOURS SI BRUTAL DE KABUKI


Une fois de retour dans les confins du Sportatorium, place à notre prochain combat. Cette fois-ci, c’est le diabolique Gary Hart que l’on retrouve sur le ring. Et à ses côtés, nul autre que le Great Kabuki, dont l’aura demeure toujours aussi prégnante. Face à lui ce soir, rien de bien méchant – sauf votre respect – en la personne de Sal Olivares, encore l’un de ces catcheurs d’origine hispanique recrutés par la World Class pour affronter les gros poissons de la promotion.

Avec son style si particulier, Kabuki s’impose avec des frappes chirurgicales dans la poitrine et dans le dos de son adversaire. Crachant son green mist sur ses mains, le visage peint et recouvert par son épaisse chevelure noir de jais, Kabuki impressionne. Et le bougre, il est aussi à l’aise avec ses mains qu’avec ses pieds, comme en témoignent ces kicks d’une justesse phénoménale. Le torse et le dos rougis par les frappes de Kabuki, Olivares doit reprendre ses esprits en dehors du ring. Kabuki l’emporte en l’espace de deux minutes à la suite d’un atémi porté depuis la corde du milieu. Rien d’autre à signaler.


MATCH 5 : « WILD » BILL IRWIN VS AL MADRIL (06:51)

VAINQUEUR : AL MADRIL

PRISE DE FINITION : BOUSCULADE

INDICATEUR : **


Le cinquième et dernier combat de ce programme oppose deux farouches compétiteurs. L’un d’entre-eux ressemble comme deux gouttes d’eau à un James Hetfield période Black Album en tenue de cowboy. Je parle bien-entendu de « Wild » Bill Irwin, qui fait claquer son fouet et attise ainsi la haine du public à son égard. Dans le coin opposé, l’homme le plus populaire du territoire à ne pas porter le nom de Von Erich. Il s’agit d’Al Madril, qui se prépare en signant quelques autographes.

Madril s’impose rapidement alors que des chants « Chauncy » sont lancés à l’encontre de Irwin. Les coups de poing d’Al Madril portés façon mitraillette font mouche et sonnent le Champion du Texas, qui se retrouve largement mené en ce début de rencontre. La foule de Dallas est à fond derrière Madril et donne de la vie à ce combat. Irwin reprends le dessus avec de sales méthodes et de gros coups qui ne pardonnent pas. Groggy, Madril doit reprendre ses esprits en dehors du ring, unanimement soutenu par le public du Sportatorium. L’action s’éparpille tout autour de ce même ring, au grand bonheur du public. Revenu sur le ring, Irwin fonce sur Madril qui rebondit contre les cordes et lui retombe dessus. L’arbitre compte trois et – surprise générale – Madril l’emporte, un peu malgré lui. La bagarre continue mais Irwin préfère prendre la tangente. Un très solide combat pour conclure cette émission, bien qu’on regrette ce finish un peu tiré par les cheveux.


– Au micro de Bill Mercer, Madril ne manque pas de rappeler qu’il a lui aussi été Champion des poids-lourds du Texas quatre fois et que Irwin ne l’impressionne nullement. Il ira récupérer sa ceinture !


Assez peu de très bon catch, néanmoins au profit d’une production travaillée, dont la valeur ajoutée à ces programmes s’améliore continuellement. Les débuts de Brian Adias, des segments « backstage » inédits pour cette époque et la promesse de vivre ensemble, dans une semaine, le dernier combat de Fritz Von Erich. C’est tout ça et bien plus encore !

– Pour ses débuts, le jeune Brian Adias n’a pas eu l’opportunité de briller. Opposé à Frank Dusek, l’ancien camarade de classe de Kerry Von Erich n’a pas su marquer les esprits. Il en faudra encore beaucoup pour nous impressionner. Proche ami des Von Erich, il effectuera un heel turn en 1987 contre Mike Von Erich, revenu de sa blessure mais pas encore tout à fait remis de ses problèmes de santé. Aux côtés d’Al Madril, il ira même confronter Kerry à la suite de son accident de moto. C’est osé mais après tout, c’est du catch.

– Au-delà de ces segments d’apparence assez anecdotiques, l’un nous faisant entrer dans l’intimité du bureau de la H&H Limited, l’autre nous montrant l’entraînement de Kerry Von Erich, on peut ici souligner l’aspect « contemporain » de ces séquences qui nous montrent autre chose que les abords du ring. À cette époque, ce que nous appellerons par la suite des « segments backstage » n’existe pas encore tout à fait et, comme d’habitude, c’est la WCCW qui semble prendre le large quant à la modernisation de son produit.

– Bien que nous ayons eu l’opportunité de découvrir la quasi-totalité du show hommage à Fritz Von Erich, un combat ne nous avait pas encore été présenté. Il s’agit de cette affiche – ô combien chargée d’émotion – à l’issue de laquelle le légendaire Fritz Von Erich promettait de raccrocher ses bottes en cas de défaite, comme en cas de victoire, face au monstrueux King Kong Bundy. La rencontre nous sera diffusée la semaine prochaine dans son intégralité et cela nous assure d’ores et déjà de vivre un instant historique.

Nathan Maingneur

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