WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #11
01/05/1982
Mark Lowrance est notre hôte habituel et nous accueille dans l’enceinte du Sportatorium de Dallas pour cette édition de World Class Championship Wrestling. Lowrance présente l’affiche de cette heure de catch texane et nous informe entre autres, que le Champion du Texas, en la personne de « Wild » Bill Irwin, sera dans le match d’ouverture de cette belle et grande soirée.
– Après la coupure publicitaire, Lowrance reçoit notre Champion du Texas en personne, le hors-la-loi qu’on surnomme « Wild » Bill Irwin. Ce dernier se félicite de s’être débarrassé de Fran Dusek, son ancien compère qu’il surnomme affectueusement « Captain Crunch ». Il se dit prêt à affronter quiconque souhaite se frotter à lui pour sa ceinture de Champion des poids-lourds du Texas.
MATCH 1 : « WILD » BILL IRWIN VS TOM « BOOGALOO » SHAFT (04:46)
VAINQUEUR : BILL IRWIN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
INDICATEUR : * ¼
Avec son lasso et son chapeau de cowboy, Bill Irwin a la dégaine du texan pur souche. À ce sujet, sur le thème de l’apparence, je lui trouve même une petite ressemblance avec le leader et frontman de Metallica, monsieur James Hetfield, période Black Album. Il affronte ce soir le populaire Tom « Boogaloo » Shaft, vêtu d’un poncho et d’un sombrero sans trop qu’on sache pourquoi.
Face au Champion et à ses sales coups de genou dans l’abdomen, Shaft ne se laisse pas impressionner et prends l’avantage avec un collier de tête qu’il maintient pendant de très, très, très (trop) longues minutes. C’est assez mou et même si Irwin se donne à fond sur le ring, le match ne décolle pas franchement. Finalement, Irwin reprends rapidement la main avec de sales tactiques et couche Shaft avec un enfourchement. Il prend alors de l’élan et s’élance d’un bout à l’autre du ring avec sa fameuse descente du genou. L’arbitre Bronco Lubich effectue le tombé et cela suffit pour le compte de trois. Plutôt passable bien qu’on se contente d’une victoire de Bill Irwin.
– De retour en plateau et Lowrance accueille cette fois-ci l’un des deux dirigeants de H&H Limited, en la personne de Gary Hart. Ce dernier nous explicite ce qu’est cette entreprise. Elle sert à faire peur à des gens comme Fritz Von Erich. Hart termine en promettant que la semaine prochaine, le « Dragon de Macao » sera présent. Arman Hussein se tenait en fait à ses côtés et se définissent comme l’organisation la plus prestigieuse de ce pays.
Lowrance nous informe qu’un gala de catch de la World Class aura prochainement lieu au High School Gym de Louiseville au Texas. Parmi les catcheurs qui seront à l’affiche, nous pouvons citer Kevin Von Erich, The Great Kabuki, King Kong Bundy, The Spoiler, Bill Irwin, Frank Dusek ou encore Al Madril. Mark Lowrance nous informe que la semaine prochaine des images du tout premier combat de catch de Fritz Von Erich seront diffusées en totale exclusivité, alors soyez présents !
MATCH 2 : KEN MANTELL VS CARLOS ZAPATA (07:07)
VAINQUEUR : KEN MANTELL
PRISE DE FINITION : SIDE RUSSIAN LEG SWEEP
APPRÉCIATION : * ½
Avec son cigare cubain, ses lunettes de soleil et son treillis, Carlos Zapata fait une sacrée caricature de Fidel Castro. Et en soi, c’est de la cheap heat, mais cela fonctionne toujours plus ou moins. Ce soir, le cubain rencontre un homme qui sera, de par sa vision du catch et ses prises de décision, l’une des figure les plus influentes du succès de la World Class. Originaire de Fort Worth au Texas, Ken Mantell a commencé sa carrière en 1970. Trois ans plus tard Mantell rencontre et bat Danny Hodge, s’arrogeant son titre de Champion Junior Heavyweight de la NWA. Après plusieurs titres en catégorie poids-lourds, Mantell se retire doucement des rings et entame une carrière dans les coulisses, œuvrant en tant qu’agent et booker du territoire de Dallas.
Ils prennent d’abord la température avec quelques prises de contact, et c’est Mantell qui semble s’imposer grâce à sa technique. Ce dernier catche à l’ancienne et affiche un style old-school, presque à l’européenne. Esquivant une mandale de Zapata, Mantell frappe le premier avec un solide coup d’avant-bras. Bien que le cubain triche et utilise toute sortes de sales tactiques de heel, Mantell reste parfaitement réfléchi et se focalise désormais sur le genou de son adversaire. Réalisant un travail aussi méthodique que redoutable, Mantell impose son rythme alors que Zapata se tord de douleur. Mention particulière au selling de ce dernier, c’est très prenant et c’est un régal. Après ces quelques séquences techniques qui, cela dit en passant, ne réveillent pas franchement le public, les deux hommes optent pour un petit règlement de compte, parfaitement bienvenu. Finalement, c’est Ken Mantell qui l’emporte en l’espace de sept minutes avec un Side Russian Leg Sweep.
– Lowrance nous annonce ensuite qu’un autre gala de la WCCW, cette fois-ci organisé du côté de Ferris au Texas, aura lieu dans les prochaines semaines. Les combats auront lieu sur le Ferris High School Football Field, et les lutteurs qui sont annoncés sont les mêmes que pour le gala de Louisville.
Après Gary Hart et Arman Hussein plus tôt dans la soirée, Lowrance recevait cette fois le promoteur et président du territoire, nul autre que Fritz Von Erich. Fritz affirme que ses fils se vengeront et annonce que Kevin affrontera le Great Kabuki la semaine prochaine. Fritz clame que s’il reste quelque chose de Kabuki, il s’en chargera personnellement et compte bien mettre un terme aux agissements de Gary Hart et de ses protégés.
MATCH 3 : THE GREAT KABUKI W/GARY HART VS MIKE BOND (02:31)
VAINQUEUR : THE GREAT KABUKI
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU POING
APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH DU GREAT KABUKI
Côte de mailles traditionnelle japonaise et nunchakus, le Great Kabuki a tout du samouraï guerrier tel qu’on le connaît dans la culture nippone. Avec son green mist, ce liquide vert qui recouvre ses mains, Kabuki est le protégé du sinistre Gary Hart. Ensemble, ils ont déjà causé beaucoup de tort à la famille Von Erich. Kabuki affrontera d’ailleurs Kevin Von Erich la semaine prochaine. Ce soir, le maître du green mist s’échauffe face à Mike Bond, jeune garçon plutôt apprécié par le public de Dallas, n’affichant toutefois aucun lien de parenté avec le célèbre agent 007.
D’emblée, Bond surprend son adversaire avec une série de Armdrags. Très rapidement, le japonais reprend l’avantage avec ses frappes létales, directement inspirées de son passif en arts martiaux. Entre les cordes, le Great Kabuki est aussi précis que spectaculaire, son style atypique faisant de lui une attraction unique en son genre. Bond essaie de reprendre la main mais se fait littéralement trancher la gorge par un atémi du japonais. Tel un chat, il grimpe ensuite sur la corde du milieu et lui assène une descente du poing en plein visage. L’arbitre David Manning compte trois et Kabuki l’emporte ainsi en moins de trois minutes.
MATCH 4 : AL MADRIL & THE SPOILER VS BUGSY MCGRAW & KING KONG BUNDY W/GARY HART & ARMAN HUSSEIN (15:00)
VAINQUEURS : AUCUN
PRISE DE FINITION : NO-CONTEST
INDICATEUR : ***
On termine ce programme en beauté avec un match à quatre. Membres officiels de H&H Limited, King Kong Bundy et Bugsy McGraw montent sur le ring sous les huées du public du Sportatorium. Dernière recrue de l’armée de Gary Hart et d’Arman Hussein, Bugsy est désormais détesté. Ce redoutable tandem rencontre ce soir un duo de choc composé de Al Madril et du Spoiler, Don Jardin. Ce dernier avait récemment affronté Bundy tandis que McGraw et Madril ont déjà croisé le fer lors d’un très bon combat. L’affiche est alléchante et nous promet d’ores et déjà de bien belles choses.
Madril commence face à Bugsy et tient fermement sa garde face à ce compétiteur pour le moins imprévisible. Tout ce qu’essaie de faire McGraw, Madril le contre avec une facilité déconcertante. Bugsy bascule alors dans la comédie, grossissant volontairement le trait pour faire réagir le public, et cela fonctionne. Lorsqu’entre Bundy, les mouches changent d’âne et Madril le ressent, écrasé dans l’un des coins par une Running Avalanche de King Kong, une prise qui deviendra l’une de ses marques de fabrique. Al Madril réussit alors à faire entrer le Spoiler, qui calme d’emblée les ardeurs de Bundy. Comme le fera un certain Mark Calaway après, il écrase le colosse avec un gros coup de coude, porté à la suite de la marche du funambule. L’action a bien du mal a être contenue dans le ring, et tout court d’ailleurs. S’étant déjà affrontés lors d’une brawl mémorable, Bugsy et Madril se battent à nouveau comme des chiffonniers en contrebas. La rencontre est parfaitement rythmée et Bundy est l’un des moteurs de l’action, ce qui doit être souligné, au même que Madril est un formidable babyface. Ils s’en mettent plein la gueule mais le temps réglementaire d’un quart d’heure vient sonner la fin des hostilités.
– Chaud comme la braise, Al Madril demande cinq minutes supplémentaires mais Arman Hussein décide d’intervenir. Le Spoiler est alors évincé par Bundy et McGraw et Madril se retrouve seul contre trois. Finalement, une poignée d’officiels et d’arbitres ira les séparer et le challenge de Madril tombe à l’eau. Excellent match malgré tout.
Semaine plutôt dense du côté de la World Class Championship Wrestling de Dallas et ce, malgré l’absence des Von Erich dans le programme (qu’on ressent tout de même un peu). Du build-up admirablement bien réalisé, la présence des plus gros noms de la promotion ainsi qu’un excellent match à tag, c’est tout ça et bien plus encore.
– On le répète depuis quelques semaines déjà mais « Wild » Bill Irwin est l’une des raisons qui me font adorer le visionnage de ces programmes. Officiellement débarrassé de Frank Dusek, une décision que je salue puisque cela ne menait à rien, Irwin continue de faire sa route, s’affichant de semaine en semaine comme l’un des meilleurs heels de la promotion aux côtés de King Kong Bundy et du Great Kabuki.
– Ce programme nous aura fait découvrir l’une des figures les plus confidentielles, mais ô combien importante, de l’histoire de la promotion de Dallas. Respecté par ses pairs, fort d’une longue et fructueuse carrière sur les rings nord-américains, c’est toutefois dans les coulisses et bureaux de la World Class que Ken Mantell a œuvré, contribuant ainsi, de par son savoir, son expérience et ses prises de décisions, au succès de la promotion dans les années ’80. Après la mort de David en ’84, c’est lui qui était pressenti pour reprendre les rennes de la promotion si Fritz mourait, rien que ça.
– En guise de match de clôture, nous assistions à un très bon match à quatre. Al Madril et le Spoiler rencontraient alors les sergents de H&H Limited, que sont King Kong Bundy et Bugsy McGraw. Et pour notre plus grand plaisir, nous avons assisté à un véritable combat de catch, tel qu’il aurait pu être proposé dans le cadre d’un plus bien gros événement. Et pendant près de quinze minutes, un quart d’heure aussi intense que passionné, ils ont su faire vibrer la foule et nous offrir un no-contest jouissif qui aurait encore pu durer pendant 10 minutes. Excellent match.
– Construire de l’intérêt pour un match de catch, voici qu’on réussit à faire Fritz Von Erich, Gary Hart et Arman Hussein tout au long de la soirée. Par le biais de promos, insérées de façon ingénieuses entre les combats, ces trois figures, qui sont pourtant, essentiellement des acteurs externes à la pratique de la discipline, ont suscité de l’interêt pour un combat entre deux protagonistes. Simplement, sans artifices, ni quoi que ce soit d’exubérant. Et c’est bien tout ce quoi doit être, et ce que doit demeurer le catch.
Nathan Maingneur