WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #12
08/05/1982
Mark Lowrance est notre hôte habituel et nous accueille comme chaque semaine du côté de Dallas, dans l’enceinte légendaire du Sportatorium. Il nous annonce le programme de la soirée et nous informe entre autres, de la présence de Kerry Von Erich, du Great Kabuki et de King Kong Bundy.
– Lowrance est alors rejoint par « Captain » Frank Dusek, enfin de retour après une courte période en dehors des rings. Dusek ne tarit pas d’éloges pour son adversaire, mais clame être l’un des tous meilleurs. L’attention de Dusek se porte toutefois sur « Wild » Bill Irwin, qui s’est affranchi de ce même Dusek, ce que ce dernier n’a pas supporté.
MATCH 1 : « CAPTAIN » FRANK DUSEK VS THE SPOILER (04:19)
VAINQUEUR : THE SPOILER
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU COUDE
INDICATEUR : * ½
S’inspirant du nom de l’une des familles de catcheurs les plus importantes de l’histoire de la discipline, Frank Dusek n’appartient toutefois pas à cette lignée. Celui qu’on surnomme « Captain » a quelque temps été le partenaire de « Wild » Bill Irwin, notre actuel Champion du Texas. Jusqu’à ce que ce dernier s’affranchisse de Dusek, ni plus ni moins considéré comme un boulet. Dusek rencontre ce soir The Spoiler, personnage énigmatique vraiment apprécié par la foule de Dallas.
Après un bref tour de chauffe c’est le Spoiler qui s’impose avec une planchette japonaise. Et lorsque ce dernier utilise ses poings, ce n’est pas pour faire semblant. Mais Dusek s’en sort malgré tout avec un sale coup de genou dans les côtes. Soyons honnêtes, le combat est plutôt brouillon et « sloppy » c’est à dire lent et poussif. La rencontre est quand même assez physique, et Dusek s’en prend plein la poire. Acculé dans le coin, Dusek attrape les jambes du Spoiler et lui rive les épaules au tapis pour le compte de trois. Sauf que ce bon vieux Bronco Lubich a l’œil et remarque que Dusek s’est aidé des cordes. La rencontre se poursuit donc de très courts instants, et c’est finalement le Spoiler qui l’emporte à la suite d’une descente du coude. Retour perdant pour Dusek, qui fulmine au milieu du ring. Tant pis !
MATCH 2 : TOM « BOOGALOO » SHAFT & KEN MANTELL VS BUGSY MCGRAW & KING KONG BUNDY W/ARMAN HUSSEIN (04:30)
VAINQUEURS : BUGSY MCGRAW & KING KONG BUNDY
PRISE DE FINITION : DOUBLE ÉCRASEMENT
INDICATEUR : * ¾
Il y a du monde sur ce ring. C’est parce qu’on passe à notre match à quatre. Comme lors de la dernière édition de ce programme, nous retrouvons ce tandem, nouvellement formé, entre King Kong Bundy, menace émergente, et Bugsy McGraw, récente incorporation à la H&H Limited, la faction de Gary Hart et d’Arman Hussein. Celui-ci s’empare d’ailleurs du micro et s’attire les sifflets du public. Ils rencontrent ce soir un duo plutôt populaire, formé du vétéran Ken Mantell et du sympathique Tom « Boogaloo » Shaft, toujours très apprécié par le public de Dallas.
Pour ce combat, il faudra pas moins de deux arbitres, messieurs Lubich et Manning, afin d’assurer l’ordre et de faire respecter les règles du pugilat. « Boogaloo » Shaft commence tranquillement face à Bugsy mais les choses changent lorsqu’entre Bundy. Avec ses gros coups de poing qui sonnent comme des coups de masse, Bundy dicte sa loi. Entre alors Mantell, qui grâce à son expérience, peut s’engouffrer dans les failles du géant. De vains efforts qui ne durent pas, mais qui se manifestent à nouveau lorsqu’entre Shaft, prêt à en découdre. C’est la première fois que je me surprend à apprécier le catch de « Boogaloo ». Toutefois, en pleine projection dans les cordes, son pied est tenu par Hussein en dehors du ring. Cela permet aux heels de le concasser avec un double écrasement pas très légal mais qui suffit pour le compte de trois. Ce fut court, mais assez court.
– Mark Lowrance reçoit désormais Gary Hart, accompagné de son plus fidèle protégé, en la personne du Great Kabuki. Selon Hart, son nouveau poulain – qu’il appelle le « Dragon de Macao » – est du même acabit que Kabuki. Il proclame que tous ceux qui l’affronteront pourront dire qu’ils ont connu la torture. Hart avance que les combattants asiatiques ont le sang froid et que c’est exactement ce dont il a besoin pour mettre Fritz Von Erich hors d’état de nuire.
MATCH 3 : AL MADRIL VS ARMAN HUSSEIN (05:21)
VAINQUEUR : AL MADRIL
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : **
Arman Hussein est une épine dans le pied d’un paquet de catcheurs, c’est une certitude. Toutefois, peu auront eu à subir l’oppression de ce terrible personnage comme Al Madril. Oui, ils se détestent. Oui, ils se haïssent, et on sent tout de suite qu’une tension palpable imprègne l’atmosphère du Sportatorium. Si Hussein semble quelque peu en retrait, Madril trépigne d’impatience à l’idée de mettre ses mains sur l’infâme manager.
Au son de la cloche, Hussein fait des pieds et des mains pour faire son rituel traditionnel, sa fameuse marche du chameau. Madril refuse, mais lorsqu’il s’apprêtait à quitter le ring, tout cela n’était qu’un prétexte pour Hussein qui l’attaque de dos, d’une manière éhontée. Sous une pluie de sifflets, Hussein s’impose avec de sales coups et autres étranglements illégaux. Madril passe un sale quart d’heure, mais il reprends du poil de la bête et se lâche complètement avec une série de coups de poing. Le combat dégénère en dehors du ring et c’est Hussein qui reprend la main en étranglant Madril avec le câble de l’un des micros. Bagarreur dans l’âme, pur babyface devant l’éternel, Al Madril y retourne et la foule est en délire. Loupant une Rolling Senton, Hussein s’écrase durement au sol et Madril en profite pour l’enrouler en petit paquet pour le compte de trois.
– Heel jusqu’au bout, Hussein est mauvais perdant et agresse maintenant Madril. Celui-ci le pousse finalement à repartir en direction des vestiaires. Sacré bon match de catch qui n’a pourtant duré que cinq minutes.
MATCH 4 : « WILD » BILL IRWIN VS RICHARD BLOOD & MIKE BOND (03:07)
VAINQUEUR(S) : BILL IRWIN
PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU
APPRÉCIATION : SOLIDE SQUASH D’IRWIN
Désormais chassé par son ancien partenaire, en la personne de Frank Dusek, celui qu’on surnomme « Wild » Bill Irwin combat ce soir dans notre quatrième combat. Champion des poids-lourds du Texas, Irwin est sur une pente on-ne-peut-plus montante, et est tellement cool en tant que heel qu’il commence tout doucement à s’attirer les faveurs d’une bonne partie du public. Ce soir, Irwin se mesure à un duo composé de Richard Blood et de Mike Bond, dans ce qui sera un match à handicap.
La stipulation du match est un petit peu particulière : pour remporter ce combat, Bill Irwin doit river les épaules de ses adversaires en l’espace de 10 minutes. Blood et Bond (quels noms) s’y mettent à deux et prennent l’avantage. Toutefois, Irwin reprends rapidement la main avec un gros coup de genou et une Gutwrench Suplex sur Bond. Les jobbers ne se laissent pas démonter et donnent du fil à retordre au Champion du Texas. Finalement, Bill Irwin couche Bond avec un Running Clotheline. Il n’en reste maintenant qu’un seul. Sans perdre une seule seconde, Irwin écrase ce pauvre Blood avec un Powerslam et enchaîne avec sa descente du genou. Squash plutôt solide du Champion du Texas, qui est, et reste une sensation sur ce territoire.
MATCH 5 : KEVIN VON ERICH W/FRITZ VON ERICH VS THE GREAT KABUKI W/GARY HART (11:30)
VAINQUEUR : AUCUN
PRISE DE FINITION : DOUBLE DQ
INDICATEUR : ****
Place à l’attraction de ce programme. Celle qui fait en sorte que tous les regards, de tous les spectateurs qui massent ce soir le Sportatorium, se dirigent vers ce ring. Dans un des coins, l’énigmatique Great Kabuki asperge ses mains de son green mist sous le regard du sinistre Gary Hart. Dans le coin opposé, le héros local, né et élevé à Lake Dallas, Texas et fils du président de la promotion, véritable légende du circuit. Il s’agit de l’athlétique Kevin Von Erich, dont la popularité dépasse l’entendement. Kabuki, et plus largement ce diable de Gary Hart, ont une histoire tumultueuse avec les Von Erich. Après avoir aveuglé Fritz, donné du fil à retordre à Kerry, c’est désormais au tour de Kevin d’affronter ce mystérieux compétiteur originaire du pays du Soleil Levant.
Les deux hommes semblent se connaître sur le bout des doigts, et cela se ressent en ce début de rencontre. Finalement, Kevin opte pour une grosse bagarre, façon Von Erich. Ils tombent alors hors du ring, et c’est déjà la pagaille. De retour sur le ring, Kevin domine le combat d’une main de maître, faisant preuve d’une technique irréprochable. Il fait ensuite lever son père avec un magnifique saut chassé. Toutefois, Kevin se laisse emporter par sa fougue et fonce dans un Superkick de Kabuki. Essayant de reprendre son match en main, Kevin est toutefois victime d’un sale, sale mais alors sale Roundhouse Kick de Kabuki. En sang au niveau du nez et de la joue, Kevin déguste et souffre de longues minutes dans la prises des trapèzes du japonais. Le public du Sportatorium est en ébullition, mais rentre véritablement en éruption lorsque Kevin parvient à placer sa Iron Claw sur l’abdomen de Kabuki. Jusqu’à présent, Fritz et Gary Hart étaient restés calmes, mais une échauffourée provoque une bagarre générale qui dégénère complètement. Et c’est alors que King Kong Bundy intervient pour s’en prendre à Fritz ! Il le piétine à répétition mais Kevin ne peut pas accepter cela. Le combat se transforme alors en un joyeux bordel, au grand bonheur d’un Sportatorium entré en fusion. L’arbitre David Manning fait alors sonner la cloche, signant la fin d’un incroyable combat, divertissement assuré !
Édition extrêmement dense et complète de World Class Championship Wrestling. Toutes les plus grandes stars (ou presque) de la promotion sont au rendez-vous. Du catch en tag des matches courts, mais efficaces, ainsi qu’un clou du spectacle qui vaut clairement son visionnage. C’est tout ça, et plus encore !
– Tout comme lors du dernier épisode, nous avons assisté à un match en tag entre quatre figures de la promotion de Dallas. Si la semaine dernière, Al Madril et The Spoiler se sont heurtés à un mur, c’est à dire King Kong Bundy et Bugsy McGraw, ce fut ce soir la même chose pour Tom « Boogaloo » Shaft et Ken Mantell. Malgré leurs efforts conjugués, c’est en effet ce tandem de choc qui s’est encore une fois imposé et qui commence à prendre du poids, beaucoup de poids.
– Historiquement, le territoire de Dallas est reconnu pour ses batailles, parfois sanglantes, parfois brutales mais toujours intenses et passionnées. Cette semaine, Al Madril et Arman Hussein se sont écharpés au grand bonheur d’une foule conquise. Et même si cela n’a au final duré que cinq courtes minutes, l’intensité était au rendez-vous et a subjugué la foule du Sportatorium. On en veut plus !
– On le dit et on le répète : « Wild » Bill Irwin est une star et est l’une des quelques raisons pour lesquelles je regarde ces programmes. Ce soir, Irwin s’affranchissait avec style d’une paire de jobbers, bonne soirée, au revoir. Toutefois, un ancien ami, et compère est revenu dans l’horizon. « Captain » Frank Dusek, laissé pour compte face aux triomphes d’Irwin, a de la rancoeur et s’est lancé après lui. Nul doute que la confrontation sera intéressante.
– Le clou du spectacle, c’était indiscutablement ce clash de styles entre The Great Kabuki et Kevin Von Erich. Avec Gary Hart et Fritz Von Erich dans leurs coins respectifs, et face à une foule chauffée à blanc – fruit de mois de tensions – Kevin et Kabuki se sont écharpés au terme d’un incroyable match de catch, comme on n’en fait plus. Si on ne souvient pas forcément de ce combat, nous devrions toutefois l’intégrer dans notre image mentale de ce qu’était le catch à Dallas, à savoir le territoire le plus chaud de la carte.
Nathan Maingneur