WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #14

22/05/1982

Marc Lowrance est notre hôte de toujours et nous accueille cette semaine encore dans la légendaire enceinte du Sportatorium de Dallas au Texas. Il nous présente alors la carte de ce programme et nous parle sans détours de l’attraction principale de cette soirée qui est donc ce Lumberjack Match, ou match des bûcherons, pour la traduction littérale, entre le Great Kabuki et Kevin Von Erich.

MATCH 1 : « WILD » BILL IRWIN VS CARLOS ZAPATA (04:07)

VAINQUEUR : BILL IRWIN

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

APPRÉCIATION : MATCH DE CATCH PLUTÔT CORRECT

Pour le premier combat de notre soirée, nous retrouvons notre Champion du Texas, en la personne de « Wild » Bill Irwin. Chapeau de cowboy, gilet à franges et fouet tressé de cuir, Irwin fait figure de hors-la-loi. La semaine dernière, je lui trouvais une nette ressemblance avec James Hetfield, période ..And Justice for All mais je tiens à rectifier. C’est clairement sa période Black Album. Trêve de comparaisons musicales, les entrées sont filmées et ça, ça a de la gueule. Son adversaire arrive au ring avec la dégaine de Fidel Castro, cigare en bouche et treillis sur le dos. Vous l’aurez reconnu, il s’agit de Carlos Zapata.

Après avoir fait claquer son fouet sur le tapis du ring, Irwin engage avec Zapata. Les deux hommes s’échangent alors quelques prises de contact, et c’est étonnamment Zapata qui prend l’avantage avec une clé maintenue au poignet. Irwin reprend la main avec un contre astucieux et le piétine ensuite de manière répétée. Il enchaîne avec un Big Boot, alors que Zapata semble de plus en plus en difficulté. Dès lors, Irwin déroule son catch de manière fluide et limpide. Le cubain s’offre un bref retour en force, mais Irwin est lucide et le laisse s’écraser dans le coin. Le Champion du Texas enchaine avec sa descente du genou porté avec un certain élan et l’emporte au compte de trois. Bon petit match.

MATCH 2 : THE SPOILER VS RICKY HARRIS (07:12)

VAINQUEUR : THE SPOILER

PRISE DE FINITION : DESCENTE DU GENOU

INDICATEUR : * ¾

Sans transitions, passons au prochain combat de la soirée. D’emblée nous reconnaissons la silhouette du Spoiler, grand justicier des rings au masque rouge. Originaire du Canada, le Spoiler est l’une des figures les plus respectées de ce territoire. À la fin des années ’60, ce personnage fut en effet créée de toutes pièces par Fritz Von Erich en personne. Âgé de quarante-deux ans, le Spoiler est un vétéran des rings et rencontre ce soir un jeune Ricky Harris qu’on connaît davantage sous le nom de Black Bart. Souvenez-vous, nous l’avions déjà aperçu sur les rings des Jim Crockett Promotions.

Quarante-deux ans, mais de beaux restes, et le Spoiler le montre en ce début de combat. Un peu plus rigide qu’auparavant, celui-ci n’en reste pas moins innovant entre les cordes et dans sa façon de combattre. Pur produit de l’Amérique sudiste, Harris sait cogner et se défends bien face au Spoiler. Il prends même un temps les rennes de la rencontre, mais le Spoiler rétorque avec de gros coups de balourd. Balancé en dehors du ring, Harris ne se laisse pas démonter et revient avec des coups qui font chanceler le Spoiler. La rencontre prend une autre tournure, c’est désormais un véritable duel où chaque coup pourrait être le dernier. Le combat est disputé, et le Spoiler peine à véritablement reprendre l’avantage. Se retirant in-extremis d’une charge de Harris, le Spoiler enchaîne avec un sacré coup de coude, ainsi qu’une descente du genou, qui lui permet de l’emporter en l’espace de sept minutes. C’était pas mal.

– De retour du côté de Marc Lowrance, alors que celui-ci reçoit Bugsy McGraw. Toujours aussi fêlé, et avec ses airs psychopathes, Bugsy nous parle de la prochaine grand messe du catch texan qui aura lieu au Dallas Stadium courant du mois de juin. Lors de ce grand spectacle nommé Superbowl of Wrestling, Bugsy nous indique qu’André le Géant sera de la partie à l’occasion d’une « Bodyslam Battle Royal ».

MATCH 3 : LUMBERJACK MATCH : THE GREAT KABUKI W/GARY HART VS KEVIN VON ERICH (08:23)

VAINQUEUR : THE GREAT KABUKI

PRISE DE FINITION : ROUNDHOUSE KICK

INDICATEUR : *** ¼

L’atmosphère est tendue. Tous les catcheurs, ou presque, du roster de la promotion, sont massés aux abords du ring. Parmi ces bûcherons, on compte le Spoiler, Carlos Zapata, Al Madril, mais également Bugsy McGraw et King Kong Bundy. La tension est à son comble, alors que Kevin trépigne d’impatience et n’en peut plus d’attendre. De l’autre côté du ring le Great Kabuki crache son green mist dans les airs et est entouré par Gary Hart et Arman Hussein. L’arbitre David Manning décide alors, de son plein gré, d’instaurer une deuxième stipulation. L’un des deux managers doit regagner le vestiaire, de même que les hommes de main d’Hussein. Celui-ci se retire, laissant Gary Hart aux premières loges du match de son protégé.

Ils se connaissent, ils se tournent autour mais il n’y aura pas de phase de contact puisque Kevin choisit immédiatement de rentrer dans la gueule de Kabuki, au grand bonheur d’un public chaud bouillant. Emporté dans sa furie, Kevin manque une descente du coude, ce qui permet au japonais de reprendre la main. Toutefois, le fils Von Erich serre les dents et lui applique son Iron Claw à l’abdomen et la foule est en délire. Malgré cela, Kabuki garde quand même l’avantage et l’affaiblit avec des kicks tranchants et une prise des trapèzes. L’action déborde alors en ring et, pas de chance pour Kabuki, il tombe du côté des faces, et est donc ramené manu-militari sur le ring. Au terme d’un échange tendu, avec la foule au diapason ce qu’il se passe entre les cordes, Kevin réussit à placer son Iron Claw, et le public du Sportatorium explose. Kabuki se débat, mais Kevin n’a pas l’intention de lâcher son étreinte. Le match déborde une nouvelle fois en dehors du ring et, après que Kevin se soit occupé de Gary Hart, un autre bûcheron, et non des moindres, s’invite à la fête. C’est King Kong Bundy, pourtant banni des abords du ring. Affairé avec Gary Hart, l’arbitre n’y voit que du feu, et Kabuki en profite pour sécher Kevin avec un Roundhouse Kick. Kabuki l’emporte ainsi au compte de trois alors qu’un silence de mort s’installe dans l’arène. Très bon match, mais qui aurait du durer plus longtemps.

– Marc Lowrance s’empresse alors de rejoindre les abords du ring et souhaite interviewer Kevin à sa sortie du ring. Et avant même que Kevin ait pu prononcer un mot, il est encore une fois victime d’une agression de Bundy, qui lui assène un violent enfourchement sur le sol du Sportatorium. Bundy s’empare alors du micro et déclare que Gary Hart lui a promis mille dollars à chaque fois qu’un Von Erich était passé à tabac. Très bon segment qui sert à gonfler le momentum de Bundy.

MATCH 4 : BUGSY MCGRAW VS MIKE BOND (03:32)

VAINQUEUR : BUGSY MCGRAW

PRISE DE FINITION : TOP ROPE SPLASH

APPRÉCIATION : SQUASH CLASSIQUE DE BUGSY

Une fois le tumulte passé, nous sommes prêts à poursuivre notre soirée. Sur le ring, nous retrouvons Mike Bond, l’un des quelques jobbers de ce territoire, toujours sans aucun lien de parenté avec le célèbre agent 007. Son antagoniste, c’est également un membre de la H&H Limited, puisqu’il s’agit du délirant Bugsy McGraw. Carrément burlesque, Bugsy n’a pas peu du ridicule et assume son personnage jusqu’au bout des ongles.

Légèrement décontenancé par la gestuelle atypique de McGraw, qui se comporte comme un gorille, Bond réussit toutefois à lui placer une série de Armdrags. Éberlué, McGraw se reprend rapidement et calme les ardeurs de son adversaire. Il lui relève l’épaule du tombé à la suite d’une descente de la cuisse et décide de faire durer le plaisir. Finalement, Bugsy l’emporte en un peu plus de trois minutes à la suite d’un Splash porté depuis la troisième corde.

– Quelques minutes à peine après l’odieuse attaque dont fut victime Kevin Von Erich, King Kong Bundy et Arman Hussein sont accueillis par Marc Lowrance. Celui-ci nous annonce que Bundy ira affronter Fritz Von Erich lors de son tout dernier match, qui aura lieu lors du Superbowl of Wrestling. Quelle gigantesque annonce ! Cigare en bouche, Bundy promet qu’une fois débarrassé des Von Erich, c’est André le Géant qui subira le courroux de H&H Limited.

MATCH 5 : KING KONG BUNDY W/ARMAN HUSSEIN VS KEN MANTELL (02:59)

VAINQUEUR : KING KONG BUNDY PAR DQ

PRISE DE FINITION : INTERVENTION DE KEVIN VON ERICH

APPRÉCIATION : QUELLE SCÈNE D’APRÈS-MATCH !

À nouveau, les entrées des protagonistes de ce prochain combat sont filmées. D’un côté, nous retrouvons Ken Mantell, vétéran des rings assez populaire qui a récemment effectué son retour à l’antenne. De l’autre, l’homme à abattre de ce territoire. L’individu qui en une soirée seulement, s’est érigé au rang de menace numéro 1. Il s’agit bien entendu de King Kong Bundy, qui effectue son entrée sous les sifflets du public, toujours accompagné par Arman Hussein et son sifflet.

Face à cette montagne humaine, Mantell est obligé de la jouer rusé. Plus agile, mais aussi plus rapide que Bundy, le garçon de Fort Worth, Texas ressemble tant bien que mal à une souris qui essaie d’échapper au chat. Et alors que Bundy avait réussi à l’immobiliser avec un Side Headlock, n’est-ce pas là Kevin Von Erich qui fait irruption sur le ring, armé d’une chaise en acier !

– Complètement déchaîné, Kevin ne retient pas ses coups et déglingue Bundy à coups de chaise. Autant vous dire que si la foule était bouillante, elle est entrée en éruption. Chassé du ring à coups de chaise en métal, un Bundy en sang au niveau du dos doit rejoindre les vestiaires, alors que Kevin, soutenu par Ken Mantell, demande à ce qu’il revienne pour se battre. Quelle fin d’épisode !

Édition incroyablement dense de World Class Championship Wrestling cette semaine. De l’affirmation de King Kong Bundy en tant que menace numéro un du territoire, à l’annonce de son match contre Fritz Von Erich au Superbowl of Wrestling en passant par l’agression de Kevin Von Erich, c’est tout ça et plus encore. Qu’est-ce qu’on aime la WCCW.

– Comme nous l’avions précédemment souligné, ce programme s’embellit de semaine en semaine et semble adopter une forme de production, ainsi qu’une mise en scène toujours plus professionnelles. Toutefois, cette semaine en particulier a été un régal pour nos yeux. On a réellement l’impression de visionner un produit télévisé abouti, peut-être même plus encore que certains shows des années ’90. Et c’est une énorme plus-value.

– Au-delà des élucubrations de Bugsy McGraw, son passage au micro de Marc Lowrance nous a toutefois indiqué qu’un événement d’envergure se prépare du côté du territoire de Dallas. Il s’agit de ce Superbowl of Wrestling, qui aura donc lieu au Dallas Stadium, début du mois de juin. Le premier nom a déjà été annoncé, et non des moindres, puisqu’il s’agit d’André le Géant, rien que ça. Qu’est-ce qu’on a hâte !

– Largement annoncée, construite sur un programme chaud bouillant, l’attraction majeure de la soirée, à savoir ce Lumberjack Match entre le Great Kabuki et Kevin Von Erich, aura tenu toutes ses promesses. Et je pèse mes mots. Fruit d’une guerre sanglante entre Gary Hart et la famille Von Erich, ce combat s’est déroulé dans une ambiance absolument folle. Finalement, et contre toute attente, c’est bien le Great Kabuki qui eut le dernier mot, mais j’ai comme l’impression que l’histoire est encore loin d’être terminée.

– En effet, car si le Great Kabuki a bel et bien remporté ce combat, sa victoire fut obtenue non sans controverse, et c’est peu dire. Partant défavorisé par la stipulation, le japonais a toutefois bénéficié de l’aide de King Kong Bundy, évidemment présent en dehors du ring. Et lorsque Kevin, vaincu et cassé, s’apprêtait à déclarer quelques mots au micro de Marc Lowrance, il fut à nouveau victime d’une vicieuse agression de Bundy. La vengeance est un plat qui se mange froid, même du côté de Dallas.

– Et la vengeance ne s’est pas fait attendre ! Alors que Bundy terrorisait Ken Mantell dans le dernier combat de la soirée, un Kevin Von Erich en furie a fait irruption sur le ring, armé d’une chaise en acier. Déchaîné, Kevin n’a pas su contenir sa rage et a laissé un Bundy, le dos en sang, regagner le vestiaire. Comme dit plus haut, l’histoire est loin d’être terminée, mais pas question de se quitter sur une sale note, parole de Von Erich !

– Ce soir, un nom en particulier s’est établi comme une menace de premier rang. De Chris Canyon à Big Daddy Bundy, c’est sous le nom de King Kong Bundy que Chris Pallies, de son vrai nom, a réussi à s’affirmer sur le devant de la scène. Et quelle récompense à la clé puisque, cela fut annoncé lors de cet épisode, Bundy ira rencontrer le légendaire Fritz Von Erich lors de son tout dernier combat, lors du Superbowl of Wrestling. Imaginez-vous ça, être choisi par Fritz Von Erich pour son match de retraite. À ce stade de sa jeune carrière, Bundy n’aurait pu rêver de plus beau compliment.

Nathan Maingneur