WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #7
20/03/1982
Mark Lowrance est notre hôte et nous accueille cette semaine encore dans l’enceinte du Sportatorium de Dallas au Texas. Ce soir, Lowrance est accompagné d’Al Madril, ancien Champion du Texas en catégorie poids-lourds. Ils nous présentent le programme de cette édition de World Class Championship Wrestling et nous passons sans transitions à notre première rencontre de la soirée.
MATCH 1 : BUGSY MCGRAW VS JOSÉ LOTHARIO (07:29)
VAINQUEUR : BUGSY MCGRAW
PRISE DE FINITION : COUP DE POING AMÉRICAIN
INDICATEUR : ** ½
On sait à quoi on a affaire avec Bugsy McGraw et José Lothario. L’un est un très étrange personnage qui a fait les belles heures du territoire de Floride, y rencontrant les plus gros noms du circuit tels que Dusty Rhodes, Don Muraco ou encore Barry Windham. L’autre est un enfant du pays. Originaire de San Antonio, José Lothario a commencé sa carrière au début des années ’50 et a roulé sa bosse sur les territoires du Sud, mais aussi du côté de la Floride, où tant de grands catcheurs se sont produits à cette période.
Au son de la cloche, Bugsy se jette sur Lothario et le combat dégénère très rapidement. Ils se battent comme des chiffonniers et jusque dans le public, Bugsy éclatant le crâne de Lothario contre une porte. De retour aux abords du ring, rebelote, sauf que cette fois-ci, c’est de l’autre côté du Sportatorium qu’ils se rendent, Lothario finissant sa course contre l’un des poteaux de l’arène. Projeté par-dessus la barrière, Lothario se saisit d’une chaise et éclate le crâne de Bugsy. Il faut l’admettre, c’est très divertissement et pour être tout à fait honnête, une petite effusion de sang maîtrisée n’aurait pas été de trop. Force est de constater que Bugsy et Lothario nous ont surpris, rompant avec l’aspect plus traditionnel de leurs matches habituels pour nous offrir une petite bagarre rangée aussi chaotique que divertissante. Et c’est bien Bugsy McGraw qui tire son épingle de jeu, séchant Lothario en utilisant un objet caché dans son pantalon. L’arbitre Bronco Lubich n’y voit que du feu, et a de toute façon laissé passer des coups de chaise, et Bugsy l’emporte donc au compte de trois au terme d’un combat fort sympathique.
MATCH 2 : « WILD » BILL IRWIN W/CPT. FRANK DUSEK VS RICHARD BLOOD (07:34)
VAINQUEUR : BILL IRWIN
PRISE DE FINITION : MIDDLE ROPE SPLASH
INDICATEUR : * ¾
Gilet à franges, lasso et chapeau de cowboy, Bill Irwin se confonds naturellement dans le décorum du Sportatorium de Dallas. Apparaissant toujours aux côtés de Frank Dusek, ce compétiteur originaire de Pecos au Texas n’est pas franchement apprécié par le public de Dallas. Il rencontre ce soir l’homme qui a eu l’honneur de se frotter au « Nature Boy » Ric Flair lors du dernier épisode. Il s’agit de Richard Blood, qui réagit timidement à l’annonce de son nom par Joe Renelli.
Champion de l’État du Texas, Irwin est copieusement raillé par le public de Dallas qui s’en donne à cœur joie avec un chant « Chauncey », qui serait le nom réel d’Irwin. Toutefois, il en faut plus pour déconcentrer Irwin et ce dernier s’impose avec un brise-nuque. La foule ne cesse de chanter, mais cela ne semble pas avoir l’effet escompté, puisqu’Irwin décide au contraire de prendre tout son temps. La construction est plutôt longue et la rencontre tire un peu en longueur. Et au moment où l’on commençait à s’ennuyer, Blood s’autorise un petit retour en force et projette Irwin dans les airs en surpassement. La dynamique du combat a changé, c’est désormais Blood qui mène la danse, mais ce dernier se fait assez rapidement contrer par un brise-dos totalement raté. Irwin réessaye mais lui assène cette fois-ci un brise épaule. D’un bout à l’autre du ring, il s’élance ensuite depuis la deuxième corde pour un énorme Splash, qui suffit cette fois-ci pour le compte de trois. Peut-être un peu longuet.
– Accueilli au micro de Mark Lowrance, Bugsy McGraw semble être en très grande forme. Sorti victorieux, non sans une certaine controverse, de son combat face à José Lothario, Bugsy s’emporte et déclare être pris d’une colère noire et d’une envie perpétuelle de tout casser. Il s’en prends ensuite au public et déclare ne pas avoir besoin du soutien de tous ces gens.
MATCH 3 : KING KONG BUNDY W/GARY HART VS JESSE « RELAMPAGO » LEON W/JOSÉ LOTHARIO (03:19)
VAINQUEUR : KING KONG BUNDY
PRISE DE FINITION : SPLASH
APPRÉCIATION : SQUASH PLUS QUE CORRECT
Une montagne humaine. Voici ce qu’est ce garçon d’Atlantic City dans le New Jersey. On l’appelait Big Daddy Bundy, c’est désormais sous le nom de King Kong Bundy qu’évolue ce jeune homme. Louvoyé par Gary Hart, Bundy agit désormais sous ses ordres et écrase tout sur son passage. Son adversaire ce soir est vêtu d’un poncho et semble assez timide alors que José Lothario se tient à ses côtés. Avant que ne commence le combat, Lothario prends le micro et défie Bugsy McGraw de l’affronter dans un match sans règles, et sans disqualification !
« Relampago » Leon fonce tête baissée et se mange un mur. Et ce mur c’est Bundy. Rien n’y fait, Bundy ne décolle pas du sol, Leon opte donc pour un saut chassé. Surpris par le choc, Bundy rétorque avec un enfourchement. Malgré son gabarit, Bundy manque encore un peu d’expérience et c’est une faille dans laquelle s’engouffre Leon, qui enchaîne avec ses sauts chassé. Il lui décoche un superbe Missile Dropkick depuis le haut des cordes et l’emporte in-extremis au compte de trois. Pas ici pour plaisanter ou pour se faire humilier, Bundy l’attrape par le cou et l’écrase au sol avant d’enchaîner avec un énorme Splash qui suffit cette fois-ci pour le compte de trois. Squash très correct.
MATCH 4 : KERRY VON ERICH VS ARMAN HUSSEIN (03:30)
VAINQUEUR : KERRY VON ERICH PAR DQ
PRISE DE FINITION : INTERVENTION DU GREAT KABUKI
APPRÉCIATION : EXCELLENT APRÈS-MATCH !
Pour le dernier match de la soirée, nous retrouvons l’un des fils Von Erich. Seulement âgé de vingt-deux ans, Kerry Von Erich est sans doute la plus brillante des étoiles montantes du circuit nord-américain. Ce soir, Kerry se mesure au Champion africain-américain, en la personne du vénérable Arman Hussein, personnage jouant le rôle d’un noble soudanais passé par l’aristocratie anglaise. Et comme c’est la coutume, Hussein effectue sa marche du chameau, comme un rituel d’avant-match similaire à ceux des japonais, ou encore de l’Iron Sheik et ses clubs persans.
Celui qu’on annonce désormais sous le sobriquet de « Modern Day Warrior » est d’abord surpris par une offensive marquée d’Hussein. Toutefois, sa condition physique lui permet de reprendre le dessus avec un magnifique saut chassé. Kerry ne retient pas ses coups et s’impose avec de gros coups de poing. La rencontre est assez disputée et très vite, Kerry place son Iron Claw à l’abdomen d’Hussein. Et alors qu’il le soulevait dans les airs, le fils Von Erich est victime d’une intervention du Great Kabuki. Séché par un sale coup de pied dans l’abdomen, Kerry agonise, alors que l’arbitre David Manning fait sonner la cloche et proclame une disqualification.
– Kerry se retrouve désormais victime de la force du nombre et croule sous les coups de Kabuki et d’Hussein. À son poste de commentateur, Al Madril ne peut pas supporter cette scène et accourt à sa rescousse. L’équilibre est rétabli et c’est désormais la guerre sur le ring, au grand bonheur d’une foule en feu. Ils se battent assez longuement et c’est Kerry et Madril qui s’imposent en faisant fuir Hussein et Kabuki en direction du vestiaire.
On nous a longuement parlé la semaine dernière, ce sont ces images totalement inédites d’un récent combat entre Kerry Von Erich et le Great Kabuki. Il s’agit d’une rencontre qui s’est déroulée au Joe & Harry Freeman Coliseum de San Antonio. Fritz Von Erich et Gary Hart étaient alors aux abords du ring.
– Et lors de ce combat, ici diffusé dans le son mais avec les commentaires de Lowrance, nous voyons Kerry Von Erich se démener comme un beau diable face au Great Kabuki. Et comme c’est souvent le cas, le fils Von Erich applique son Iron Claw, et cette fois, Kabuki ne parvient pas à s’en dégager. Kerry fut alors distrait par une intervention de King Kong Bundy, l’autre protégé de Gary Hart. Fritz s’en mêle et lui en colle une, ce qui provoque le chaos aux abords du ring. Tout ce tumulte permet au Great Kabuki de décocher un coup de pied létal à Kerry, et de l’emporter au compte de trois. La foule est furieuse et balance alors des projectiles sur le ring. Seul contre trois, Kerry ne peut pas compter sur son père, récupérant d’une attaque de Hart. Il est toutefois sauvé in-extremis par une intervention de son frère Kevin, qui dégage Gary et Kabuki à coups de sauts chassés. Bundy est alors dégagé par-dessus les cordes avec un double coup de la corde à linge, alors que la foule est en délire.
Après un excellent épisode, la World Class Championship Wrestling remet le couvert avec une édition qui contient quelque chose pour tout le monde. Une bagarre rangée jusque dans les gradins du Sportatorium, du catch Von Erich, c’est tout ça et bien plus encore.
– C’est l’heure du heel turn pour Bugsy McGraw. Si la bonhomie naturelle de cet intrigant personnage et sa mine débonnaire suscitaient de bonnes réactions du public, Bugsy en eu marre et a décidé de s’affranchir du soutien de la foule. Remportant son match à l’aide d’un poing américain, Bugsy McGraw semble en effet être passé du côté obscur.
– On aurait toutes les raisons de prendre en peur en voyant cette affiche. Pourtant, Bugsy McGraw et José Lothario ont parfaitement tiré profit de la situation et nous ont offert tout le contraire de ce qu’on attendait. Et pour une fois, c’est positif, puisque cette bagarre de chiffonniers, qui s’est poursuivie jusque dans les gradins, n’a ni manqué d’énergie, ni des ralentissements qu’on retrouve habituellement dans les combats de ces deux vétérans du ring. Mission accomplie.
– Opposé cette semaine à Arman Hussein, Kerry Von Erich fut toutefois victime d’une sale attaque du Great Kabuki, une attaque évidemment diligentée par ce diable de Gary Hart. Sévèrement pris à partie, Kerry a toutefois pu compter sur l’irruption d’Al Madril, quittant son poste de commentateur pour accourir à sa rescousse. Si ces derniers ont finalement pu repousser Hussein et Kabuki, l’histoire est loin d’être terminée et c’est là qu’on se dit qu’un match à quatre prendrait tout son sens.
– Cette semaine, l’attraction principale de ce programme résidait dans la diffusion de ces images exclusives et totalement inédites de ce combat entre le Great Kabuki et Kerry Von Erich. De multiples interventions, l’omniprésence de ce parasite de Gary Hart, ces images pourraient tout à fait représenter une capsule temporelle qui renfermerait toute la fureur et la passion du catch texan des eighties, l’essence même de la World Class Championship Wrestling de Dallas, somme toute.
Nathan Maingneur