WORLD CLASS CHAMPIONSHIP WRESTLING #29
02/10/1982

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved
Les percussions tambourinent au rythme des images projetées dans ce générique rétro à souhait. Bill Mercer et Jay Saldi sont nos hôtes et nous accueillent comme toujours dans l’enceinte du Sportatorium de Dallas au Texas pour une nouvelle édition de World Class Championship Wrestling. Ce soir au programme : un match à six entre les frangins Von Erich et les hommes de main de la H&H Limited ainsi que des images inédites de ce clash de légende entre Kerry Von Erich et le « Nature Boy » Ric Flair.
– C’est avec ce Six-Men Tag Team Match que nous ouvrirons le bal. Et en amont de ce combat, les trois fils Von Erich rejoignaient Bill Mercer aux abords du ring pour une interview d’avant-match. Les trois garçons n’ont pas grand chose à dire mais semblent prêts à affronter leurs antagonistes.
MATCH 1 : SIX-MEN TAG TEAM MATCH : KERRY, KEVIN & DAVID VON ERICH VS « WILD » BILL IRWIN, KING KONG BUNDY & ARMAN HUSSEIN (15:00)
VAINQUEURS : AUCUN
PRISE DE FINITION : LIMITE DE TEMPS RÉGLEMENTAIRE
INDICATEUR : ** ¾
C’est la première fois que les trois frères Von Erich font équipe à la télévision. Et qui plus est : ils sont toujours invaincus en trio ! Le côté bagarreur de David, l’aisance technique de Kevin et la présence charismatique de Kerry font toute la force de leur union. Idolâtrés par le public de Dallas, les trois garçons de Fritz Von Erich se mesuraient ce soir à une H&H Limited presque au complet. Dans le coin adverse, nous retrouvions « Wild » Bill Irwin qui arbore un t-shirt blanc à l’effigie de la promotion ainsi que le gargantuesque King Kong Bundy et un Arman Hussein un peu stressé, qui porte lui aussi un t-shirt aux couleurs de l’émission et qui a pour l’occasion rechaussé ses fameuses bottes dont les extrémités sont recourbées.

© World Wrestling Entertainment Inc. All Rights Reserved/Courtesy of Pro Wrestling Illustrated
De part et d’autre, on ne sait pas qui faire envoyer en premier. C’est finalement David et Irwin qui lanceront les hostilités. Au tour de Kevin de s’imposer face à Irwin et de faire étalage de tout son talent. Kerry apportera son explosivité entre les cordes et les Von Erich déroulent en toute simplicité. Arman Hussein est un peu à côté de ses pompes mais les choses changent véritablement lorsqu’entre Bundy. Chaque frappe se transforme alors en une véritable secousse. Anciens rivaux autour du titre de Champion du Texas, Bill Irwin et David Von Erich s’écharpent à nouveau et la H&H Limited semble reprendre l’avantage, que ce soit Bundy avec un Powerslam du tonnerre ou encore Irwin avec un brise-dos tonitruant. La rencontre est très disputée et les trois Von Erich s’illustreront avec un triple saut chassé sur Irwin, une manœuvre inédite que nous n’avions jamais vu jusqu’ici. Le rythme du combat s’intensifie davantage et les six compétiteurs se retrouvent sur le ring en même temps, les deux arbitres ayant du mal à faire régner l’ordre. Finalement, et au terme d’une âpre bataille – alors que les Von Erich avaient chacun leurs adversaires dans une prise du sommeil – c’est la limite de temps réglementaire d’un quart d’heure qui départagera les deux camps, faisant de cet excellent combat un nul qui se termine un peu en eau de boudin.
MATCH 2 : BUGSY MCGRAW VS « CPT. » FRANK DUSEK (03:51)
VAINQUEUR : FRANK DUSEK PAR DQ
PRISE DE FINITION : PROJECTION PAR-DESSUS LES CORDES
INDICATEUR : *
Avant d’être lourdé par « Wild » Bill Irwin en milieu d’année, le carrière de Frank Dusek se portait plutôt bien. Membre fictif de la célèbre famille Dusek celui qu’on surnomme « Capitaine » Frank Dusek n’est pourtant plus que l’ombre de lui-même, en partie victime d’une dégringolade et d’une série de défaites dont il ne parvient pas à se sortir. Et son match de ce soir ne risque pas d’arranger les choses. Son adversaire se fraye un chemin à travers la foule de Dallas et est absolument plébiscité par cette foule. Vêtu comme un joueur de rugby – ou un peu comme l’élève Ducobu qui aurait grandi – Bugsy McGraw nous gratifie de ses pitreries en tout genre ainsi que de mimiques bouffonnes et burlesques.
Bugsy commence en se tapant la tête contre la protection du coin. Vexé, Dusek l’imite et se fera prendre à son propre jeu. Dusek ne se laisse toutefois pas mener en bateau et revient avec de grosses frappes. Tel un gorille, Bugsy lui donne la réplique et rétorque avec une série de coups de poing. Jamais à court de farces, Bugsy s’en va en dehors du ring et s’empare de deux gobelets de soda. Il en planque un dans son dos et balance le contenu de l’autre en l’air. Dusek se croit hors de danger mais se prendra le gobelet caché en pleine face ! Le gag est très con mais le public est hilare. Trempé, du cola plein les yeux, Dusek se projette aveuglément sur Bugsy qui a le réflexe de le faire basculer par-dessus les cordes. Sauf que sur ce territoire, ce geste est propice à une disqualification et l’arbitre fait alors sonner la cloche ! Défait malgré lui, Bugsy ne semble cependant pas en tenir compte à monsieur l’arbitre – nouveau venu du nom de John Renesto – à qui il sert la pince de façon plus qu’insistante. Dusek revient à la charge et terminera une fois de plus en dehors du ring. Fin de la blague.
– Nous allons donc revoir les derniers moments de ce combat dantesque entre Kerry Von Erich et le « Nature Boy » Ric Flair. Pour rappel, les deux compétiteurs s’étaient affrontés le 15 août dernier du côté de la Reunion Arena de Dallas. Le titre de Champion du monde de la NWA était en jeu dans ce 2 Out Of 3 Falls entre Flair et son challenger en la personne de Kerry Von Erich. Et si Kerry n’a pas remporté le titre en raison d’un arbitrage sujet à controverse, le « Modern Day Warrior » avait ce soir là gagné dans le cœur des fans et c’est peut-être le plus important.
De retour dans les confins du Sportatorium, Bill Mercer accueillait cette fois-ci Gary Hart, accompagné par le Great Kabuki et le Magic Dragon qui s’apprêtent à combattre. Interrogé à propos d’une prétendue prime qui aurait été placée sur la tête de Kerry Von Erich par Ric Flair, Hart lui rétorque sur un ton véhément qu’il ne s’agit que d’une rumeur et que la H&H Limited n’a besoin de personne pour arriver à ses fins.
MATCH 3 : THE GREAT KABUKI & THE MAGIC DRAGON W/GARY HART VS AL MADRIL & THE SAMOAN (02:55)
VAINQUEURS : THE GREAT KABUKI & THE MAGIC DRAGON
PRISE DE FINITION : DRAGON SLEEPER
APPRÉCIATION : TRÈS SOLIDE PERFORMANCE DES JAPONAIS
Le visage recouvert par une cotte de maille rappelant celles que portaient les samouraïs du Japon féodal, The Great Kabuki est une excentricité aussi redoutable que fascinante. À ses côtés se tient le fidèle Magic Dragon, mystérieux compétiteur originaire du Pays du Soleil Levant dont l’identité est cachée par ce masque bleu orné de dorures. Sous la houlette de ce diable de Gary Hart, les japonais se frottaient ce soir à un tandem composé d’Al Madril et d’un nouveau venu, simplement présenté en tant que The Samoan. Il s’agit en réalité de Samu, fils d’Afa Anoa’i et neveu de Sika Anoa’i, plus connu avec son cousin Fatu dans la Samoan SWAT Team du côté de la WCW ou dans les Headshrinkers à la World Wrestling Federation.
Fidèle à la tradition, le Great Kabuki s’asperge les mains de son green mist et – peut-être à cause d’un courant d’air dans la salle ce soir là – Gary Hart prit tout dans les yeux au grand bonheur de la foule ! Le Samoan – nous l’appellerons Samu – commence donc face à Kabuki et impressionne en livrant un duel d’atémis qui claquent dans toute la salle. Les japonais reprennent le dessus mais la fougue d’Al Madril insuffle un regain d’énergie à ce combat. Face à Samu, le Magic Dragon nous sort une prise incroyable, une sorte de Slingblade portée à la volée. Encouragé par un Gary Hart toujours un peu aveugle, le Dragon de Macao en termine avec son Rolling Sleeper en l’espace de trois minutes à peine, Samu n’ayant aucune chance de s’en sortir.
– Au retour de la page de réclame, Bill Mercer est en ringside en compagnie du nouveau membre de la H&H Limited en la personne de « The Checkmate ». Celui-ci nous confiait qu’il est natif de l’île de Man, située entre l’Irlande et l’Angleterre mais Gary Hart l’interrompt promptement et refuse que Mercer interviewe l’un de ses hommes sans son accord. Toujours en train de se frotter les yeux, Hart coupe court à l’interview alors que nous passons à notre prochain combat.
MATCH 4 : BRIAN ADIDAS VS THE CHECKMATE W/GARY HART (07:40)
VAINQUEUR : THE CHECKMATE
PRISE DE FINITION : PETIT PAQUET
INDICATEUR : **
Présenté comme la nouvelle recrue de la H&H Limited, celui qui se fait appeler « The Checkmate » effectue ce soir ses débuts dans notre programme. Portant un masque blanc orné de motifs de pièces de jeu d’échec, ce compétiteur originaire du Pays de Galles n’est pas un débutant et a même plus de vingt ans de carrière dans les pattes. Tony Charles de son vrai nom, a commencé le catch à la fin des années 1950, d’abord en Angleterre puis en France. Arrivé aux États-Unis en 1972, il rencontrera du succès sur les rings de la Continental Wrestling Federation de Memphis dans le Tennessee et combattit même un temps à la Mid-South Wrestling. Contre lui ce soir, le jeune Brian Adidas essayera de faire bonne figure.
Dès les premiers contacts, on se rend tout de suite compte que le Checkmate possède un solide bagage de Catch as Can Wrestling anglo-saxon. En effet – et selon les dires de Jay Saldi – celui-ci serait l’actuel Champion Européen – sans davantage de précisions – Saldi ajoutant qu’il a affronté Les Thornton, également connu pour sa technique et son style européen à la dure. Au commentaires, Mercer annonce que de nouveaux catcheurs feront bientôt leurs débuts, parmi lesquels un certain Dizzy Hogan qui serait le petit frère de Hulk Hogan (?) ainsi que « Freebird » Michael Hayes. La rencontre est physique et lorsque le Checkmate ne plie pas Adidas de douleur avec des frappes dures et sèches, il se roule en boule au milieu du ring afin de mieux revenir ensuite. Une technique de vieux roublard à qui on n’apprend plus rien. Malheureusement pour le jeune Brian Adidas, l’expérience du Checkmate prévaudra sur sa fougue et ce dernier l’emportera pour ses débuts à la suite d’une tentative de Powerbomb ratée mais habilement transformée en petit paquet.
– Cette fois-ci en dehors du ring, Bill Mercer et Jay Saldi nous annoncent que la semaine prochaine, King Kong Bundy affrontera Al Madril et que le Checkmate fera face au Samoan. Mais ce n’est pas tout. David Von Erich remettra en jeu son titre de Champion du Texas contre « Wild » Bill Irwin. Ancien détenteur de la ceinture, ce dernier s’invite à l’écran et ne tarit pas d’éloges envers David qu’il considère comme le plus bagarreur des fils Von Erich. Il se dit toutefois prêt à récupérer sa ceinture et conclut l’émission en ces termes.
Encore une sacrée semaine à la WCCW qui diminue toutefois en qualité d’un point de vue in-ring mais qui compense avec une affiche inédite pour l’époque.Les trois Von Erich s’associent pour la première fois à la TV face à la H&H Limited, Bugsy McGraw ridiculise Frank Dusek, les débuts du Checkmate et plus encore !
– Gary Hart est un formidable manager. Nous pourrions parfaitement nous arrêter là, tant ce constat se suffirait à lui-même. Mais tout ce qu’il apporte à ces programmes est bien trop important pour être passé sous silence. Farouche opposant de Bill Mercer – qui est quand même la voix de cette émission – Hart manie l’art du verbe avec un rhétorique caustique qui le rend simplement irrésistible. N’hésitant pas à mouiller la chemise, comme en témoigne ce green mist envoyé dans les mirettes, Gary Hart joue le jeu à fond et ne lésine sur aucun détail. Et c’est la marque des grands.
– Bien qu’il ne soit pas rare d’apercevoir un Von Erich ou l’autre sur ces programmes, c’est déjà moins fréquent d’en voir deux, mais alors trois ! Car pour la première fois à la télévision, les trois fistons Von Erich en activité – que sont donc David, Kevin et Kerry – faisaient équipe dans ce match à six compétitif contre les hommes de la H&H Limited. Et bien que le résultat nous laisse un goût amer sur les papilles, il y a fort à parier que la formule soit reprise. Qui sait, peut-être contre un groupe de troubles-fête qu’on appelle les Fabulous Freebirds ?
Nathan Maingneur